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03/01/2009

San Sebastian et Donostia 2016 : 2 capitales pour le prix d'une

sansebastian 2016.jpgJ'ai passé le réveillon à San Sebastian, il y faisait doux et ensoleillé, la ville est magnifique, avec sa baie qui donne sur l'océan, ses vieux bars où l'on engouffre les tapas dans l'odeur de cigarette, ses musées accueillants et... son stand de soutien à la candidature de la ville comme capitale culturelle en 2016.

C'est affiché sur les bâtiments officiels, c'est annoncé aux portes des musées, c'est proposé à la signature des passants dans les galeries commerçantes. J'ai signé avec un grand sourire, j'ai même emporté des autocollants. Et je trouve le logo très joli. Pas vous ?

En tout cas, il semble bien qu'en Espagne également on prend grand soin de chercher le soutien populaire pour chacune des villes candidates. Ça fait plaisir à voir !

17/12/2008

Liège 2015 n'est pas mort, c'est le moment de tout sauver !

EGEIL 2015 -2.jpgCher Alain,

Cher François,

Cher François,

Nous ne nous connaissons pas bien. J'ai eu le plaisir de faire un bout de route avec vous. Au sens figuré, d'abord, depuis le lancement de la première pétition, que j'ai soutenue dès que vous l'avez rendue publique; au sens littéral, ensuite, entassés dans une voiture, de retour de la conférence de presse à Bruxelles. Votre mouvement venait de figurer en première page du Soir et c'était une belle victoire. Le débat quittait le terrain local pour gagner les tribunes nationales.

Le moment était beau, l'enthousiasme palpable.

On aurait pu discuter dans la voiture bien des heures encore.

C'est la dernière fois que vous ai vus.

Je vous avais quittées sur de magnifiques projets. Les avez-vous oubliés ?

Vous projetiez d'accrocher des photocopies des 22000 signatures (en miniature pour qu'on ne reconnaisse pas les noms) sur le Perron, symbole des libertés liégeoises, afin de rappeler à tous le mouvement citoyen qui naissait à Liège et, en particulier, aux élus entrant et sortant de la Violette. Vous parliez de l'internationale pâtissière qui pourrait allier ses forces aux vôtres si les élus refusaient de comprendre que que leur rôle premier n'est pas de contrer les initiatives citoyennes mais de les soutenir.

C'était il y a bien longtemps.

C'était il y a quelques semaines à peine.

Certes, nous avions évoqué aussi le mur de résistance auquel vous étiez sans cesse confrontés, les railleries du politique, les confidences de certains et, surtout, la peur qui semblait rendre muets et immobiles tous les responsables d'associations et d'institution à Liège. Comme si on avait acheté leur silence, comme si, en leur offrant des responsabilités ou en finançant une partie de leurs activités, on leur avait imposé une muselière... Cette peur se matérialisait tout simplement dans l'absence de soutien de la part de tous les acteurs culturels institutionnels de Liège.

Je parlais d'omerta, de système politique très adroitement organisé pour rendre impossible toute opposition citoyenne, mieux encore, pour simuler aux yeux ignares, le soutien d'une base politique massive alors qu'il ne s'agit, purement et simplement, que d'un détournement de la sphère politique et d'une confiscation de la liberté de s'associer, de discuter, de débattre et de créer...

Je vous parlais des taupes et des espions qui avaient pris place au sein de vos rangs.

Je passais peut-être pour pessimiste ou paranoïaque. Je ne l'étais peut-être pas assez quand on voit la tournure qu'ont pris les choses...

Quelques semaines ont passé depuis.

Des semaines de silence.

Ce silence a été brisé ce matin, par un courrier électronique au contenu effarant, accablant, que vous avez tous trois signé, et qui se trouve en ligne sur le site de http://blog.liege2015.eu/.

Je n'ai pas envie de reprendre point par point votre argumentation.

Je n'ai pas envie de répondre à vos faux prétextes, c'est trop facile...

Vous savez que cela n'est pas nécessaire.

Votre message lui-même est l'aveu du sentiment qui vous traverse certainement depuis quelques heures.

EGEIL 2015.jpgVous avez trahi votre propre projet, vous avez capitulé avant même que la bataille ne commence. En acceptant un troc aberrant vous avez vous-mêmes invalidé toute la démarche que vous avez lancée.

Vous vous alignez sur le camp d'en face.

Le camp de ceux qui font passer des tas de logiques (leur appartenance politique, les mots d'ordres reçus de l'ombre, les consignes de vote, la peur de l'électeur, la peur de l'échec, la couardise...) avant leur propre jugement et la fidélité aux valeurs qui les ont amenés là où ils sont.

Le camp de ceux qui considèrent qu'un marchandage négocié en coulisse vaut plus qu'un désir collectif exprimé à voix haute et signé sur pétition.

Le camp de ceux qui oublient qui ils représentent au moment de signer.

C'est sinistre.

C'est triste.

C'est lamentable.

C'est surtout très décevant pour tous ceux qui vous ont suivis et soutenus.

Depuis de très longs mois, j'admire votre courage et votre liberté, votre sens de la justice et de la mesure. Depuis que les premiers boucliers se sont levés pour tenter de vous museler, vous avez tenu le cap, vous avez senti venir les coups bas, vous les avez esquivés l'un après l'autre, à chaque nouvel obstacle vous avez redoublé de force, d'ingéniosité, de courage.

Certains vous ont comparé à Tchantchès, je pencherais plutôt pour le rejeton inédit de Don Quichotte et de Tyl Ulenspiegel, un splendide bâtard, qui affronte les puissants parce qu'il croit que ses rêves sont plus forts que leurs machinations bien rodées.

Vous n'avez pas accepté de capituler devant la réalité, vous avez décidé de la faire plier à force de volonté populaire, vous avez fait rêver toute une ancienne principauté. Vous avez ramené la fierté dans une région qui a capitulé et pactisé depuis trop longtemps à tous les niveaux de pouvoir.

Vous avez pris vos rêves en mains et vous étiez sur le point de les matérialiser...

C'est de cette noble tâche que vous vous étiez investis vous-mêmes.

Plus qu'une tâche, d'ailleurs, c'était une mission.

Vous avez eu un rêve, vous y avez cru et vous avez permis à des dizaines de milliers de personnes d'y croire (bien plus que les seuls signataires, car, vous le savez, vos soutiens dépassent largement les frontières de la circonscription électorale de Liège).

Et puis, d'un coup, ce matin, vous avez tout effacé.

Non, pas effacé, ce serait trop simple.

La trace reste de tout ce que vous avez accompli d'impossible. En renonçant, à deux pas du but, vous nous avez enseigné la plus triste des leçons : les politiques et les manigances personnelles sont toujours les plus forts. Ils ont toujours le dernier mot.

Le débat démocratique et les rêves de tous ont été confisqués au profit de quelques uns.

Ce que l'Empereur décide, nul ne peut l'entraver.

Si des voix s'élèvent, on les condamne au silence.

Si elles s'élèvent encore, on leur fait peur, on les menace, on exerce des pressions sur ceux qui peuvent leur faire encore plus peur.

Et si les voix tiennent bon, on leur offre une institution, un subside, un boulot. Une fondation. Une usine à gaz de plus dans un paysage où les usines fermées sont le décor de tous les trajets.

Tout donc peut s'acheter à Liège, même l'honneur ?

C'est la pire des conclusions que celle à laquelle votre initiative aboutit.

A la fin de l'histoire, je ne vous l'apprends pas à vous, qui avez donné tant de leçons pendant des mois, il y a toujours une morale.

Si l'histoire s'arrête ici, vous pensez avoir gagné une dentisterie alors que vous avez perdu tout le reste et que la loi du plus puissant l'a une fois encore emporté. Ce n'est pas acceptable. Nul ne peut pas l'accepter, surtout pas vous.

Mais tout n'est pas perdu, j'ose l'espérer.

J'en appelle à votre sens citoyen, à votre honneur pas encore perdu, à votre esprit de fronde.

Il n'est jamais trop tard pour sauver l'honneur.

Jamais.

Les feuilles qui contiennent les 22000 signatures sont dans un coffre de la banque Dexia, à Sain-Léonard.

Alain, tu peux encore tout sauver.

Tu prends ces feuilles et tu les donnes à quelqu'un d'autre que toi, quelqu'un qui n'a pas négocié. Quelqu'un qui n'a jamais bu des bières avec ceux qui vous ont achetés vous et votre silence

Que celui-là, fidèle à l'idéal qui vous a animés pendant sept mois et demi, porte tout simplement ces feuilles jusqu'au cabinet du Bourgmestre. Mieux encore, qu'il les présente au prochain conseil communal. Il trouvera sans problème une escorte de journalistes et de Liégeois pour l'accompagner.

Il faudra que la population le protège sur son parcours car ils seront nombreux (envoyés par le parti, par les associations qui travaillent pour la parti, par les amis de ceux qui ont eu un boulot offert par ceux qui bossent pour le parti et ainsi de suite) à tenter d'entraver sa route, à chercher à brûler les feuilles ou à les arroser de bière pour les rendre illisibles. Ne les laisser pas anéantir votre rêve. Notre rêve.

C'est tout ce qu'il faut faire.

Juste porter la demande des 22000 signataires jusqu'au conseil.

Vous pouvez tant que vous le souhaitez négocier tout ce que vous voulez pour vos trois personnes, vous n'avez aucun droit à bloquer le processus démocratique. Pas plus vous aujourd'hui que Willy, Michel, Elio et tous les autres ne l'avaient hier, quand ils ont signé ces grands accords que vous avez dénoncés pendant des mois.

Depuis ce matin, vous êtes pareils qu'eux.

Ils ont plus de pouvoir que vous, ils vous en ont offert un peu, ne vous laissez pas acheter.

C'est trop con. C'est trop nul.

Il est encore temps de tout renverser. De sauver votre honneur et le nôtre en dénonçant cet accord qu'on vous a forcés à accepter.

En portant à la Violette, tout simplement, les 22000 signatures que les Liégeois vous ont remises en toute confiance, vous ont confié en même temps que leurs espoir de voir la politique et la culture changer.

Avec tout mon respect pour chacun d'entre vous et mon amitié,

Nicolas

PS : C'est un peu facile de ne pas répondre sur le fonds, non ? J'ai évacué la question d'une bête phrase dans la lettre plus haut mais je me ravise. Voici en quoi je trouve que l'argumentation que vous avez envoyée ce matin ne tient pas :

1. Aucun élément que vous évoquez pour baisser les bras n'est neuf, tout était identique lorsque nous avons discuté il y a quelques semaines et que vous aviez encore le feu sacré. Les délais serrés, la nécessité d'agir vite, on connaît tout cela depuis le démarrage du processus. La réticence des institutions à soutenir votre projet, vous savez à quoi elle est due, ne jouez pas les jeunes vierges effarouchées, tous ces gestionnaires culturels sont cadenassés par la trouille, c'est tout. Ne pas offenser ceux qui vous subventionnent, c'est la première règle si l'on veut garder sa place...

2. Vous n'avez aucun mandat pour négocier quoi que ce soit. Vous ne pouvez en aucun cas bafouer le souhait de 22000 personnes en décidant de le passer finalement sous silence, sous prétexte qu'on ouvre un bâtiment désaffecté aux arts émergents. Les 22000 signataires n'ont jamais parlé d'arts émergents, d'artistes en difficulté ou de dentisterie, ils souhaitaient littéralement qu'on demande aux Liègeois s'il faut que Liège pose sa candidature. Rien d'autre. Qu'on arrête de décider à leur place, qu'on leur pose la question et que ceux qui veulent entraver ce processus se retirent. Si les Liégeois votent finalement contre le projet de Liège 2015, ce n'est pas grave, le combat aura été mené jusqu'au bout en toute loyauté et transparence. Vous aurez fait rêver une ville entière pendant plusieurs mois, vous aurez montré, une fois encore, que la Cité Ardente est une ville hors du commun. C'est bien mieux qu'une capitulation.

3. Dans la voiture, on y revient encore, on a bien rigolé des inventions minables de la Violette : une expo universelle (alors que plus personne n'est assez idiot pour retenter le coup après les bouillons que boivent encore Hanovre et Lisbonne), une capitale métropole culturelle régionale (je ne commente pas cette invention-là, ce serait lui faire trop d'honneur de lui donner du sens, je la considère juste comme une invention de cabinettard bourré, accouchée en fin de nuit à la Maison du Pékèt et malencontreusement arrivée sur le bureau d'un type sans idées qui l'a servie à la presse faute de mieux sous le coude...), un grand congrès du francophonissime... Bientôt, on fera passer les matchs du Standard et les fondations sans nom pour des événements culturels comparables au rôle de capitale européenne.

4. A mes yeux, la seule chose qui soit vraiment pérenne et durable (sur ce point, je sais que je vais passer pour un extra-terrestre aux yeux des politiques qui jetteront un œil sur cette note de blog), c'est l'intégrité. On ne troque pas son intégrité contre une fondation, un lieu pourri ou une assurance-vie. On la garde avec soi, tout contre soi, bien au chaud, parce que c'est elle qui nous permet de nous lever le matin, avec le sourire et la pêche, même quand le monde va mal, que la crise est sévère et que les politiques ont perdu tout sens commun. Tant qu'il y a de l'humanité, il y a de l'espoir. Et notre humanité, elle réside dans notre faculté de rêver et de créer, pas de baisser notre froc.

5. Il n'a jamais été question, à mes yeux, que vous remplissiez la candidature de Liège. C'est à la ville que ce rôle incombe, c'est à elle de le déléguer à qui elle juge bon et compétent. Faites-lui confiance, elle trouvera un opérateur suffisamment mauvais pour que la candidature liégeoise ne porte pas d'ombrage au projet montois...

6. Enfin, je le répète, je peux comprendre que vous trois ne puissiez pas personnellement porter les signatures mais ne les confisquez pas pour autant. Laissez quelqu'un d'autre achever le processus pour vous. C'est ça, la beauté du collectif. L'union fait la force et votre reddition ne peut pas arrêter le mouvement. Vous avez enclenché un processus qui vous dépasse, désormais. Et s'il vous faut un volontaire, j'en connais un, envoyez-moi un mail et je vous donne ses coordonnées ;-)

23:46 Publié dans Liège | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, liège, liège 2015, culture, pétition, citoyens | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer