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18/11/2010

Interview à l'université de Sherbrooke

Nicolas Ancion: «On n’est jamais écrivain qu’aux yeux des autres»

15 novembre 2010

À 40 ans, Nicolas Ancion a réussi son pari: vivre de sa plume. Mais c’est en 1995 que ce Liégeois d’origine a publié son premier roman, Ciel bleu trop bleu, «qui intrigue la critique par sa poésie absurde et cruelle». Aujourd’hui, j’ai décidé de vous ouvrir la porte de cet écrivain multi-genres qui a un regard très humble sur son parcours et de nombreuses idées dans ses cartons.

Christelle Lison 

Le Collectif (LC): Qu’est-ce qui vous a amené à devenir écrivain?

Nicolas Ancion (NA): On n’est jamais écrivain qu’aux yeux des autres, et encore, pas dans toutes les circonstances: quand je vais chercher mes enfants à l’école, je suis le papa de Lucie et Joseph, quand je prends le train je suis un passager, quand je suis dans la queue à la caisse du supermarché (épicerie), je suis un client et ainsi de suite. On ne décide pas de devenir écrivain, je pense, on le devient aux yeux des autres un peu par accident. En revanche, j’ai toujours aimé écrire et imaginer des histoires. Ce plaisir-là n’a pas changé avec les années, même si aujourd’hui, je ne fais plus que ça et que je n’ai plus d’autre métier à côté.

J’ai publié pendant 13 ans sans en faire mon métier, puis je me suis rendu compte que ça ne me tomberait pas dessus par hasard, un beau matin. Si je voulais vivre de l’écriture, il fallait d’abord que je m’y consacre entièrement. Le succès viendrait peut-être ensuite. Cela fait trois ans que j’ai fait le pari de vivre de ma passion et jusqu’ici tout va bien. Croisons les doigts (mais ne nous croisons pas les bras).

(LIRE LA SUITE SUR LE SITE ORIGINAL)

Cette interview a été publiée le 16 novembre 2010 sur le site Le collectif, journal des étudiants de l'Université de Sherbrooke.

17/11/2010

Dans Bain à Bulles, ces dernières semaines

Je tiens sur le site Bibliobs une chronique consacrée à la BD, où je parle des albums qui me tiennent particulièrement à coeur (ou de ceux dont les auteurs ont pris mes enfants en otage, c'est la dure loi de la jungle dans le monde de la BD aujourd'hui. Avec les milliers de parutions en français et une invasion asiatique qui redouble d'intensité, seuls les plus forts et les plus rusés triomphent, que voulez-vous...).

Comme vous avez peut-être envie de lire de beaux albums, n'hésitez pas à aller y faire un tour. D'ailleurs, pour vous y inciter, je n'hésite pas à publier ici la liste des albums dont j'ai parlé ces dernières semaines. Piochez-y sans ménagement :-)

Bonnes lectures !

Nicolas de Crécy, « Salvatore, 4 tomes », Editions Dupuis.

Laurent Astier, « Cellule poison, 4 tomes », Editions Dargaud.

Pierre Maurel, « Blackbird », autoédition.

Anouk Ricard, « Anna et Froga, tome 4, Top Niveau », Éditions Sarbacane.

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Rudy Spiessert et Hervé Bourhis, « Naguère les étoiles, tome 2, » Éditions Delcourt.

Robert Kirkman et Charly Adlard, « Walking Dead, tome 12, Un monde parfait », Éditions Delcourt.

Hippolyte, « Brako », Éditions Sarbacane.

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Régis Hautière et Davide François, « De briques et de sang », Casterman, collection KSTR. 

Fred Neidhardt, « La peur du rouge », Éditions Delcourt, coll. Shampooing.


Riad Sattouf, « Retour au collège », Éditions Marabout, coll. Marabulles.
 

Dimitri Planchon, « Blaise, opus 2 », Glénat, collection 1000 feuilles.

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16/11/2010

L'Europe : qu'est-ce que c'est ?

twitt.jpgSuite à une question posée sur Twitter, j'ai sorti de mon disque dur un texte écrit il y a dix ans, après l'expérience terrible du Train de la Littérature Europe 2000.

Ces quelques lignes sont le début d'une longue nouvelle intitulée "La fuite des cerveaux" (on peut même la trouver en ligne au complet, pour ceux qui aiment utiliser habilement Google). Elles répondent assez bien à la question posée. (La voici, cette question "Je m'interroge : l'Europe, n'est-ce qu'une succession d'institutions dont on ne comprend rien du tout, en fait ?" et elle était posée par _slakh)

Et comme cette semaine se déroule à Cognac le festival Littérature européennes, il me semble que tout cela tombe bien...

 

 

Commençons par une expérience toute simple.

Prenez un seau d’eau. En plastique ou en métal, peu importe. Un seau galvanisé dans le nord de la Ruhr ou moulé dans une fabrique en Roumanie, ça ne fait aucune différence. Tout comme pour l’eau : de l’eau de pluie acide récoltée au cœur de la Forêt Noire ou de l’eau ferrugineuse lithuanienne, prenez celle que vous avez sous la main. L’essentiel est d’avoir un récipient rempli d’eau. Une baignoire ou une cuvette de W.-C. d’ailleurs feront tout aussi bien l’affaire.

A la surface de l’eau, déposez une tranche de pain blanc. Ou gris. Du pain de mie. Une tranche bien large. Posez-la à la surface de l’eau. Regardez le tout. Regardez bien.

C’est la Terre. Il y a quelques millions d’années.

Maintenant déchirez la tranche de pain en plusieurs morceaux, remuez l’eau avec votre main et choisissez un morceau qui flotte, au hasard.

C’est l’Europe.

Un bout de terre qui s’est lentement détaché du Pangée puis a dérivé pendant des millénaires.

Rien de plus, rien de moins.

Sur le bout de pain, si vous en avez l’envie, vous pouvez imaginer des fourmis, des moineaux, des autoroutes. Des centrales nucléaires, des barbelés et des pigeons qui s’envolent vers les nuages gris. Des fraises et des haricots.

C’est encore l’Europe.

Un bout de terre, un morceau de planète, qui s’évade lentement. Mais la terre est ronde. Et même à toutes jambes, on ne peut pas fuir très loin. Si vous regardez bien, vous verrez peut-être les tas de types qui s’accrochent au bout de pain pour ne pas glisser dans l’eau qu’il y a autour. Et qui tapent sur les doigts du voisin pour qu’il tombe en premier. Regardez bien, levez les yeux, vous ne verrez que ça. Ce n’est pas toujours drôle.

Alors, si vous préférez, vous pouvez vous asseoir au pied du seau et regarder votre croûte de pain à la loupe. Avec un peu de chance, si vous avez de bons yeux, vous apercevrez un train minuscule qui a quitté Lisbonne.

10/11/2010

15 auteurs en 15 minutes ? Mais ça prend 15 secondes...

La chaîne fait le tour des blogs en ce moment et, comme j'ai reçu une invitation insistante, je m'y mets moi aussi.

 

nico.jpgVoici tout d'abord le principe :

  Ne prenez pas trop de temps pour y penser. Quinze auteurs (incluant les poètes), qui vous ont influencé et que vous garderez toujours dans votre cœur. Listez les 15 premiers dont vous vous souvenez en moins de 15 minutes.

(Note personnelle, avant de m'appliquer à l'exercice : 15 minutes pour 15 auteurs, c'est un peu généreux, surtout si on veut que la liste reflète les premiers qui viennent à l'esprit) 

 

J'y vais.

1. Georges Perec

2. André Baillon

3. Henri Michaux

4. Fernando Arrabal

5. Roger Vailland

6. Eugène Savitzkaya

7. Mark Z. Danielewski

8. Boris Vian

9. Christian Gailly

10. Alexandre Dumas

11. René Philippe

12. Jacques Sternberg

13. H.P. Lovecraft

14. René Goscinny

15. Franz Kafka Paul Emond

 

Bon, la liste est parfaitement bordélique, si vous voulez plus d'information, vous pouvez toujours demander, je répondrai volontiers.

 

Et si vous avez envie de vous livrer à ce petit jeu vous aussi, n'hésitez pas. D'ailleurs, juste pour le plaisir, je me demande ce que répondraient Didier Millotte, Thierry Crouzet ou Paul Emond, que j'ai cité en lieu et place de son copain Franz.

 

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Je les ai tous trouvés en photo dans les éditions que j'ai lues sauf "la Pierre de la Folie" d'Arrabal que j'avais lue dans la version Bourgois.

 


08/11/2010

Mardi 9 novembre à Bruxelles : rencontre

cz1.jpgCe mardi soir, le 9 novembre à 20h30, je serai au Jardin de Ma Soeur, à Bruxelles pour une rencontre avec des expatriés tchèques, autour de mes livres et, en particulier de mon recueil "Nous sommes tous des playmobiles", traduit en tchèque sous le titre "Jak Spravne Zabijet" (qui veut dire "J'apprends à bien tuer", surtout quand on met les accents au bon endroit, comme sur la couverture à droite).

Bienvenue à toutes et à tous !

bloplaymobiel.jpgLa rencontre se fera en anglais, donc, je profite de l'occasion pour inviter les néerlandophones, qui ont peut-être lu la traduction de Marc Tiefenthal, publiée chez Vrijdag, que vous voyez à gauche ! Et s'ils ne l'ont pas encore lue, ils auront peut-être envie de le faire ensuite...

Allez, à mardi soir, qui sait ?

 

Un bon écrivain est un écrivain mort

enard1.jpgEn ce jour d'enterrement littéraire de première classe, de remise de prix au cœur de Paris, un texte amusant m'est revenu en mémoire, il est signé par Jean-Pierre Enard, décédé en 1985. Est-il le père ou l'oncle de Mathias Enard, finaliste du Goncourt ? Je n'ai pas trouvé l'info, peu importe d'ailleurs, le texte est stimulant et tonique, il mérite qu'on en relise deux tranches (que j'ai habilement choisies pour vous donner envie de lire le reste).

 

Un bon écrivain est un écrivain mort

 

Jean-Pierre Enard

 

(Editions Finitudes, 2005)

 

La France, c’est connu, aime la littérature. Quel que soit son régime, elle est folle de ses écrivains. A une condition, une seule, minime, certes, mais indispensable : qu’ils soient morts. Pour les vivants, qu’ils crèvent. La postérité fera le tri.

On tolère quelques exceptions. Ceux dont la rigueur cadavérique, le ton blême et l’écriture sépulcrale permettent d’avoir des doutes. Sont-ils morts ? Sont-ils vivants ? On ne sait plus. Mais s’ils sont vivants, ils ne le sont guère. On peut leur pardonner.

(…)

On en arrive à cette mystification : le grand écrivain français vivant n’existe pas. Il s’appelle Julien Gracq, Jean-Marie Gustave Le Clézio ou Marguerite Yourcenar. Des ombres qu’on frôle à peine et qui semblent hors du temps, hors de la chair, hors d’eux-mêmes. Parfois, l’un de ces zombies entre à l’Académie. On s’aperçoit alors qu’il a deux pieds, comme vous et moi, qu’il tient dessus pour lire son discours de réception et que, quand il est fatigué, il s’assoit. On est déçu. Surtout qu’il arrive que le grand écrivain qu’on croyait immatériel se gratte le mollet en public. On se rattrape. On décide qu’on s’était trompé. On a jugé trop vite. On le renvoie sur son rocher, là-bas, où on ne le verra plus. On essaie de l’oublier, comme un chagrin d’amour. Plus tard, bien plus tard, on le redécouvrira. Il sera peut-être mort dans la misère. C’est toujours bon, pour l’avenir.

Sinon, si vous continuez comme Calet, comme Perros, comme Reverzy, de respirer l’air du temps et de vous nourrir de pain quotidien, il vous faudra, comme eux, payer le prix. Publier avec l’assentiment agacé des journalistes qui trouvent que vous écrivez trop. Pour les fruits secs que sont les critiques et les professeurs qui décident de la mode, écrire, c’est forcément écrire trop. L’idéal, pour mériter leur considération, c’est un livre de quatre-vingt-deux pages tous les douze ans. Louis-René des Forêts, voilà l’écrivain type qu’on peut encenser sans danger d’être obligé de le lire. Si vous faites plus, un livre tous les deux ans, ou, horreur, tous les neuf mois, c’est du lapinisme. Il n’y a plus que les pauvres pour avoir des familles nombreuses. Il n’y a plus que les pauvres pour être obèses. Un écrivain qui écrit est donc un écrivain pauvre. Ou, si vous préférez, un pauvre écrivain...

 

enard2.jpgJe n'en copie pas plus, je vous laisse le plaisir de savourer ce texte dans le livre original, publié par les éditions Finitudes sous le titre Un bon écrivain est un écrivain mort. Et vous pourrez télécherger la totalité du premier chapitre gratuitement sur le site de l'éditeur.

Dommage que Jean-Pierre Enard soit mort, tout de même, car ce texte à lui seul suffit à en faire un bon écrivain ;-) Et dire qu'il a été rédacteur à Pif et directeur de la Bibliothèque Rose !

03/11/2010

48h avec Crouzet

Si vous ne connaissez pas encore Thierry Crouzet, il est temps de vous y mettre.

 

Alors que des brouettées entières d'auteurs cherchent encore le bon dosage entre le web et le papier, leur écriture de blog et les publications en librairie, Crouzet s'assied des deux fesses sur cette vieille frontière et attaque l'écriture numérique sur tous les fronts. Il a trois idées par heure au moins, comme la plupart des auteurs, mais il en exploite et en explore au moins une par jour dans son blog. Il la décortique et la partage, pour qu'elle en fasse naître de nouvelles. Ou pour s'en débarrasser, c'est selon.

 

Je n'ai pas envie de commenter ici tout ce qui se dit là-bas, dans ce blog abondant, j'ai l'habitude de commenter sur place les billets qui me donnent des idées (et ils sont nombreux car la pensée de Crouzet, polémique et sitmulante, est contagieuse). Allez donc y voir.

 

tunethumb.jpgMais j'ai eu le plaisir de participer à une aventure collective, initiée par Thiery Crouzet, qui consistait à rassembler, en quelques heures, un collectif de personnes de bonne volonté prêtes à donner un coup de main pour éditer une nouvelle, intitulée "La tune dans le caniveau". Il fallait des éditeurs pour lire et corriger le texte, des relecteurs pour l'orthographe, des graphistes, des metteurs en page, des diffuseurs en ligne, des blogueurs et on a tout trouvé très vite et chacun y a mis du sien.

 

L'idée était tout simplement de voir si une coopérative d'internautes pouvait remplacer une structure éditoriale traditionnelle. Techniquement, il n'y a pas de doute, c'est réussi.

 

Le livre est désormais achevé et disponible, on peut le lire en ligne, le télécharger sur des tas de machines, l'acheter en librairie ou en ligne en version papier ! Tout cela se passe ici : La tune dans le caniveau. Et, pour la première fois, le prix est complètement variable : selon le service que vous souhaitez (un livre papier, un fichier PDF, un fichier pour iPhone...) le prix varie. Le texte est même carrément gratuit sur un simple clic, à condition (il y va de votre honneur) que vous veniez ensuite payer si vous avez aimé le texte.

 

Alors qu'attendez-vous ? Que je vous donne mon avis ?

 

Bon, d'accord, même si je suis très mal placé pour juger.

 

Disons, pour ne pas trop dévoiler la chose que l'histoire se passe dans un futur proche. Le monde est particulièrement fliqué, observé. Un vieil homme, respecté, doit prononcer un discours dans un haut lieu de la culture française, alors que la société semble au bord de l'effondrement. Sa fille, résistante de premier ordre, veut se mêler à la foule pour entendre les mots de son père.

 

Rapide, efficace, le récit de Crouzet utilise bien entendu l'anticipation pour parler de notre monde, de ses dérives et de l'espoir qui peut encore le traverser. La tune dans le caniveau est une nouvelle qui fait réfléchir sans peser, ni dans la tête, ni dans le portefeuille.

 

Et pour ceux qui ont la chance d'habiter dans l'Aude, je serai demain soir, le jeudi 4 novembre, en compagnie de Thierry Crouzet et de Didier Millotte, pour une soirée littéraire animée, à la bibliothèque d'Espezel (à partir de 18h) puis avec le même trio le lendemain, le vendredi 5 novembre, à la bibliothèque de Mouthoumet (dès 18h aussi). Ces deux rencontres sont organisées par la Bibliothèque départementale de l'Aude.

 

Venez nombreux. Et si vous ne venez pas, vous n'avez qu'à visiter le blog de Thierry Crouzet pour y lire le compte-rendu. Ou celui de Didier Millotte pour voir les dessins ! Dans les deux cas, vous ne regretterez pas le voyage.