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07/03/2012

Une nouvelle à lire sur ONLiT

La revue ONLiT publie aujourd'hui son 100e texte en ligne.

Un joli score et un travail éditorial de longue haleine qui mérite le détour : textes toujours courts et incisifs, dérangeants ou dérangés, émouvants ou émus... à vous de les découvrir.

Et comme j'ai eu l'honneur d'être invité à proposer un texte pour cette 100e publication, je vous propose ici le début. Et j'espère que vous irez sur le site d'ONLiT pour lire la suite.

Bon amusement !

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TANT DE CHIENS

Il y a des jours, comme ça, où on ferait mieux de ne pas se lever. Le bocal de Nescafé est vide, la bonbonne de gaz lâche son dernier souffle quand on est sous la douche et on finit, trempé et glacé, par essuyer ses aisselles encore savonneuses avec la première serviette qu'on trouve, juste avant de se rendre compte que c'est celle qu'on a utilisée la veille pour transporter un chien mort. Et s'il y a bien un truc qui pue plus qu'un chien mouillé, c'est un chien écrasé dont les tripes pendouillent sous l'abdomen. Vous pouvez me croire, je sais de quoi je parle. Je ne suis peut-être pas vétérinaire mais je connais ce genre de drame mieux que personne.

 

Mon boulot à moi, ce n'est pas détective, c'est plutôt nettoyeur privé. Pas du genre qui éradique les cafards et les puces, ces trucs-là sont trop tenaces pour moi, ma spécialité, ce sont les encombrants : les concurrents, en affaire comme en amour, ceux dont on veut se faire quitte à bon compte. J'ai ouvert une petite agence de services aux particuliers, j'ai mon bureau près de la machine à fléchettes au fond du bar Chez Josiane, je suis juste à côté des toilettes, c'est pratique pour évacuer ce que j'ingurgite à longueur de journée et l'odeur évite que mes clients ne s'attardent trop pour  raconter leurs malheurs. Certains habitués du troquet s'imaginent sans doute que je tiens une permanence politique. C'est vrai que mon boulot n'est pas très différent, au fond. Les gens viennent me confier leurs petits soucis ou leurs grosses emmerdes, ils me disent de qui ils souhaitent se débarrasser et moi je leur rends service. Même si je ne fais pas ça pour récolter des voix mais pour récolter des sous, à vrai dire, au bout du compte, le résultat est le même. Parce que le politicard, s'il veut des voix, c'est pour être élu, et s'il veut être élu, c'est pour toucher le salaire. On fait le même genre de travail avec les mêmes objectifs : on est au service du public. (Lire la suite sur ONLiT)

07/04/2010

Une nouvelle disponible sur ONLiT

Le site littéraire ONLiT, animé par Benoît Dupont (Edgar Kosma derrière son clavier), vient de publier une courte nouvelle que j'ai écrite. Elle est disponible en libre accès, n'hésitez pas à aller la lire, si vous en avez l'envie.

Je vous copie ici le début du texte, libre à vous de filer ensuite sur ONLiT pour découvrir la fin !

 

Senteurs d'été


Le problème, avec les femmes que j’aime en été, c’est qu’elles puent. Une odeur forte, une odeur de cire moisie, de cave humide et de terre qu’on retourne.

Peut-être que je les choisis mal, peut-être que je ne sais pas les entretenir, n’empêche, suffit que je m’endorme à leur côté pour que je me réveille au milieu de la nuit, le corps trempé, le front ruisselant, le nez rempli de cette odeur de viande pas fraîche.

En hiver, je n’ai pas les mêmes problèmes, je dors la fenêtre ouverte et la fraîcheur du soir les aère sans effort. Mais en été, c’est pas pareil.

Et pour lire la suite, c'est ici.

21/07/2009

Porte close

1184695892.jpgJe pense que cela faisait des siècles que je n'avais plus eu besoin de pisser de façon aussi pressante. A se demander si c'était la bière, le thé, le café ou l'âge tout simplement, qui agissait ainsi sur ma pauvre vessie. J'en aurais hurlé de mal. J'avais même imaginé un moment me soulager sur un mur aveugle ou dans l'encoignure d'une porte cochère, mais les bâtiment abandonnés étaient tellement nombreux que je ne parvenais pas à élire celui qui serait le théâtre de mon incivisme. Il faisait chaud à suer des litres. La chaleur m'accablait pourtant moins que mon besoin pressant. A tel point que j'avais fini par courir dans la rue sur les trois cent derniers mètres, que j'avais grimpé les escaliers quatre à quatre, le trousseau à la main, les toilettes en ligne de mire. Je serrais la clef de mon appartement entre le pouce et l'index, le gorille poilu qui faisait office de porte-clef balançait au bout de sa banane comme un tarzan qu'on aurait cousu à sa liane. Quand j'ai enfoncé la clef dans la serrure, j'avais la conviction qu'on avait remplacé ma vessie par un ananas entier et que l'écorce rigide et venait s'enfoncer à l'intérieur de mes entrailles contre un organe particulièrement sensible.

La porte était fermée.
Pour de bon.

Pas comme on dit j'ai fermé la porte, dans un geste machinal, pour être en ordre, en un seul mouvement de poignet, avec sa conscience et sa compagnie d'assurance, pour garantir qu'il y aura bien effraction si quelqu'un tente de s'introduire chez vous en votre absence. Non, je n'étais pas absent, bien au contraire, j'étais de retour et la clef ne tournait pas. Ni dans un sens, ni dans l'autre. Dans ma propre serrure !

Pour les toilettes, c'était loupé. Et c'était le plus urgent. Fallait trouver une solution de rechange. J'ai dévalé les escaliers en sautant les deux volées d'un bond, j'ai tambouriné à la porte de mon voisin du dessous. Pas de réponse. En plein mois d'août, avec la chaleur qu'il faisait, j'aurais moi aussi déserté les lieux au plus vite. Je tentai ma chance au premier, sans plus de succès.

L'ananas avait pris la dimension d'une pastèque, sans perdre ses épines pour autant. Plus j'y pensais, plus ça pressait. Au rez-de-chaussée, il y avait les vélos, les sacs poubelles et, cadeau de la providence et de l'architecte réunis en une seule pensée salvatrice : la porte de la cave. Dans le couloir, la flaque et l'odeur auraient attiré l'attention de toute la maisonnée ; on aurait posé des questions, cherché des coupables. Mais la cave...

L'interrupteur, en haut de l'escalier, n'alluma rien du tout. Il cliqua et recliqua, dans le noir, sans effet. Tant mieux : s'il faisait vraiment sombre, c'est que personne ne mettait plus les pieds dans ce coin du bâtiment depuis des lustres. La preuve, je louais cet appartement depuis six ans, c'était la première fois que je descendais l'escalier. Si je n'avais pas arrêté de fumer des années plutôt, j'aurais certainement sorti mon briquet ou des allumettes, mais je n'avais rien de ce genre dans mes poches, aussi, je descendis jusqu'à la dernière marche a pas de charge et c'est de là que je déboutonnai mon jeans, pour soulager mes entrailles. Le passage de l'urine chaude et torrentueuse me remplit d'aise. Voilà un plaisir intense que le confort nous évite : à force de se soulager régulièrement, on oublie à quel point c'est délicieux de pisser pour de bon après des heures d'attente. Le bruit de mon urine tombant sur le sol dur (de la pierre ou de la terre battue, à en juger par le son) mit ma pensée en marche...

Comment se faisait-il que ma clef n'ouvrait plus ma porte ? Peut-être quelqu'un avait-il fermé la porte de l'intérieur ? Mais qui ? Je vivais seul depuis des mois, personne n'avait la clef, pas même un ami ou des parents. Le propriétaire, alors ? Comment se serait-il retrouvé chez moi et pourquoi aurait-il fermé derrière lui ? Ça ne tenait pas debout. Il avait peut-être carrément changé la serrure ? Je regardai le porte-clef, il pendait à présent de ma main gauche : c'était bien mon gorille, rien d'extraordinaire à ça, toujours la même banane et les deux mêmes clefs. Peut-être avais-je tout simplement mal tourné. La nervosité, l'urgence...

Je remontai l'escalier, le sourire aux lèvres. Je souris devant les portes de mes voisins : quelques minutes auparavant, je les aurais bien défoncées et là, elles me semblaient si gentiment closes que j'en étais ravi.

Arrivé devant la mienne, je regardai le barillet avec attention, il n'était pas neuf. Impossible cependant de dire s'il y avait ou non une clef à l'intérieur de la serrure. Mais c'était l'explication la plus plausible. Qui alors ? Ma femme ? Je n'en avais pas. Un colocataire ? Pas plus. Du moins, pas que je me souvînt. Je n'allais pas démonter ma porte...

