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21/11/2011

Une Belgique sans gouvernement

A l'occasion du nouvel échec des négociations gouvernementales, je republie ici un texte écrit pour le psectacle Mensuel, qui a  tourné dans les salles, il y a plus de six mois de cela...

Le texte n'a pas vraiment pris une ride, bien au contraire.

Bonne lecture, et faites tourner autour de vous si vous en avez l'envie :-)

 

On dit que la Belgique n'a pas de gouvernement.

Les mauvaises langues prétendent que nous détenons le record, qu'aucun pays au monde n'a mis autant de temps pour se mettre d'accord, pas même l'Irak après la guerre.

Eh bien, c'est vrai, le record du Cambodge est bien dépassé.

En 2003, le Cambodge avait tenu 353 jours et finalement formé un gouvernement avec 207 ministres !

207 ministres... ça fait rêver.

Pourquoi pas dix millions de ministres, tant qu'on y est.

Ah non : 5 millions de ministres et 5 millions de chauffeurs, pour les conduire.

Un joli gouvernement... Enfin !

Ah mais non ! La Belgique n'est pas du tout sans gouvernement.

Bien au contraire ! On n'en a jamais eu autant

Pendant toute cette crise, nous avons encore 6 gouvernements en état de marche. Gouvernement wallon, flamand, bruxellois, gouvernement de la Communauté germanophone, de la communauté flamande, de la Communauté française.

 

Pas de gouvernement en Belgique ? Qui a dit une bêtise pareille ?

Parce qu'en plus de ces six là, faudrait pas oublier les 10 provinces, les 589 communes, avec chacune leur petites tribunes, leurs élus et leurs chauffeurs. Et les budgets à dépenser.

Et aujourd'hui, on a aussi l'Europe, avec son Président qui est Belge, ses commissaires de tous les pays et ses lois qui pleuvent comme des retombées nucléaires.

Pas de gouvernement en Belgique ? Faut habiter très loin pour le penser !

 

Il n'y a juste plus de gouvernement fédéral.

Plus de chauffeur dans la locomotive mais le train roule encore.

C'est tout de même chez nous qu'est arrivé le premier train du continent, quand la Belgique était deuxième puissance mondiale. C'était le bon temps.

Depuis, on se contente de suivre les rails, en espérant qu'ils nous mènent ailleurs que dans le mur. Ou qu'on ne déraille pas bien avant...

 

Mais ce qu'on ne nous dit pas, c'est que la Belgique va beaucoup mieux depuis qu'elle est en affaires courantes.

 

Car dans tous les autres pays, quand la crise économique est arrivée, les gouvernements en ont profité pour appliquer des mesures d'austérité. Sous prétexte de relancer la machine, ils ont coupé là où ils aiment le faire :

- dans les services publics

- dans les salaires (pour améliorer la compétitivité comme ils disent alors que ça n'améliore jamais que les bénéfices)

- dans les allocations de chômage

- dans les pensions

- dans la sécurité sociale en général.

Pas un n'a pensé à réduire les cadeaux fiscaux aux entreprises, les réductions d'impôts sur les grosses fortunes...

On préfère toujours couper des petits bouts à plein de gens que quelques têtes fortunées.

Faudrait des guillotines pour ça.

Bref, ils ont coupé dans tous les services qui ne servent pas les riches...

Ils ont appliqué la recette miracle chantée d'une seule voix par l'Union Européenne, le fonds monétaire international et les redoutables agences de notation.

Et parmi tous ces bons élèves européens, ce sont les Anglais qui ont appliqué la recette avec le plus de zèle. Et ce sont eux qui se sont, du coup retrouvé avec une nouvelle crise un an plus tard.

Parce que les recettes miracles, c'est exactement comme les miracles tout court : ça n'existe pas.

Si on enlève l'aide pour les plus pauvres, ils sont encore plus pauvres, du coup ils coûtent plus cher à la société, c'est ainsi.

Plus les pauvres sont pauvres et plus les États sont pauvres aussi.

 

Mais la bonne nouvelle, c'est que dans notre petit pays sans gouvernement fédéral, on n'a pas pu appliquer ces coupes franches.

On avait déjà du mal à retenir qui était formateur et qui avait dit quoi sur quelle note... Alors impossible de réformer la sécurité sociale.

L'État n'a pas pu appauvrir les pauvres.

Du coup, nous sommes un des pays qui a le moins ressenti les effets de la crise.

Parce qu'il n'avait pas de gouvernement pour appliquer les réformes injustes.

Pas de gouvernement pour profiter de la crise pour accélérer la locomotive.

Pour nous rapprocher plus vite du mur où nous finirons bien par nous écraser...

 

Un pays sans gouvernement... n'est-ce pas finalement cela le vrai miracle ?

 

Pourvu que ça dure...

 

04/08/2010

Rien à déclarer

LAMALOU 3997 (10).JPGJ'était invité hier soir, à Lamalou-les-Bains, dans le cadre d'une semaine de Vagabondages littéraires. L'accueil était formidable, le lieu magnifique, le public (nombreux) très chaleureux. Vous allez me dire que si ce n'était pas le cas, je n'oserais pas l'écrire et vous aurez raison. Mais comme tout était réussi, pourquoi se priver de le dire, hein ?

 

Bon, ce n'est pas tout ça mais je voulais surtout vous raconter qu'en attendant le début de la rencontre, j'ai ouvert un livre qu'on avait posé devant moi car j'en avais écrit un bout et j'ai relu ce texte-ci, écrit il y a quelques années, suite à la demande d'Hervé Broquet qui me demandait de commenter l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme. Vous savez, l'article qui dit deux choses pour le prix d'une :

 

Robot mixeur tout en un.jpg1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

 

Comme ce genre de texte ne me parle pas vraiment et que ce n'est pas ma lecture favorite, j'ai répondu ce qui suit. Je le partage avec vous, juste pour le plaisir.

 

Bonne lecture !

 

Je n’aime pas la langue des avocats
La langue de fer la langue de bois
Les droits de l’homme pas plus que le droit des marques
Ou le droit à l’image
Toutes ces langues je ne les comprends pas
C’est comme les frontières
Les calendriers
Les factures
Ce sont des inventions en cravate
Pour plus besogneux que moi
On me dit que les droits de l’homme
Bla bla bla
Et puis que tel article
Bla bla bla
Je ne vois que des mots opaques
Des mots à cornières de métal
Des mots armés
Même si c’est contre l’injustice
Les inégalités
Ce ne sont jamais que des mots
Et l’on ne vit pas de mots
Ni de phrases
Il en faut un peu plus
Pour huiles les rouages
Il faut de la chair tendre il faut des poils de pied
Des regards et des ongles
De l’humain qu’on respire
Et puis qui sue aussi par moments par lâcheté
Il en faut un peu plus
Pour virer l’esclavage
De l’homme par l’homme
Que des mots que des paragraphes
Même bien numérotés
C’est qu’ils numérotent bien au greffe
Ils ne savent faire que ça
On ne trouve pas d’erreur
Juges et avocats maîtres bouliers compteurs
Mais la vie est ailleurs
J’espère
Que dans ces textes arides
Un type avec son bide
Franchit une frontière
Un autre veut un boulot
Mais il a la peau grasse
Ou bien les cheveux roux
On ne veut pas de lui
Pas du tout
Pas question dit la loi
A qui on n’a rien demandé
Même les roux gras on doit les engager
Même les Andaluviens même les autonomistes de la république biélo-flamandes
Les minorités à bretelles
Les apatrides
Les apparentés
Et les de seconde zone
Ceux qui n’ont pas un balle
Et pas même un trou-de-balle
Ceux-là aussi
Même s’ils croient à Windows
Au Grand Motoculteur
A l’horoscope breton et au tarot flamand
Même s’ils ont la peau bleue
Des frères et sœurs par milliers
Et qu’ils lèchent les vitres
A la fin du souper
C’est leur droit après tout
Le droit d’être différent
D’être sot d’être vieux
D’être paralytique de vouloir le rester
De bouffer le dessert en même temps que l’entrée
Le champagne dans le verre à dents
Les dents serrées
Le bon vin et l’ivraie
Le droit de tout mélanger
De brasser
D’embrasser le monde entier
On doit tous les engager dit la loi
On doit tous les écouter
On doit faire comme si toutes ces différences n’en étaient pas
Même si on n’a pas le temps
Même si on n’a pas envie
Eh bien moi je dis que cette loi elle ne me parle pas
Comme toutes les lois du monde
Tous les mots sont les mêmes
Leurs sens se ressemblent se chevauchent et s’empêtrent
Je ne sais plus que dire
Je n’ai rien à écrire
Je préfère le silence
Le silence et la sieste
Sont les vrais luxes sur terre
Le reste n’est que triste gesticulation
De mouches dans la purée
Et même avec une cravate et devant la plus haute des cour
Une mouche engluée reste une mouche inerte
Je préfère le silence
Quand on se tait
Nous voilà tous égaux
Même les bègues et les sourds qui ne parlent qu’allemand
On peut enfin réclamer ce qui compte vraiment
Le respect le respect le respect
Même pour les gens
Allez
Oui
Même pour les gens

 

Ce texte, avec la contribution de nombreux autres auteurs sur tous les autres articles de la déclaration est toujours en vente dans les bonnes librairies dans le recueil "Droits de l'Homme, j'écris vos noms", sous la direction, donc, d'Hervé Broquet, aux Éditions Couleur Livres. On le trouve par exemple chez Amazon mais partout ailleurs aussi, je ne vous encourage certainement pas à déserter les bonnes librairies, qui peuvent commander le livre sans problème.

PS : l'illustration n'a rien à voir, c'est un robot mixeur tout en un. Vous l'aurez sans doute remarqué.

PPS : Gerald de Murcia vient de m'envoyer quelques photos de la rencontre à Lamalou-les-Bains, j'en ai donc ajouté une à cette note, merci à lui pour cet envoi !

07/09/2009

Le Mensuel, c'est reparti pour un an !

Bonne nouvelle pour tous ceux qui aiment rire de tout et surtout de ce qui est peu correct : le Mensuel est reparti pour une nouvelle saison, sur les scènes de Belgique.

En deux mots, on peut en dire ceci :

Tout au long de la saison, le Mensuel vous donne rendez-vous pour déguster une tranche d'informations subjectives et subversives, passée à la moulinette maison !
Farce, poésie, parodie, pamphlet, vidéo, musique et mauvaise foi : tout est bon pour tourner l'actualité en dérision. Chaque mois, le spectacle est écrit sur le vif, répété en catastrophe et proposé à chaud pour le plus grand plaisir des spectateurs.  Avec son rythme endiablé, le Mensuel ne laisse le temps ni de s'ennuyer ni de reprendre son souffle entre deux éclats de rire !
Le Mensuel, un remède choc contre la morosité !

On peut aussi en dire que les comédiens ressemblent à ça : mensuelAffiche2009.jpg

Et que pour les textes, je me sens un peu coupable puisque je suis occupé à écrire une bonne partie du spectacle, plus précisément, les textes suivants :

- Laeken-sur-Mer, un feuilleton en 7 épisodes avec des portes qui claquent, qui éreinte (et le terme est faible) la famille royale ;

- des lettres de dénonciation anonymes ;

- des petits tableaux sur l'état de la Belgique, qui seront projetés en vidéo d'animation.

Je m'amuse comme un gamin. C'est sot, c'est bête et c'est méchant. J'ai toute liberté et je m'amuse à en abuser, comme un gamin !

Le résultat sera visible dès cet automne sur scène. Réservez vos places...

23/02/2009

Il manquait les 600 Franchimontois

Il aura juste manqué le vote des 600 Franchimontois pour que Liège réalise l'impossible. Je ne peux que déplorer que la populataion liégeoise soit passée si près de l'exploit. Je ne vais pas tenter de dresser le bilan de toute cette aventure, je vous renvoie au billet que François Schreuer vient de publier sur son blog, je me range entièrement derrière son analyse et je le félicite une fois encore pour l'énergie qu'il a déployée avec les autres du collectif.

Seule réticence - mais elle est de taille tout de même - je ne le suis pas quand il signale que l'accord signé entre le collectif et la ville aurait été plus efficace que le résultat obtenu hier. L'exploit réalisé à Liège hier, celui de mobiliser 11% des électeurs pour tenter de rendre une décision politique plus démocratique n'avait rien à voir avec un marchandage qui se serait signé sur le dos de 20000 pétitionnaires. Le comité Liège 2015 n'aura pas été un modèle de bon fonctionnement interne, François Schreuer l'explique en détail, il aura en revanche été d'uen efficacité sidérante et déroutante, qui a du faire suer plus d'un élu de la majorité.

Même si l'objectif n'est pas atteint, les traces laissée par ce mouvement sont profondes et le signal pour la démocratie est magnifique. Les citoyens ne dorment pas, ils veillent et, quand ils se réveillent, ils peuvent remettre le débat sur les rails.

Allez, Liège n'a pas à rougir de la défaite d'hier.

Le pire des ennemis n'est pas un parti ou l'autre, c'est une fois de plus l'inertie et la mollesse, sur laquelle prennent appui ceux qui ont le pouvoir en mains. Et ils les cultivent avec soin pour s'assurer que personne ne remet en cause leur hégémonie.

L'inertie et la mollesse, on n'a pas fini d'en découdre avec ces deux tares dans le millénaire qui s'ouvre, à mon avis, ni à Liège ni ailleurs !

20:14 Publié dans Liège | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : liège 2015, consultation populaire, ps, liège, politique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer

21/02/2009

Bienvenue sur le blog totalitaire

Tout aura été permis au cours de la campagne qui a mené à la consultation populaire à Liège demain matin.

Dernière péripétie en date : je découvre qu'on reproche au mouvement citoyen et aux initiateurs de la demande de consultation d'avoir fait preuve d'une "pensée totalitaire". En quoi ? Ce n'est pas expliqué avec précision...

On reproche aux initiateurs d'avoir fait preuve de trop d'enthousiasme, d'avoir cru en leurs idées, d'avoir été convaincants, persuasifs, au point de faire plier l'opinion publique et de contraindre les élus locaux à revenir sur leurs déclarations et décisions.

En quoi est-ce totalitaire ?

Ils n'ont pas laissé suffisamment de place au débat et à la contradiction ?

Allez, mieux vaut en rire ! Les commentaires des blogs ont toujours été ouverts, les pages des journaux également, la parole est offerte à chacun et c'est le silence des défenseurs du NON qui est incompréhensible, pas la ferveur des  enthousiastes.

Pour terminer, avant de vous laisser aller voter demain matin, si ce choix vous concerne, je voulais juste signaler au passage qu'on m'accuse et me reproche d'avoir pris la parole dans ce dossier.

On me reproche d'avoir ouvert ma gueule. A lire certains commentateurs, un écrivain ne devrait pas faire des choses pareilles.

Un bon écrivain, à Liège est-il un écrivain mort ou un écrivain muet ?
Mort et muet, voilà l'idéal, sans doute.

Allez, votez en votre âme et conscience demain. Comme je l'ai déjà dit, dans un grand élan totalitaire dont je suis coutumier, votez oui ou votez non mais votez. Si vous ne vous exprimez pas demain, ne vous plaignez pas ensuite des décisions qui sont prises dans votre dos tout le reste du temps.

Mais je vous connais, amis lecteurs, vous n'aurez pas envie de grasse-matiner demain jusqu'à 13h.

Un réveil démocratique, ça fait du bien à tous, même un dimanche de carnaval.

PS : selon la bonne habitude totalitaire, les commentaires de cette note sont ouverts ;-)

22:20 Publié dans Liège | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : liège, politique, débat, littérature, consultation populaire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer

16/02/2009

Liège 2015 : quand les langues se délient

phpThumb_generated_thumbnailjpg.jpgJ'en avais parlé ici il y a longtemps déjà : depuis le vote unanime du conseil communal de Liège pour organiser une consultation populaire (le 22 février, pour ceux qui l'ignorent encore), j'avais l'impression que cette belle unanimité de façade cachait une arrière-cuisine moins reluisante. A l'époque, Hassan Bousetta avait pris la parole pour expliquer que, bien qu'il avait voté pour la consultation, en tant que membre du PS, il voterait non le 22 février.

Si un élu osait écrire cela sur son blog, il ne devait pas être le seul à penser de cette façon...

Eh bien, les langues finissent par se délier et, ce matin, je lis les propos de Jean-Maurice Dehousse, interviewé par La Gazette de Liège :

Les rumeurs vont actuellement bon train. Est-il exact que le PS liégeois a donné instruction à ses membres et sympathisants de boycotter les urnes le 22 février prochain ?

Réponse de Jean-Maurice Dehousse, président de l’Union socialiste communale de Liège : "Non, nous ne donnons pas de mot d’ordre. Je n’interviens pas, je ne suis pas comme François Hollande au PS français, je ne veux pas diviser le parti. Car nous avons aussi des partisans du oui parmi nos affiliés, essentiellement chez les culturels et les plasticiens. Du côté du non, majoritaire, c’est d’abord le coût d’une telle année culturelle qui est stigmatisé. Et puis les gens sont préoccupés par le pouvoir d’achat, l’emploi, la crise financière : pas de quoi rameuter les foules, en 2009, avec Liège 2015. Que la Ville organise un débat ? Sur quoi donc ? Il n’y a pas pour l’instant de projet concret".

Je me suis permis de souligner quelques mots, pour attirer l'attention sur les sous-entendus : "nous avons aussi des partisans du oui" implique que tous les autres sont censés, à l'intérieur du parti, voter non, ce que confirme l'expression "non, majoritaire". Ces mots ne sont pas innocents, prononcés par un homme comme Dehousse, ils expliquent bien ce qu'il est de bon ton de voter à l'intérieur du parti. Les ordres ne viennent peut-être pas du boulevard de l'Empereur, comme on a tendance à l'imaginer, les membres influents se chargent de relayer la bonne attitude à observer, sans que Bruxelles ne doive les rappeler à l'ordre. C'est ce qui s'appelle intégrer la loi du plus fort. Ou savourer l'imbuvable ;-)

Quant à l'expression finale "Il n'y a pas pour l'instant de projet concret", on ne peut qu'en sourire. S'il n'y a pas de projet concret, c'est que le collège n'a pas suivi l'avis du bourgmestre qui demandait de préparer au plus vite le dossier de candidature.

Mais c'est surtout de la désinformation, car le dossier existe bel et bien, la preuve, j'en ai une copie ici, sur mon bureau.

Mais je ne commenterai ce dossier qu'après le 22 février, il faut laisser un peu de suspens...

P.S. : Pour ceux que cette note laisse sur leur faim, prenez une feuille blanche et dissertez sur la distinction à opérer entre "culturels" et "plasticiens". Les plasticiens ne sont-ils pas des culturels ? Y a-t-il une coquille dans la Gazette ? Fallait-il lire "culturels et plasticine" ? C'est réjouissant de voir qu'au PS la question de Liège 2015 ne touche que les culturels, dans la vraie vie, elle concerne avant tout les démocrates ;-)

05/01/2009

Liège 2015 : un excellent résumé de la saga ardente

alter.jpgJe découvre ce matin un excellent article publié par Baudouin Massart sur le site Alter-Echos, il reprend chronologiquement toutes les étapes de l'aventure Liège 2015, saga de l'été devenue roman fleuve.

Ça vaut la peine d'aller le lire en détail, il situe bien les événements dans leur contexte et permet d'avoir un peu de recul sur l'ensemble. Bon, bien sûr, l'article date d'avant les derniers rebondissements mais il est bien structuré et remet les étapes en perspective.

Bonne lecture et bonne année à toutes et tous !

24/12/2008

Quand un OUI voté à l'unanimité cache des NON mal déguisés

playmobil.jpgLe conseil communal liégeois, tenu lundi dernier, a voté à l'unanimité la mise sur pied d'une consultation populaire sur la question : "Voulez-vous que votre ville soit capitale européenne de la culture en 2015 ?" Un événement salué par tous. Une unanimité étonnante, pour le moins inattendue, qui a donné lieu à des cris de joie dans l'assistance et de beaux articles de presse.

La question de fonds demeure tout de même... Comment expliquer ce revirement de la part de la majorité ? La victoire de la rue sur la Violette ? La pression populaire qui l'emporte enfin ? C'est l'explication officielle (enfin, on ne parle pas de revirement du côté d ela majorité: on explique que le projet a toujours été vu d'un très bon oeil, que la manière n'y était pas et que, lundi, tout était clair, puisque les Liégeois sont pour, on fonce...). On a même déjà chargé la Commission culturelle de plancher sur le dossier de candidature. Ce n'est pas bon signe, ça ?

Si, bien sûr...

Sauf quand on découvre sur le blog d'un membre de cette commission, membre du groupe socialiste, un argumentaire en bonne et due forme pour expliquer pour quelle raison il votera NON le jour de la consultation populaire.

En résumé, l'un des types chargés de monter le dossier de candidature n'y croit pas lui-même.

Pas grave, le projet est piloté par l'Échevin de la culture, me direz-vous ? Mais lui, c'est pire encore, il est dans l'asbl qui pilote Mons 2015... Il l'a peut-être oublié, lundi soir ?

J'ai voulu réagir sur le blog d'Hassan Bousetta mais les commentaires ne marchent pas car ils sont modérés par le blogueur lui-même et sa boîte mail est pleine. Faute de mieux, je me suis décidé à poster ici mes commentaires. Je trouve dommage qu'on ne puisse pas donner son avis sur place, mais on se contentera de ce qu'on a pour le moment.

Monsieur Bousetta,

Merci de prendre le temps d'exprimer le fonds de votre pensée de façon argumentée. Il est intéressant de lire enfin les arguments des détracteurs de la candidature de Liège. Ils sont maigres, à vous lire, ils ne reposent sur rien de bien solide.

Entre nous, dénigrer les pétitions en ligne, c'est un peu léger, dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui - qui est aussi celui qui vous permet de publier ce billet cet après-midi, la meilleure preuve est que la pétition de Liège 2015 a accouché de la première demande de consultation populaire dans une grande ville, ce qui est un exploit.

Toujours entre nous, les délais serrés qui vous semblent mettre à mal la candidature de la Cité Ardente sont fixés par une ministre de votre parti, qui pourrait très bien vous aider si vous cherchiez à la convaincre au lieu de vous servir de ses décisions comme prétexte à l'inaction.

Toujours entre nous, préférer voter non parce qu'on a peur de la gueule de bois du lendemain si le projet est refusé, ce n'est faire preuve ni de beaucoup de courage ni de volonté politique. Avec un prétexte comme celui-là, on peut ne rien entreprendre du tout pendant toute la législature...

Je relève tout de même une contradiction inexpliquée dans votre argumentation. Vous reprochez au collectif de ne pas avoir de projet culturel pour se présenter comme capitale culturelle et vous, sans avancer le moindre projet non plus, vous jugez bon d'augmenter de façon linéaire les budgets de la culture d'ici 2015. Vous adoptez la même attitude que vous déplorez chez les porteurs de l'initiative Liège 2015... Pouvez-vous me donner plus de précisions sur vos projets culturels et les affectations prévues pour ces nouveaux budgets ? Je serais ravi de vous lire à ce sujet.

Je reste convaincu qu'il y a bien des idées à développer pour Liège 2015. Il faudrait peut-être aller les chercher ailleurs que dans les cercles habituels...

Pour terminer, je suis pour ma part très admiratif d'un collectif qui a lancé une démarche pareille au nom de principes démocratiques et non pour pousser un groupe artistique ou l'autre et obtenir des moyens supplémentaires pour quelques délaissés. On peut augmenter les budgets tant qu'on veut, on laissera toujours des gens sur le côté. On peut dire NON tant qu'on veut et lancer des consignes de votes massives, on n'empêchera pas les citoyens lucides de se dire que derrière ce NON il doit y avoir des arguments un peu plus pesants que les poids légers que vous citez ici. Mais je peux me tromper, bien entendu, j'en ai même l'habitude et je l'assume ;-)

Une question essentielle se pose tout de même à présent, après avoir lu votre argumentation en faveur du NON.

Le Conseil communal vous a chargé, hier, en tant que membre de la commission culture, de préparer dès à présent la candidature de la ville, pour le cas où les Liégeois voteraient pour...

Je crains le pire quand je vous lis. Vous partez battu. Vous n'avez même pas l'envie de réussir.

Comment a-t-on pu vous confier une tâche pareille ? Comment avez-vous pu l'accepter, en tant que membre de la Commission culture ? Ne devriez-vous pas, si vous pensez ce que vous avez écrit sur votre blog, démissionner de la Commission culture et céder la place à un autre conseiller qui croit, ne fut-ce qu'un peu, aux chances de la Cité Ardente dans ce dossier ? Des bénévoles se sont déjà mis au travail depuis plusieurs jours pour rassembler des idées et proposer du concret à votre collègue échevin. Je fais partie de ceux-là. Je trouve que le premier signe de respect, si vous ne croyez pas à la candidature de la ville, est de faire un pas de côté et laisser les enthousiastes défendre le dossier.

Merci pour votre réponseet joyeux Noël !

Cordialement,

Nicolas

 

En illustration : les 600 Franchimontois volent au secours de Liège 2015