Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/03/2011

Train de nuit

Train, poésie, cheminot, nuit, nicolas ancion, belgique Le type à côté de moi a défait sa ceinture

Déballé son thermos

Bu deux tasses

Fouillé dans sa mallette

Il y a un cadenas rouillé

sur sa mallette en cuir

Elle est lourde il la traîne sur un diable

Pauvre type

Traîner le diable derrière soi

Ce n’est pas une vie

Dans sa mallette, le gilet fluorescent des cheminots, un mousqueton rouge qui dépasse, une bouteille d’eau pétillante et cette lettre qu’il sort puis déchire minutieusement.

Vous avez gagné à la loterie, dit-elle en flamand, vous avez été sélectionné pour la grande finale, vous êtes riche, vous êtes beau, vous êtes celui espérez être

Erreur

Vous êtes un autre

Vous êtes le voisin de train à la mallette

Beige en cuir cadenassé

Le cheminot à chemise bleue à cravate jaune

Vous êtes le type d'à-côté

Pas celui sur qui ça tombe mais l’autre

Celui qui y croit dur comme fer mais qui ne gagne jamais

Le type d'à-côté a délacé ses chaussures

Etendu ses jambes molles

Fermé les yeux

Il dort déjà le type d’à-côté

Et rêve à son enveloppe

Ou au monde qu’il inventerait s’il écrivait un peu

Demain il s’y mettra

Et moi aussi d’ailleurs

Demain, j’écris la fin du monde

02/03/2011

Entre Varsovie et Katowice

pologne,train,poésie,nicolas ancionEntre Varsovie et Katowice

dans un compartiment surchauffé

j’ai vu défiler la Pologne

si plate

avec ses petits pins plantés

au milieu des lacs de neige

Entre Varsovie et Katowice

c’était déjà l’heure du dégel

et du crépu minuscule

qui se balade au crépuscule

sur les étendues glacées

trois femmes dans mon compartiment

l’une d’entre elles lit un roman

l’autre un fatras de papier

la troisième ronfle

comme moi

nous sommes au cœur de la Pologne

Entre Varsovie et Katowice

et d’un coup une des femmes demande

dans un très joli français

s’il ne fait pas trop chaud

qui le traduit aussitôt en joli polonais

tout le monde est bien d’accord

que le chauffage nous incommode

on se sourit en double langue

et l’air frais

oui l’air frais

celui qui caresse les oreilles rouges

d’un infime baiser

glisse par la porte entrouverte

jusqu’à mon cahier ligné

le train repart

emportant avec lui la petite ville

au nom imprononçable

et ses usines enneigées

Nous étions trois à lire

trois à parler français

dans le compartiment six

entre Varsovie et Katowice

23:34 Publié dans À lire en ligne, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pologne, train, poésie, nicolas ancion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer