Nouvelle sortie pour la Foire du Livre de Bruxelles (20/01/2006)

La publicité est partout: sur les boîtes de céréales, les sièges de tram, les casquettes des gamins, les arrêts de bus et les bords de route. Et la poésie pendant ce temps-là? Où se cache-t-elle?

Dans les bouquins, peut-être, mais pas que là. Ce texte à lire à haute voix et en bonne compagnie est un pamphlet poétique qui cherche à réunir les contraires: la poésie et la publicité.

Comme un petit extrait vaut mieux qu'un long discours, voici la première page:

 

 

C’est ainsi que ça commence
 
La poésie ne peut pas rester aux seules mains des poètes :
ces types-là ne savent pas ce qu’ils font.
A force de jouer avec les mots dans son coin, comme un adolescent découvre les plaisirs solitaires, le poète finit par devenir sourd au monde qui l’entoure
(et le lui rend bien).
-         Poète, à table ! crie la mère du poète.
Le poète solitaire se lave les mains, descend dans la cuisine et se met à table.
Le voilà assailli : étiquettes criardes, céréales bariolées, slogans sur la bouteille de bière, jingle à la radio, écran de pub au milieu du JT. Le poète s’en fout, il attend de remonter dans sa chambre pour écrire le monde plein d’oiseaux, de levers de soleil et de jeunes filles assises au bord des puits.
Qu’il aille à la merde.
Qu’il s’y enfonce.
Par les pieds, d’abord, puis les genoux et les mains. Le stylo embourbé pour de bon. La merde jusqu’aux dents. Que seul son chant s’échappe et monte vers l’azur, où les oisillons lui chieront dessus.
Le monde n’attend pas.
Pendant que le poète cherche l’inspiration, Coca-Cola a placé trois distributeurs de boissons dans des écoles primaires. Mc Donald’s a tronçonné quelques hectares de forêt tropicale. Halliburton a revendu des millions de litre de pétrole aux types qui les ont puisés.
 
C’en est assez, dit le poète.
Il voudrait sortir de là.

Mais c’est trop tard.
Personne ne l’écoute.
Il n’y a que les publicitaires qui ont droit à la parole de masse.
 
Je ferai la pub, dit le poète.
Et il sort de la merde en y laissant ses lauriers.

Pour lire la suite:

"Le poète fait sa pub", Editions Maelström, 3 euros chez tous les libraires sauvages, dès le 15 février 2006!

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