25/06/2012
Je suis l'Europe
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Chilly Gonzales, en 2010. Et, chaque fois que je tombe sur la chanson par hasard sur Deezer, les paroles me trottent dans la tête, alors je vous les refile, parce qu'on a rarement rédigé un aussi joli portrait du continent sur lequel nous nous débattons :
I’m a dog shaped ashtray
I’m a shrugging moustache wearing a speedo tuxedo
I’m a movie with no plot
Written in the back seat of a piss powered taxi
I’m an imperial armpit, sweating ChiantiI’m a toilet with no seat, flushing tradition down
I’m socialist lingerie, I’m diplomatic techno
I’m gay pastry and racist cappuccino
I’m an army on holiday in a guillotine museum
I’m a painting made of hair, on a nudist beach
Eating McDonald’s
I’m a novel far too long, I’m a sentimental song
I’m a yellow tooth waltzing with wrap around shades on
Who am I? I am Europe
Et en version sonore, ça donne ceci :
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16/11/2010
L'Europe : qu'est-ce que c'est ?
Suite à une question posée sur Twitter, j'ai sorti de mon disque dur un texte écrit il y a dix ans, après l'expérience terrible du Train de la Littérature Europe 2000.
Ces quelques lignes sont le début d'une longue nouvelle intitulée "La fuite des cerveaux" (on peut même la trouver en ligne au complet, pour ceux qui aiment utiliser habilement Google). Elles répondent assez bien à la question posée. (La voici, cette question "Je m'interroge : l'Europe, n'est-ce qu'une succession d'institutions dont on ne comprend rien du tout, en fait ?" et elle était posée par _slakh)
Et comme cette semaine se déroule à Cognac le festival Littérature européennes, il me semble que tout cela tombe bien...
Commençons par une expérience toute simple.
Prenez un seau d’eau. En plastique ou en métal, peu importe. Un seau galvanisé dans le nord de la Ruhr ou moulé dans une fabrique en Roumanie, ça ne fait aucune différence. Tout comme pour l’eau : de l’eau de pluie acide récoltée au cœur de la Forêt Noire ou de l’eau ferrugineuse lithuanienne, prenez celle que vous avez sous la main. L’essentiel est d’avoir un récipient rempli d’eau. Une baignoire ou une cuvette de W.-C. d’ailleurs feront tout aussi bien l’affaire.
A la surface de l’eau, déposez une tranche de pain blanc. Ou gris. Du pain de mie. Une tranche bien large. Posez-la à la surface de l’eau. Regardez le tout. Regardez bien.
C’est la Terre. Il y a quelques millions d’années.
Maintenant déchirez la tranche de pain en plusieurs morceaux, remuez l’eau avec votre main et choisissez un morceau qui flotte, au hasard.
C’est l’Europe.
Un bout de terre qui s’est lentement détaché du Pangée puis a dérivé pendant des millénaires.
Rien de plus, rien de moins.
Sur le bout de pain, si vous en avez l’envie, vous pouvez imaginer des fourmis, des moineaux, des autoroutes. Des centrales nucléaires, des barbelés et des pigeons qui s’envolent vers les nuages gris. Des fraises et des haricots.
C’est encore l’Europe.
Un bout de terre, un morceau de planète, qui s’évade lentement. Mais la terre est ronde. Et même à toutes jambes, on ne peut pas fuir très loin. Si vous regardez bien, vous verrez peut-être les tas de types qui s’accrochent au bout de pain pour ne pas glisser dans l’eau qu’il y a autour. Et qui tapent sur les doigts du voisin pour qu’il tombe en premier. Regardez bien, levez les yeux, vous ne verrez que ça. Ce n’est pas toujours drôle.
Alors, si vous préférez, vous pouvez vous asseoir au pied du seau et regarder votre croûte de pain à la loupe. Avec un peu de chance, si vous avez de bons yeux, vous apercevrez un train minuscule qui a quitté Lisbonne.
14:22 Publié dans À lire en ligne, Ecriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, littérature, continent, institutions, intuitions, nicolas ancion | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer