12/02/2009
Blaise de Planchon, une BD qui décape
Glénat fête ses quarante ans et s'offre, comme bien d'autres maisons d'édition réputées, un espace dédié aux nouveaux formats et à la nouvelle génération d'auteurs. En clair, il s'agit d'une nouvelle collection, intitulée « 1000 Feuilles » (à signaler au passage, c'est également le nom de l'émission littéraire de la télévision publique belge, la RTBF, qui réserve une belle place au neuvième art, car son animateur, Thierry Bellefroid, est passionné de bande dessinée). La ligne directrice de la collection est simple : tout est possible . Aucun format standard, pagination libre, couleur ou noir et blanc, l'auteur est seul maître à bord et peut faire n'importe quoi, du moment que c'est de qualité.
La preuve concrète de ces bonnes intentions, c'est tout simplement « Blaise », le premier album publié, signé Dimitri Planchon.
Blaise est un petit gamin à la tignasse abondante, enfant unique, flanqué de parents tout droit sortis des seventies : une mère à lunettes surdimensionnées, une cigarette constamment pendue au bout des lèvres, et un père barbu, à lunettes lui aussi. Ils déambulent dans des décors photographiés puis redessinés et colorisés, le corps raide et l'air faussement impassible. Là-dessus, des dialogues décapants, entrecoupés des pensées des personnages, font merveille. On découvre l'univers ravagé dans lequel se débat la jolie famille : un monde où la télé martèle en permanence le panégyrique d'une star du foot et de la vertu, Dabi Doubane, personnalité préférée des Français, puis diffuse la propagande nauséeuse du futur chef de l'état, dictateur populiste. On rit beaucoup, moitié jaune moitié grincement de dents car, sans sombrer dans la vulgarité, Planchon fourre son doigt en plein là où ça fait mal. Petites hypocrisies entre amis, règlements de compte en famille et jalousie de bureau. Qu'on soit devant la machine à café, dans la voiture, à table ou en randonnée dans la nature, les dialogues giclent et rendent absurdes les situations les plus banales.
Le parti-pris graphique, par son néo-réalisme pris au second degré, rappelle les couvertures de Mad Magazine, mais y ajoute une dose de kitsch savoureux.
Pour un premier album dans la collection 1000 feuilles, c'est une belle découverte. Reste à savoir si les autres parutions seront du même tonneau. Certainement pas, puisque le crédo de l'éditeur est de faire différent à chaque coup.
Vivement la prochaine surprise !
Dimitri Planchon, « Blaise », Glénat, collection 1000 feuilles.
Allez, zou, un bout de planche pour juger sur pièce (merci, Glénat!)
17:00 Publié dans Notes de lecture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bd, planchon, blaise, 1000 feuilles, glénat, humour, kitsch | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer