PPDA se plante dans ses fiches sur Beaumarchais (27/01/2011)
PPDA se lance dans une belle envolée pour se défendre face à la "meute" qui lui en veut tant et tant depuis qu'on a relevé de lourdes traces de plagiat dans la version de sa biographie d'Hemingway distribuée "par erreur" (sic) à la presse, dédicacée par l'auteur.
Il s'est fendu d'un billet dans Le Monde aujourd'hui pour expliquer qu'il écrivait tout à la main, au stylo, et que son éditeur s'était planté dans les fichiers puis qu'il n'avait pas relu les épreuves avant de donner son bon-à-tirer parce qu'il représentait l'UNICEF au bout du monde, je vous passe les détails sauf un... qui est plutôt piquant.
Pour montrer qu'il est cultivé, PPDA ne se contente pas de parler de calomnie, il va jusqu'à citer une phrase de Beaumarchais. Je vous copie-colle cela pour vous éviter de lire toute sa prose larmoyante :
Bien avant d'autres, Beaumarchais avait fustigé dans Le Barbier de Séville, la calomnie. "Il en restera toujours quelque chose…"
Le hic, c'est que cette phrase ne figure pas dans le Barbier de Séville, elle n'est même pas tirée de l'oeuvre de Beaumarchais.
Beaumarchais parle bien de la calomnie dans cette pièce mais avec une autre verve :
BAZILE. La calomnie, Monsieur ! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse !… D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné.
Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait ; il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’oeil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?
Voilà sans doute la preuve que PPDA n'utilise pas de fiches ! S'il avait recours à des documentalistes un peu compétents, il aurait attribué la citation à son véritable auteur et il semblerait que ce soit Francis Bacon, dans son Essai sur l'athéisme. Enfin, c'est ce que j'ai trouvé après quelques recherches sur Internet, un peu plus fouillées que la première occurence Google...
PS : le texte complet du Barbier est disponible chez Gallica, dans Wikisources et Google Books, notamment.
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Commentaires
Si je puis me permettre cette précision piquante en l'occurence...
PPDA réagit à un article d'un journaliste de L'Express (dont j'ai oublié le nom) ainsi qu'à son directeur de la rédaction: Christophe BARBIER, qui avait obligemment ouvert son propre exemplaire du Hemingway de PPDA à la page de la dédicace (amicale) comme pour contredire la version de la "version de travail".
PPDA croyait ainsi dénoncer avec verve, culture et une forme de prétérition celui qu'il pensait être l'un commandiatire de sa chute... Et ainsi le piège se referma!
Écrit par : Quentin | 27/01/2011
Oui, oui, je suis passé sur le blog de Barbier lire sa réaction à la réaction de PPDA. Pour rendre à César, il aurait pu citer le véritable texte du Barbier sur la calomnie, tout de même. Enfin, un passage.
Écrit par : Nicolas Ancion | 27/01/2011
Merci, John, c'est bien ce que je dis dans cette note. Il est bien question de calomnie dans "Le Barbier de Séville". La phrase à laquelle PPDA fait allusion ("Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose") ne fait cependant pas partie du "Barbier" et n'est pas due à la plume de Beaumarchais.
Écrit par : Nicolas Ancion | 31/01/2011
Tiens, L'express publie une nouvelle salve de preuves que PPDA s'est gravement inspiré du livre qu'il ne citait pas...
http://www.lexpress.fr/culture/livre/15-nouvelles-preuves-du-plagiat-de-ppda_957359.html
Écrit par : Nicolas Ancion | 31/01/2011