Pour quelle raison peut-on bien changer la serrure d'un locataire ? Pour l'expulser ? Absurde, j'avais payé tous mes loyers. Pour faire une blague ? L'endroit était un peu sordide pour une caméra cachée. Et je n'avais de toute façon pas d'amis farceurs. Pas d'amis du tout, d'ailleurs. C'était pour cela que je passais le plus clair de mon temps aux terrasses, à descendre des bières avec des inconnus.

Je frappai à la porte. Pas de réponse, comme je m'y attendais.

C'était peut-être un de ceux-là qui avait changé ma clef pour rire un peu à mes dépens. Je regardai attentivement mon trousseau : rien ne ressemble plus à une Yale que toutes les autres, elles sont toutes pareilles. Ça ressemblait à la mienne mais ça pouvait être une autre. Rien ne servait de rester ici, la porte n'allait pas s'ouvrir toute seule.

Je descendis l'escalier d'un pas lent et m'assis sur le seuil. Il n'y avait personne dans la rue. De temps en temps, une voiture passait en vrombissant.

Si je défonçais ma propre porte, j'allais avoir des ennuis. On me foutrait dehors, probablement. Tapage diurne, bris de porte, les propriétaires n'aiment pas ça. Pour appeler un serrurier, il aurait fallu un téléphone. Je n'avais pas le courage de marcher jusqu'à la cabine pour le moment. N'avais pas envie non plus de payer un professionnel pour une bête blague de café. Je me suis rappelé que j'avais bu tout l'après-midi et ça m'a donné envie de m'assoupir. C'est ce que j'ai fait.

Quand je suis revenu à moi, la nuit était tombée et un filet de bave avait coulé de la commissure des lèvres jusqu'à mon menton et mon t-shirt sale. Je l'essuyai d'un revers de la main et me relevai : c'est alors qu'un type tout maigre sortit de la maison avec mon trousseau en main. Il m'agrippa par la manche (pourtant courte) et me colla contre le mur du corridor.

- T'habite à quel étage, pauvre type ? Tes clefs n'ouvrent aucune porte !

J'aperçus mon portefeuille par terre, entouré de mes papiers d'identité. On m'avait fait les poches pendant ma sieste.

- Tu réponds ?

J'avais envie de lui dire que je n'en savais plus trop rien moi-même, mais son haleine de chaussure sale et les pustules rouges sur sa peau pale ne me donnaient aucune envie de collaborer. Le type n'était pas gras, je n'étais pas fort au combat de rue, mais je pouvais tenter ma chance : si je parvenais à attraper l'antivol du vélo, au pied de l'escalier, je pourrais lui balancer la chaîne à la figure et le foutre dehors. J'entendis alors le craquement sinistre d'un panneau de bois qui vole en éclats.

- Eh, Fix, chuchota une voix d'en haut de l'escalier, j'ai ouvert, viens vite.

Le gars tout maigre me lâcha d'un coup et monta l'escalier. J'entendis ses pas grimper jusqu'au dernier étage, jusqu'à mon appartement.

Un de mes problèmes était résolu : la porte était ouverte.
J'ai pensé à ma cuisine en désordre, à mon lit défait, à mon vieux pick-up et aux trente-trois tours griffés : il n'y avait rien de valeur chez moi.
J'ai ramassé mon portefeuille, les papiers d'identité y étaient encore : je l'ai fourré dans ma poche. Je suis descendu dans la rue, l'air était chaud.

Je me suis éloigné d'un pas calme.

J'avais envie d'une bière bien fraîche et de quelqu'un à qui raconter mon histoire.

 

PS : En fouillant mon disque dur, à la recherche d'un autre texte, je suis tombé sur celui-ci et je l'ai mis en ligne, c'est toujours comme ça que cela se passe. On veut faire un truc et on en fait un autre.

C'est une nouvelle écrite à la demande du mensuel C4 (le journal des chômeurs, pas celui des explosifs), il y a quelques années, en 2004, pour être précis. Ce sera mon petit cadeau d'été pour la fête nationale de Belgique.

Bonne lecture à toutes et tous !

la photo vient d'ici

 

25/03/2009

Et zou, encore une interview

Puisque les étudiants sont nombreux à passer sur ce blog à la recherche d'informations bizarres et de réponses à des questions étranges, je place ici une interview publiée ce mois dans le magazine BSC News, dans le cadre d'un numéro consacré à la nouvelle. Ça les aidera peut-être à boucler le travail qu'on leur demande dans le cadre du cours de français ? Qui sait ?

Allez, je me tais, je parle déjà assez dans les quatre pages qui suivent !

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28/12/2007

Les playmobiles sont en marche

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A découvrir aux éditions Le Grand Miroir (groupe Luc Pire).

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