09/03/2011
Train de nuit
Le type à côté de moi a défait sa ceinture
Déballé son thermos
Bu deux tasses
Fouillé dans sa mallette
Il y a un cadenas rouillé
sur sa mallette en cuir
Elle est lourde il la traîne sur un diable
Pauvre type
Traîner le diable derrière soi
Ce n’est pas une vie
Dans sa mallette, le gilet fluorescent des cheminots, un mousqueton rouge qui dépasse, une bouteille d’eau pétillante et cette lettre qu’il sort puis déchire minutieusement.
Vous avez gagné à la loterie, dit-elle en flamand, vous avez été sélectionné pour la grande finale, vous êtes riche, vous êtes beau, vous êtes celui espérez être
Erreur
Vous êtes un autre
Vous êtes le voisin de train à la mallette
Beige en cuir cadenassé
Le cheminot à chemise bleue à cravate jaune
Vous êtes le type d'à-côté
Pas celui sur qui ça tombe mais l’autre
Celui qui y croit dur comme fer mais qui ne gagne jamais
Le type d'à-côté a délacé ses chaussures
Etendu ses jambes molles
Fermé les yeux
Il dort déjà le type d’à-côté
Et rêve à son enveloppe
Ou au monde qu’il inventerait s’il écrivait un peu
Demain il s’y mettra
Et moi aussi d’ailleurs
Demain, j’écris la fin du monde
08:48 Publié dans À lire en ligne, Poésie, Trucs en ligne que j'aime | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : train, poésie, cheminot, nuit, nicolas ancion, belgique | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
02/03/2011
Entre Varsovie et Katowice
Entre Varsovie et Katowice
dans un compartiment surchauffé
j’ai vu défiler la Pologne
si plate
avec ses petits pins plantés
au milieu des lacs de neige
Entre Varsovie et Katowice
c’était déjà l’heure du dégel
et du crépu minuscule
qui se balade au crépuscule
sur les étendues glacées
trois femmes dans mon compartiment
l’une d’entre elles lit un roman
l’autre un fatras de papier
la troisième ronfle
comme moi
nous sommes au cœur de la Pologne
Entre Varsovie et Katowice
et d’un coup une des femmes demande
dans un très joli français
s’il ne fait pas trop chaud
qui le traduit aussitôt en joli polonais
tout le monde est bien d’accord
que le chauffage nous incommode
on se sourit en double langue
et l’air frais
oui l’air frais
celui qui caresse les oreilles rouges
d’un infime baiser
glisse par la porte entrouverte
jusqu’à mon cahier ligné
le train repart
emportant avec lui la petite ville
au nom imprononçable
et ses usines enneigées
Nous étions trois à lire
trois à parler français
dans le compartiment six
entre Varsovie et Katowice
23:34 Publié dans À lire en ligne, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pologne, train, poésie, nicolas ancion | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer