02/04/2011
Vases communicants : bienvenue à Arnaud Maïsetti
Demain, dis-tu — il fera jour
Demain, il fera jour
Au moins, le sais-tu : il fera lentement
Tu ajoutes — plus lentement encore
Jour. Il fera même
Sur nous qui passons
De la pluie sur le jour :
Peu importe — qu’il pleuve : le jour percera, se laissera voir : on ne verra
Que lui
Et puis
Jour sur jour : la vie se laissera recouvrir sans rien dire
Par le jour.
Non pas —
Non, pas du tout
Je dis, je refuse :
Car nos silhouettes élancées loin à présent
Je les vois déjà.
Et nos mains qui se serrent, je les vois, aussi.
Je vois d’ici où je suis, ce qu’elles deviendront : et je refuse ;
Elles seules sauront résister : resteront ici et maintenant.
Je le vois, le sais ;
Il faudrait qu’un les rattrape demain ; qu’un vienne et les rattrape
Mais si loin qu’on est, déjà, demain quand tous
Aujourd’hui meurent maintenant —
Nous qui demeurons —
Demeurerons à jamais
Oui.
Demain tu le sais, ce n’est pas de temps qu’il nous faut ;
Ce n’est pas de temps en temps ignorer ce qu’il faut, je dis :
Au jour mort qui suit immédiatement celui où l’on est
À présent meurt où l’on est ; qui le sait ?
Ta silhouette élancée sur le devant des cours,
La mienne qui rejoint
Des quais à peine mouillés au bruit des fontaines d’août — dans la question :
Qui sait si nous serons demain ?
Qui sait demain si nous serons à présent toi,
Et qui sait, toi, dans la morsure des corps qui se cherchent
Tant que le noir les trouve
Tant le noir pourrait trouver une épaule une bouche où s’épandre
Dans l’ombre d’un doute :
On dit qu’à ciel ouvert la nuit parait plus longue —
Qu’une robe froissée sur le lit si défait du fleuve
Y pourrait flotter peut-être — jusqu’à demain,
Une robe froissée aux fatigues de se donner : que j’ai refusée, mais pourquoi —
Si demain il fera jour,
Oh comme tu es loin ;
Demain il fera et
Je ne le désire pas ;
Le présent où je suis compte seul ;
Où je suis, ce que nous sommes :
Car demain n’est pas sûr :
Car demain n’est jamais sûr où tu es :
Demain deviendra quelque chose comme de l’aujourd’hui mal désiré mal éprouvé ;
Non, Plus de lendemain, Braise de satin, Votre ardeur
Est le devoir !
Et votre jour ce jour qu’en ce lieu j’ai dit
Au devoir de poussière
Mordu jusqu’à ne plus sentir qu’à mordre hier qui de vous ou de moi j’ai
La chair d’un jour sans lendemain mort né d’avoir été
Perdu
Comme un corps épuisé laissé sur ce lit ouvert, comme demain
Des paumes froissées en demandant : viens ; et de l’avoir dit
Comme on demande au lendemain de s’abattre —
Qu’on en finisse —
Qu’on me donne à boire, et : des baisers de sa bouche
Pour ajouter, demander :
Demain qu'aura-t-il de moins rude ? As-tu ce terme dans ta main ?
Et vois-tu quelque certitude D'arriver jusqu'à ce demain ?
Non — quelqu’un pose sa main sur la porte sans frapper.
Je n’ouvre pas.
J’attends.
Demain viendra peut-être.
Je serai toujours là.
Il me trouvera en même place, aujourd’hui.
Et de l’autre côté de la porte
Le bruit frôlé de la main
Restera seul hors ce qui comptait sur tout, ô le désir et son refus absolu d’y céder
Pour toujours.
Alors : de la main, tout le désir d’entrer là
Demeure quand moi, je reste l’instant dans l’instant planté :
Ta silhouette élancée en mémoire de moi
Tournera lentement la clé du jour rompu
Je ne dormirai pas.
Je veillerai ce jourd’hui jusqu’à plus soif.
Demain dis tu, il aurait fait jour. Il aurait pu faire jour si je ne m’étais pas autant entêté.
Quel orgueil.
Aujourd’hui je demeure et quand tout sera parti avec toi.
Quel jour de quelle heure me faudra-t-il tuer ?
Le temps de quelle minute pour pouvoir habiter
Demain qui s’efface déjà —
Texte d'Arnaud Maïsetti, hébergé dans la cadre de l'opération Vases Communicants, qui propose aux blogueurs littéraires d'échanger un texte entre blogs le premier vendredi du mois.
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Et si vous êtes paresseux, voici la liste des blogs qui ont pris part à l'opération Vases Communicants en ce 1er avril :
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01/04/2011
(Rond comme un ballon)
Il n’y a rien qui ressemble plus
À un joueur de foute
Qu’un joueur de foute
Rien qui ressemble plus à un gardien
Qu’un autre gardien ou un autre gardien
Ou un joueur de foute
Et la rumeur du stade derrière les commentaires
Est toujours identique
Quelles que soient les couleurs
Quels que soient les drapeaux
Exactement comme un poème
En noir sur la page si blanche
Ressemble à tous les autres poèmes
Et le silence est toujours le même
Entre les mots
Le froissement de la page qu’on tourne
La salive qu’on avale et la respiration
Il n’y a pas de clameur
Il n’y a pas de foule
Qui hurle pour les poètes
Et les commentateurs se taisent
Quand se tourne la page
On est toujours seul à écouter les mots
Comme le gamin perdu avec son beau ballon
Qui n’a plus qu’un copain pour jouer avec lui
C’est le mur de l’usine
11:00 Publié dans À lire en ligne, Ecriture, Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : foot, poésie, écriture, littérature, nicolas ancion | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer