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29/11/2011

Dédicaces ce samedi à Montreuil

Image-1-150x150.pngBien que je publie de la littérature jeunesse depuis une dizaine d'années, c'est la première fois que j'irai au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil, ce samedi 3 décembre à partir de 10h.

J'aurai le plaisir de signer "Momies et compagnie", aux côtés de Bruno Tatti sur le stand des Editions Graine 2.

Si vous êtes dans le coin ou si vous aimez prendre le train, si ce jour-là vous ne faites rien et que vous n'êtes pas trop loin...

... venez tout plein ! On vous garantit de superbes dédicaces à 4 mains !!

(Et un cadeau pareil, pour Noël, c'est hyper trop bien.)

21/11/2011

Une Belgique sans gouvernement

A l'occasion du nouvel échec des négociations gouvernementales, je republie ici un texte écrit pour le psectacle Mensuel, qui a  tourné dans les salles, il y a plus de six mois de cela...

Le texte n'a pas vraiment pris une ride, bien au contraire.

Bonne lecture, et faites tourner autour de vous si vous en avez l'envie :-)

 

On dit que la Belgique n'a pas de gouvernement.

Les mauvaises langues prétendent que nous détenons le record, qu'aucun pays au monde n'a mis autant de temps pour se mettre d'accord, pas même l'Irak après la guerre.

Eh bien, c'est vrai, le record du Cambodge est bien dépassé.

En 2003, le Cambodge avait tenu 353 jours et finalement formé un gouvernement avec 207 ministres !

207 ministres... ça fait rêver.

Pourquoi pas dix millions de ministres, tant qu'on y est.

Ah non : 5 millions de ministres et 5 millions de chauffeurs, pour les conduire.

Un joli gouvernement... Enfin !

Ah mais non ! La Belgique n'est pas du tout sans gouvernement.

Bien au contraire ! On n'en a jamais eu autant

Pendant toute cette crise, nous avons encore 6 gouvernements en état de marche. Gouvernement wallon, flamand, bruxellois, gouvernement de la Communauté germanophone, de la communauté flamande, de la Communauté française.

 

Pas de gouvernement en Belgique ? Qui a dit une bêtise pareille ?

Parce qu'en plus de ces six là, faudrait pas oublier les 10 provinces, les 589 communes, avec chacune leur petites tribunes, leurs élus et leurs chauffeurs. Et les budgets à dépenser.

Et aujourd'hui, on a aussi l'Europe, avec son Président qui est Belge, ses commissaires de tous les pays et ses lois qui pleuvent comme des retombées nucléaires.

Pas de gouvernement en Belgique ? Faut habiter très loin pour le penser !

 

Il n'y a juste plus de gouvernement fédéral.

Plus de chauffeur dans la locomotive mais le train roule encore.

C'est tout de même chez nous qu'est arrivé le premier train du continent, quand la Belgique était deuxième puissance mondiale. C'était le bon temps.

Depuis, on se contente de suivre les rails, en espérant qu'ils nous mènent ailleurs que dans le mur. Ou qu'on ne déraille pas bien avant...

 

Mais ce qu'on ne nous dit pas, c'est que la Belgique va beaucoup mieux depuis qu'elle est en affaires courantes.

 

Car dans tous les autres pays, quand la crise économique est arrivée, les gouvernements en ont profité pour appliquer des mesures d'austérité. Sous prétexte de relancer la machine, ils ont coupé là où ils aiment le faire :

- dans les services publics

- dans les salaires (pour améliorer la compétitivité comme ils disent alors que ça n'améliore jamais que les bénéfices)

- dans les allocations de chômage

- dans les pensions

- dans la sécurité sociale en général.

Pas un n'a pensé à réduire les cadeaux fiscaux aux entreprises, les réductions d'impôts sur les grosses fortunes...

On préfère toujours couper des petits bouts à plein de gens que quelques têtes fortunées.

Faudrait des guillotines pour ça.

Bref, ils ont coupé dans tous les services qui ne servent pas les riches...

Ils ont appliqué la recette miracle chantée d'une seule voix par l'Union Européenne, le fonds monétaire international et les redoutables agences de notation.

Et parmi tous ces bons élèves européens, ce sont les Anglais qui ont appliqué la recette avec le plus de zèle. Et ce sont eux qui se sont, du coup retrouvé avec une nouvelle crise un an plus tard.

Parce que les recettes miracles, c'est exactement comme les miracles tout court : ça n'existe pas.

Si on enlève l'aide pour les plus pauvres, ils sont encore plus pauvres, du coup ils coûtent plus cher à la société, c'est ainsi.

Plus les pauvres sont pauvres et plus les États sont pauvres aussi.

 

Mais la bonne nouvelle, c'est que dans notre petit pays sans gouvernement fédéral, on n'a pas pu appliquer ces coupes franches.

On avait déjà du mal à retenir qui était formateur et qui avait dit quoi sur quelle note... Alors impossible de réformer la sécurité sociale.

L'État n'a pas pu appauvrir les pauvres.

Du coup, nous sommes un des pays qui a le moins ressenti les effets de la crise.

Parce qu'il n'avait pas de gouvernement pour appliquer les réformes injustes.

Pas de gouvernement pour profiter de la crise pour accélérer la locomotive.

Pour nous rapprocher plus vite du mur où nous finirons bien par nous écraser...

 

Un pays sans gouvernement... n'est-ce pas finalement cela le vrai miracle ?

 

Pourvu que ça dure...

 

18/11/2011

Je me numérise - texte préparatoire

 1.0

 

Je me suis levé ce matin.

Je suis allé jusqu'à la salle de bain pour me raser mais mon miroir a rejeté mon mot de passe.

Il refusait d'afficher mon image.

Juste un écran vide, avec le logo de la brosse à dent et l'icône du dentifrice.

J'ai réessayé une première fois.

Même refus. J'ai recommencé encore.

Je me suis dit que j'avais peut-être laissé la touche majuscule enfoncée. J'ai cherché partout sur mon corps et je n'ai pas trouvé. J'ai voulu balancer le miroir par la fenêtre puis j'ai pensé à combien ça coûtait. Sept ans de malheur et le risque de trancher un passant en deux, dans la rue plus bas.

Il devait bien y avoir une explication.

Je m'y suis pris avec méthode. J'ai marché jusqu'au tableau électrique et j'ai coupé les plombs.

J'ai tout rebooté.

Ça n'a rien changé.

Il a fallu du temps pour que l'appartement se recharge, je voyais le paysage réapparaître peu à peu derrière les vitres.

J'ai tenté de me raser sans me voir mais ça n'a rien donné de bon.

Je me suis entaillé la joue.

Ma pensée s'est mise à dériver suivant un fil tordu, comme du sang qui s'écoule.

Puis le téléphone a coupé le fil et j'ai décroché.

C'était du télémarketing. Une jeune fille voulait me vendre des produits surgelés.

C'est toujours quelqu'un qui cherche à vendre. Sans ça, le téléphone ne sonnerait jamais.

Je ne sais même pas si elle existe, cette vendeuse de surgelés, elle m'a donné un faux nom, elle m'a lu de jolies phrases qui sonnaient creux, ce n'est pas à moi qu'elle voulait parler mais à un client, je n'avais pas envie de recommencer le coup du miroir, me sentir rejeté, j'ai commandé des légumes pour la soupe.

C'est bon la soupe. Surtout les légumes.

Il y avait une promo pour trois sachets.

J'ai pris la promo.

Je n'ai pas de congélateur.

Ce n'est pas grave, j'ai bien senti que je lui faisais plaisir en jouant les clients.

C'est comme ça qu'on joue bien. En endossant le rôle qu'on attend de nous.

 

Le téléphone sonne.

 

VOIX D'HOMME

Vous avez commandé des légumes surgelés ce matin ?

 

LUI

Oui

 

VOIX D'HOMME

Il y a un problème avec votre carte de banque. Le paiement a été rejeté.

 

(A SUIVRE)


Extrait de textes préparatoires à l'écriture de "Je me numérise" pour la Compagnie de la gare (Vitry-sur-Seine)

 

14/11/2011

Je me numérise à Gare au Théâtre

Je suis en ce moment en résidence d'écriture à Vitry-sur-Seine, à l'invitation de Mustapha Aouar et de l'équipe de la Compagnie de la Gare. La résidence bénéficie du soutien de la Région Île de France.

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 D'ici quelques semaines, je devrais avoir achevé le texte d'une pièce de théâtre qui sera créée à par la compagnie, à Gare au Théâtre, au cours de la saison 2012. La pièce s'intitule « Je me numérise » et j'essaie d'y parler, très concrètement, des mutations profondes que notre monde traverse en ce moment. Oui, oui, l'arrivée massive des Chinois comme financiers du monde et fabricants de tout. Oui, oui, les caméras de surveillance et le flicage du web. Oui, oui, le tout au numérique et les réseaux sociaux. Oui, oui, la grande solitude des villes et la santé mentale défaillante.

 

Enfin, j'espère que je mettrai tout ça dedans, comme on cuisine un plat au four avec tous les restes de la veille, en ajoutant de l'ail et une couche gratinée pour enrober le tout et le rendre un peu moins fade...

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Jeudi soir, j'ai donné une première lecture du début du texte. Un quart d'heure chrono, pas plus, puisqu'on m'avait suggéré de lire « maximum vingt minutes ».

(C'est une vieille leçon que j'ai retenue, après une de mes premières soirées de lecture où j'ai vu comment Pierre Mertens montait tout le public contre lui parce qu'il lisait deux fois plus longtemps que les autres auteurs, puis Nicole Malinconi et Jean-Luc Outers endormir le public à lire des extraits de roman saisis hors contexte. Il y a prescription, les événements ont eu lieu il y a plus de dix ans, je peux donc révéler les noms de ceux qui m'ont enseigné, un peu malgré eux, il est vrai cette règle d'or : toujours faire court. Si possible émouvoir les gens – et je compte le rire parmi les émotions les plus agréables à partager. Lire bref et tonique. Préférer cinq bonnes minutes qui donnent envie d'en entendre plus à vingt-cinq minutes dont dix sont de trop.)

Grand soulagement : le texte a été bien accueilli. Le public a ri. Il a réagi quand il le fallait, alors que l'exercice de lecture, par une seule voix d'une pièce de théâtre à trois personnages est un vrai casse-gueule, d'où le texte ressort forcément amoché.

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 Après ça, soirée cabaret par Monsieur Delagare et Cie (Mustapha Aouar et son orchestre au complet : Rico et Aurélien) à partir des textes de mon recueil « Métro boulot dodo » (éditions l'Arbre à Paroles). Le spectacle s'appelle « Boulododo » et il sera rejoué à la mi-décembre trois soirs d'affilée. J'avais mon téléphone, j'étais assis dans le fond, je me suis donc permis de filmer un petit bout qui vous donne un aperçu de ce que ces trois énergumènes peuvent produire à partir de petits textes en prose... Ce morceau est particulièrement calme et posé, par rapport à l'ensemble du spectacle.



 

Bon, à côté de l'écriture, une résidence d'auteur, c'est aussi beaucoup de rencontres.

Au cours des mois de septembre et d'octobre, j'aurai rencontré 12 classes des lycées et collèges de Vitry-sur-Seine, soit plus de 300 élèves de troisième et de seconde au total, qui ont tous lu (en détail et sans sauter un mot, ça s'entend dans leurs questions) mon recueil de nouvelles « Nous sommes tous des playmobiles ».

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Maintenant, on passe aux choses sérieuses. Avec une bonne partie de ces jeunes gens, nous allons écrire des épisodes de série télé. Sans doute une soixantaine d'épisodes au total d'ici la fin mars. Qui dit mieux ?

Si ça vous intéresse, je vous donnerai des nouvelles de tout ça dans les prochaines semaines.