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22/01/2009

Adapter l'ennemi de Davide Cali pour le théâtre (plus qu'une fois dormir)

l'ennemi_Sarbacane.jpgQuand on ne fait plus qu'écrire, on jongle avec dix projets à la fois. On relit une traduction, on avance dans l'écriture d'un roman, on prépare le synopsis d'un autre, puis... on imagine avec un ami comment transposer à la scène un formidable album pour enfants, "L'ennemi" de Davide Cali (éditions Sarbacane).

Je n'en suis pas encore à l'écriture, juste à l'étape qui précède, celle où l'on fouille le texte existant, où on le triture, le déploie, le débite, le condense pour l'étirer ensuite, juste pour voir comment en tirer le suc, ouvrir des portes, aérer la préparation, densifier et accordéoniser le texte, pour qu'il prenne corps et voix sur la scène.

C'est une exercice casse-gueule, le texte de l'album est assez court, les images parlent avec une sobriété qu'on peut difficilement reproduire au théâtre et, pourtant, après une soirée et une matinée de boulot efficace, il me semble que l'on a sculpté la colonne vertébrale d'un spectacle qui, non seulement tient la route, mais peut sans doute transmettre des images et des idées aussi fortes et touchantes que celles de Davide Cali et Serge Bloch.

Reste à écrire l'adaptation, bien sûr, mais quand le terrain est aussi soigneusement déminé, c'est une simple promenade de santé...

Ah oui, plus qu'une fois dormir avant la bonne nouvelle... A demain !

10/11/2008

Anouk Ricard - Commissaire Toumi

 

couvtoumi.jpgLes éditions Sarbacane annoncent avec plaisir l'entrée d'Anouk Ricard dans le monde de la bande dessinée adulte, grâce au premier tome des enquêtes du Commissaire Toumi, un album à la couverture très noire et au titre révélateur « Le crime était presque pas fait. »

Présenté comme un « mélange détonant entre langage cru, graphisme naïf et ambiance gore », ce livre propose quatre enquêtes parodiques menées par l'improbable duo Toumi (un bouledogue commissaire célibataire, qui fume sans cesse, est sujet aux cauchemars et gribouille pendant ses conversation téléphoniques) et Stucky (un chat tigré bête comme un boîte de Kitekat pas ouverte mais doté d'un humour à deux balles – « ...de ping pong. ha! ha! », ajouterait-il sans doute pour bien faire comprendre de quel registre son humour relève). Les deux sont confrontés à de mystérieux crimes à élucider, dans la plus pure tradition du whodunnit à l'anglaise. On trouve la cadavre (un ver coupé en rondelles, une jeune fille étranglée avec sa propre écharpe...), on inspecte la scène du méfait, on interroge les témoins puis, après une nuit de réflexion, on convoque les suspects pour une ultime scène de confrontation, de révélations et d'aveux. Une structure extrêmement classique qui rappelle aussi bien les enquêtes de Miss Marple ou d'Hercule Poirot que les parodies décalées de l'inspecteur Chabrol et son adjoint Bougret, signées Marcel Gotlib dans ses meilleures années de délire. Anouk Ricard situe son projet à mi-chemin entre les deux, avec un très léger décalage, instillé notamment par les protagonistes qu'elle choisit (un ver de terre critique d'art, des oiseaux millionnaires ou un écureuil fan de musique ringarde des années 80) mais une fidélité inébranlable au déroulement logique et temporel de l'histoire. Elle ne cherche pas comme Gotlib à démontrer le crime par l'absurde et à détourner le récit d'énigme, elle le démonte plutôt, le simplifie jusqu'à son plus simple appareil et démontre ainsi, une fois de plus, qu'elle a un sens inné du récit épuré, qui fait merveille sur les plus jeunes.

Car, il faut bien que je l'avoue (puisque il est question d'aveu, autant commencer par le mien), ma fille de sept ans, inconditionnelle d'Anouk Ricard (elle a reconnu au premier coup d'œil le trait familier des deux tomes d'Ana et Froga qu'elle a lus et relus des dizaines de fois), m'a piqué l'album et l'a achevé avant moi. (lire la suite dans Bain à Bulles sur Bibliobs)