15/06/2012
Je me numérise : première lecture en musique
Je suis en résidence d'écriture à Gare au Théâtre, à Vitry-sur-Seine, je me retrouve donc très souvent à Vitry sur scène cette année, et notamment ce lundi soir, le 18 juin, où pour la première fois on pourra entendre le texte que j'ai écrti au cours de cette belle aventure :
Je me numérise
Mise en voix, mise en musique, mise en jeu par la Compagnie de la Gare : Agnès Sighicelli à la voix et au violoncelle, Eric Récordier à la contrebasse, Aurélien Rozo à la guitare et Mustapha Aouar à tout le reste ou presque.
Comme le titre l'indique, ce spectacle introduit sur le plateau les questions que suscite la nouvelle ère dans laquelle nous avons le plaisir de nous débattre. Ne sommes-nous plus que des données numériques ? Que sommes-nous de plus que ces images de vidéosurveillance, ces infos de géolocalisations, ces tweets, ces statuts et ces données en vrac collectées dans tous les coins ? Le monde réel existe-t-il encore et quelle est sa valeur ? Sites de rencontres, sites de partage, réseaux sociaux : la solitude nous conduit-elle au numérique ou le numérique nous condamne-t-il à la solitude ?
Comme toutes ces questions sont bonnes et compliquées, les réponses sont forcément boîteuses. C'est ainsi, on ne choisit pas. On fait avec.
Venez ce lundi soir à Gare au Théâtre (RER C, arrêt Vitry-sur-Seine, le théâtre, comme son nom l'indique, est à coté des rails, ça lui permet de sortir du train-train) et réagissez de vive voix ou live tweetez si ça vous chante. Partagez ça. Répandez la bonne nouvelle : nous nous numérisons et ça ne va pas s'arrêter là.
Cette manifestation, comme l'ensemble de la résidence, bénéficie du soutien de la Région Île-de-France. Encore merci !
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09/06/2012
Interview sur les droits d'auteurs et le numérique
J'ai eu le plaisir de répondre aux questions de Stéphanie Michaux, du site Lettres Numériques, à propos des bouleversements amenés par le numérique dans la sphère éditoriale. Cette brève interview a fait pas mal de vagues hier. Elle a été reprise par le site Actualitte.
Je vous glisse ici le début du dialogue, à vous d'allez lire la suite sur l'un des deux sites si vous le souhaitez. Et j'espère que le débat pourra alors avancer sereinement, sur les questions importantes.
N'hésitez pas à réagir, ici ou sur le site Actualitte ou via Facebook ou Twitter.
Bonne lecture et à bientôt !
Pour commencer quel est l’impact du numérique pour les auteurs et notamment l’exploitation de leurs œuvres ?
Dans un contrat d’édition, auteur et éditeur s’accordent sur les modalités de gestion totale des droits patrimoniaux d’une œuvre qui concerne aussi bien les droits de traduction, de merchandising ou d’adaptation cinématographique. S’ils disposent de ces droits, les éditeurs ne les exploitent que très peu. Avant le numérique, l’éditeur était contractuellement tenu d’assurer la mise en vente des ouvrages. Aujourd’hui, non seulement, les contrats incluent une clause sur l’exploitation numérique des ouvrages, mais les formulations ont été revues et l’éditeur se doit d’assurer une diffusion commerciale en continu des œuvres de l’auteur. Autrement dit, et c’est comme ça que je le perçois, la seule possibilité qu’avait un auteur pour résilier un contrat d’édition en évoquant le fait que le livre papier était épuisé, est à présent caduque.
C’est une conséquence directe de l’arrivée du numérique : les clauses juridiques se complexifient et engagent les auteurs et les éditeurs sur un partenariat quasiment à vie. Les auteurs ne peuvent plus se séparer d’un éditeur dont ils ne sont pas satisfaits et les éditeurs souhaitent disposer de l’ensemble des droits d’exploitation d’une œuvre même s’ils dorment dessus. J’en ai fait l’expérience. Un éditeur a par exemple refusé de me racheter les droits d’un de mes titres parce qu’il avait fait l’objet d’une adaptation sous la forme d’une application pour iPhone. Le contrat n’a pu être signé que lorsque l’application a été retirée du catalogue d’Apple.
Selon vous, quelle devrait être la durée d’un contrat d’édition ?
Je ne me prononce pas en faveur d’un contrat d’auteur qui s’applique 70 ans après la mort de l’écrivain, c’est une première chose. Ensuite, je pense qu’un contrat d’édition qui couvrirait une période entre 7 et 10 ans serait préférable. Tout d’abord, il obligerait l’éditeur à bien faire son travail et à envisager toutes les exploitations possibles de l’œuvre. Ce contrat serait, qui plus est, reconductible et permettrait une meilleure relation entre les deux parties. Je m’explique : tous les 7 ans, l’auteur et l’éditeur se reverraient, feraient le bilan et décideraient ensemble de la suite des évènements.
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25/05/2012
La cravate de Simenon, ce 6 juin en librairie
Que vous soyez à Oslo, Vancouver, Hanoï, Sidney ou Jakarta, c'est ce 6 juin 2012 que vous pourrez trouver en librairie mon nouveau roman "La cravate de Simenon".
Destiné en premier lieu aux adultes qui apprennent le français partout dans le monde, ce roman raconte le parcours d'un gamin de Liège, dans une famille de grands lecteurs. Il fait partie d'une toute nouvelle collection des éditions Didier, intitulées Mondes en V.F.
Voici le résumé officiel du livre, tel qu'il figure au dos de la couverture.
Vous donne-t-il envie de le lire ?
Si Léopold a trouvé du travail, c'est grâce à cette cravate. S'il a découvert sa vocation d'écrivain, c'est encore grâce à elle. Avant lui déjà, son père avait soin de la porter dans les moments décisifs de l'existence.
Ce qu'elle a de spécial ? Son origine : elle aurait appartenu à Georges Simenon, le célèbre écrivain belge !
Mais lorsque le père de Léopold tombe gravement malade, la pauvre cravate semble impuissante...
A moins que ?
Un roman tour à tour drôle et émouvant sur une relation pleine de pudeur entre un père et son fils.
Editions DIDIER - Coll. Mondes en VF
Version audio téléchargeable gratuitement pour les acheteurs du livre.
Sortie le 6 juin 2012
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07/03/2012
Une nouvelle à lire sur ONLiT
La revue ONLiT publie aujourd'hui son 100e texte en ligne.
Un joli score et un travail éditorial de longue haleine qui mérite le détour : textes toujours courts et incisifs, dérangeants ou dérangés, émouvants ou émus... à vous de les découvrir.
Et comme j'ai eu l'honneur d'être invité à proposer un texte pour cette 100e publication, je vous propose ici le début. Et j'espère que vous irez sur le site d'ONLiT pour lire la suite.
Bon amusement !
TANT DE CHIENS
Il y a des jours, comme ça, où on ferait mieux de ne pas se lever. Le bocal de Nescafé est vide, la bonbonne de gaz lâche son dernier souffle quand on est sous la douche et on finit, trempé et glacé, par essuyer ses aisselles encore savonneuses avec la première serviette qu'on trouve, juste avant de se rendre compte que c'est celle qu'on a utilisée la veille pour transporter un chien mort. Et s'il y a bien un truc qui pue plus qu'un chien mouillé, c'est un chien écrasé dont les tripes pendouillent sous l'abdomen. Vous pouvez me croire, je sais de quoi je parle. Je ne suis peut-être pas vétérinaire mais je connais ce genre de drame mieux que personne.
Mon boulot à moi, ce n'est pas détective, c'est plutôt nettoyeur privé. Pas du genre qui éradique les cafards et les puces, ces trucs-là sont trop tenaces pour moi, ma spécialité, ce sont les encombrants : les concurrents, en affaire comme en amour, ceux dont on veut se faire quitte à bon compte. J'ai ouvert une petite agence de services aux particuliers, j'ai mon bureau près de la machine à fléchettes au fond du bar Chez Josiane, je suis juste à côté des toilettes, c'est pratique pour évacuer ce que j'ingurgite à longueur de journée et l'odeur évite que mes clients ne s'attardent trop pour raconter leurs malheurs. Certains habitués du troquet s'imaginent sans doute que je tiens une permanence politique. C'est vrai que mon boulot n'est pas très différent, au fond. Les gens viennent me confier leurs petits soucis ou leurs grosses emmerdes, ils me disent de qui ils souhaitent se débarrasser et moi je leur rends service. Même si je ne fais pas ça pour récolter des voix mais pour récolter des sous, à vrai dire, au bout du compte, le résultat est le même. Parce que le politicard, s'il veut des voix, c'est pour être élu, et s'il veut être élu, c'est pour toucher le salaire. On fait le même genre de travail avec les mêmes objectifs : on est au service du public. (Lire la suite sur ONLiT)
19:52 Publié dans À lire en ligne, Ecriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, chien, littérature, nouvelle, nicolas ancion, humour noir | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
14/11/2011
Je me numérise à Gare au Théâtre
Je suis en ce moment en résidence d'écriture à Vitry-sur-Seine, à l'invitation de Mustapha Aouar et de l'équipe de la Compagnie de la Gare. La résidence bénéficie du soutien de la Région Île de France.
D'ici quelques semaines, je devrais avoir achevé le texte d'une pièce de théâtre qui sera créée à par la compagnie, à Gare au Théâtre, au cours de la saison 2012. La pièce s'intitule « Je me numérise » et j'essaie d'y parler, très concrètement, des mutations profondes que notre monde traverse en ce moment. Oui, oui, l'arrivée massive des Chinois comme financiers du monde et fabricants de tout. Oui, oui, les caméras de surveillance et le flicage du web. Oui, oui, le tout au numérique et les réseaux sociaux. Oui, oui, la grande solitude des villes et la santé mentale défaillante.
Enfin, j'espère que je mettrai tout ça dedans, comme on cuisine un plat au four avec tous les restes de la veille, en ajoutant de l'ail et une couche gratinée pour enrober le tout et le rendre un peu moins fade...
Jeudi soir, j'ai donné une première lecture du début du texte. Un quart d'heure chrono, pas plus, puisqu'on m'avait suggéré de lire « maximum vingt minutes ».
(C'est une vieille leçon que j'ai retenue, après une de mes premières soirées de lecture où j'ai vu comment Pierre Mertens montait tout le public contre lui parce qu'il lisait deux fois plus longtemps que les autres auteurs, puis Nicole Malinconi et Jean-Luc Outers endormir le public à lire des extraits de roman saisis hors contexte. Il y a prescription, les événements ont eu lieu il y a plus de dix ans, je peux donc révéler les noms de ceux qui m'ont enseigné, un peu malgré eux, il est vrai cette règle d'or : toujours faire court. Si possible émouvoir les gens – et je compte le rire parmi les émotions les plus agréables à partager. Lire bref et tonique. Préférer cinq bonnes minutes qui donnent envie d'en entendre plus à vingt-cinq minutes dont dix sont de trop.)
Grand soulagement : le texte a été bien accueilli. Le public a ri. Il a réagi quand il le fallait, alors que l'exercice de lecture, par une seule voix d'une pièce de théâtre à trois personnages est un vrai casse-gueule, d'où le texte ressort forcément amoché.
Après ça, soirée cabaret par Monsieur Delagare et Cie (Mustapha Aouar et son orchestre au complet : Rico et Aurélien) à partir des textes de mon recueil « Métro boulot dodo » (éditions l'Arbre à Paroles). Le spectacle s'appelle « Boulododo » et il sera rejoué à la mi-décembre trois soirs d'affilée. J'avais mon téléphone, j'étais assis dans le fond, je me suis donc permis de filmer un petit bout qui vous donne un aperçu de ce que ces trois énergumènes peuvent produire à partir de petits textes en prose... Ce morceau est particulièrement calme et posé, par rapport à l'ensemble du spectacle.
Bon, à côté de l'écriture, une résidence d'auteur, c'est aussi beaucoup de rencontres.
Au cours des mois de septembre et d'octobre, j'aurai rencontré 12 classes des lycées et collèges de Vitry-sur-Seine, soit plus de 300 élèves de troisième et de seconde au total, qui ont tous lu (en détail et sans sauter un mot, ça s'entend dans leurs questions) mon recueil de nouvelles « Nous sommes tous des playmobiles ».
Maintenant, on passe aux choses sérieuses. Avec une bonne partie de ces jeunes gens, nous allons écrire des épisodes de série télé. Sans doute une soixantaine d'épisodes au total d'ici la fin mars. Qui dit mieux ?
Si ça vous intéresse, je vous donnerai des nouvelles de tout ça dans les prochaines semaines.
19:08 Publié dans Ecriture, Livres en cours, Musique, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare au théâtre, nicolas ancion, je me numérise, atelier, résidence, écriture, Île-de-france, théâtre | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
13/10/2011
ArcelorMittal ferme le dernier haut-fourneau de Liège
L'annonce est tombée hier en fin de journée : ArcelorMittal met un terme à la sidérurgie à chaud à Liège.
Ca jette un fameux froid sur la Cité Ardente. Le choc est profond.
Et pourtant tout était annoncé depuis des années. Le détestable jeu joué par le groupe ArcelorMittal, ce chantage permanent aux aides publiques et aux réductions d'impôts, ne laissait pas planer le moindre doute sur l'avenir du bassin liégeois : ils allaient tout fermer. La date était d'ailleurs dépassée depuis plusieurs années. Le maintien de l'activité avait été une surprise. Sa fin ne pouvait en être une.
Je partage le désarroi de la population, l'effroi des ouvriers, la crainte de toute la région.
J'entends que les syndicats vont mobiliser les troupes, j'entends les hommes politiques se relayer pour clamer leur indignation.
Tout cela est inutile et vain. Tout cela arrive trop tard.
C'est contre ceux qui ont vendu Arcelor au groupe Mittal qu'il faudrait se retourner, contre ceux qui ont fait croire que la fermeture n'était pas inéluctable, contre ceux qui avaient pour mission publique de mettre en place la reconversion du bassin et qui n'ont rien fait, contre ceux qui ont détourné l'attention de la population de ce problème majeur pendant des années et des années. Contre tous ceux qui ont accepté de dormir sur leurs deux oreilles depuis des décennies en espérant que le malheur annoncé n'arriverait pas.
Puis contre celui qui a le pouvoir, à lui seul d'inverser le cours des choses. Ou de les laisser aller à leur perte tout en tirant des dividendes.
Dans la même journée du mercredi 12 octobre 2011, ArcelorMittal a annoncé que l'entreprise était modérément optimiste pour les prévisions de demande d'acier mondial et qu'elle fermait la phase à chaud à Liège.
Le problème est si complexe qu'on ne le résoudra ni avec une manifestation ni avec des cris d'indignation.
On ne le résoudra pas.
Pas même dans la fiction, je peux vous le garantir. J'ai essayé et ça ne marche pas.
PS : le hasard du calendrier éditorial fait que mon roman où je raconte l'enlèvement de Lakshmi Mittal par des Liégeois est disponible en poche depuis le 6 octobre. Il ne résoud rien, c'est certain, mais il ose rêver que quelques types, quelque part, au lieu de rester assis à attendre un miracle, se lèvent et kidnappent l'un des hommes les plus riches du monde, celui qui a mis tous les ouvriers dans la merde.
09:17 Publié dans Ecriture, Liège | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arcelormittal, liège, ougrée, fermeture, haut-fourneau, nicolas ancion, lakshmi mittal, roman | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
07/09/2011
Balade littéraire pour les Journées du patrimoine
Cette année, les Journées du Patrimoine ont choisi pour thème "Des pierres et des lettres". Elles invitent à redécouvrir les sites et monuments de Belgique sous le regard torve des littérateurs.
C'est ainsi que la commune de Soheit-Tinlot, fortement malmenée dans mon roman "Ecrivain cherche place concierge" vous convie à une jolie balade littéraire à la découverte du "plus laid village du monde" (si l'on en croit le roman).
Voici l'invitation. Si vous avez envie de découvrir un village du Condroz autrement, ce week-end, laissez-vous guider !
JOURNÉES DU PATRIMOINE
10 et 11 septembre
LE VILLAGE de SOHEIT-TINLOT
Soheit-Tinlot est-il en train de renaître de ses cendres ? Une petite balade au cœur du vieux Soheit nous fera découvrir les curiosités cachées de ce petit village condrusien. Avec le regard critique de Nicolas Ancion, qui traite le sujet dans «Écrivain cherche place concierge», nous chercherons à comprendre comment ce patelin survit aux avatars du 21e s.
• Organisation : École Sainte-Reine de Tinlot.
• Ouverture : samedi et dimanche de 14h à 18h.
• Visites guidées : samedi et dimanche de 14h à 18h toutes les heures par groupe de 10 visiteurs max. (durée : 1h).
• Animation : pour les adultes et les enfants, circuit de découverte en compagnie des élèves de 5e et 6e primaire de l'école Sainte-Reine.
• Renseignements : 085/51 10 29 (du lun. au ven. de 9h à 16h).
09:55 Publié dans Rencontres publiques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nicolas ancion, soheit-tinlot, ecrivain cherche place concierge, balade, journées du patrimoine, 2011 | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
24/07/2011
Le Poète fait sur scène - fêtons le théâtre loin d'Avignon
A l'occasion du festival "Nous n'irons pas à Avignon" à Gare au Théâtre à Vitry-sur-Seine et pour célébrer le célèbre festival de théâtre (presque du même nom) dans la Cité des Papes en même temps (ben oui, on peut manger à tous les râteliers, quand on a la dent longue), voici un premier texte extrait du recueil "Le Poète fait sur scène" - les aventures du poètes, tome 3 (paru aux Editions de la Gare dans le livre "Sans faire de bruit sans faire de vagues".
Bonne lecture et bel été à vous !
Entrée en scène
On a vu le poète entrer
Dans une cabine téléphonique
C’est ce qu’on dit
Il n’en est pas sorti
Il n’en sort jamais
Il a cédé la place à un grand type costaud
Les cheveux longs les joues hirsutes
Avec une voix de cave qui réchauffe les femmes
Et un regard de braise qui les fait grésiller
Le poète a changé de rôle
Le voici comédien
Homme de théâtre dit-il
Comme on dit homme d’Eglise
Homme d’Etat homme du monde
Homme orchestre
Homme battu
Homonyme
Je me fonds dans la foule
Je me fais taximan je me fais violence
C’est pour sentir le rôle
Et le poète inspire une grande bolée d’air frais
Qui aère ses veines
Lui ventile le cerveau
Je ne suis plus qu’un homme objet
Au service du texte dit-il
Je suis un mot dans une phrase
Une phrase dans un très beau discours
Un discours dans la bouche d’un personnage
Un personnage perdu à la surface du monde
A un moment donné et vite repris
Par le torrent du temps
Je ne suis même pas ça dit le poète
Je suis une petite lettre un accent
Dans un mot du discours
D’un pauvre type sur la terre
Que je ne suis pas
Un quidam
Que je rêve à haute voix
C’est ça mon boulot de comédien
Dit le poète fort en verve
C’est comme ça que je suis désormais
Je me fonds dans la foule
Je me coule
Une pierre au fond de la rivière
Et j’observe
Le plus beau des silences
Un silence habité
Un silence qui vibre
Le silence de la scène
C’est mon silence à moi
Dit le poète
Accoudé au bar
Aux côtés d’une rousse à gros seins
Je suis comédien
Sans boulot pour l’instant dit-il de sa voix chaude
Mais j’observe le monde
Rien que dans ce décolleté
Et dans vos yeux
Je lis tout le tumulte
Toute la violence et la beauté
Du monde qui nous entoure
Evidemment si je pouvais voir plus bas
Plus loin encore
Ce n’est pas moi qui souhaite
C’est la méthode
Actor’s studio Stanislavski
Tout doit finir au lit c’est bien connu
Si je pouvais approfondir
Vous saisiriez
La mesure de mon talent
Et toute ma verve
Le poète à longs cheveux se prend un verre de Schweppes
Droit sur les joues bien drues
La rousse s’est défilée
Restent la bière et le bar
Les deux autres piliers
De la carrière d’acteur
10:30 Publié dans À lire en ligne, Ecriture, Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : avignon, gare au théâtre, théâtre, poésie, nicolas ancion, les aventures du poète | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer