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28/02/2009

Dérapage 02 - délires incontrôlés

DERAPAGE2couvWEB.jpgIls viennent de cette partie de la Belgique qu'on dénomme le Pays noir et cela explique peut-être pourquoi Mashall Joe et Dampremy Jack cultivent un humour de la même couleur.

Dans ce deuxième album qui, comme le premier, se présente sous la forme d'une anthologie d'histoires brèves et délirantes, les Sauveurs de la Terre, deux flics répondant aux mêmes noms que les auteurs de l'album, soit Dampremy Jack et Mashall Joe, sont appelés à la rescousse pour déjouer les plans machiavéliques de Señor Cervella, le méchant de service, qui rêve de tout faire péter, les deux héros comme le reste de la planète. D'enquête en enquête, le mystère reste aussi épais et l'humour fait de même.

Car, dans l'univers de Dérapage comix, tout a fâcheusement tendance à partir en sucette. Les héros sont des sales types, racistes, qui exploitent des enfants pour confectionner des ballons et rêvent qu'on les enterre dans un cercueil Ikéa avec pour épitaphe « Ci-gît l'amant d'Hervé Villard » en lettres gothiques. Horrible, n'est-il pas ?

Les aventures sans prétention de ces deux affreux sont à prendre au troisième degré et tout nous y invite, à commencer par des références abondantes à la pop culture cracra (Village People, Mary Poppins, Queen, Avril Lavigne ou encore le roi Léopold II) et un dessin stylisé, où les personnages ont systématiquement la même tête, puis aussi ces décors géométriques truffés de dessins repiqués dans des gravures, de vieilles cartes postales, des plans de montage Ikéa, voitures tirées de planches Letraset et bien d'autres clins d'œil qu'on prend plaisir à voir surgir au détour des cases.

Tout dans ce petit album est référentiel : les illustrations, les personnages et les aventures elles-mêmes, remixes originaux de vieux classiques (l'affrontement entre les gentils et le méchant, la conversation de canapé typique des sitcoms, le robot géant qui marche sur la ville détruisant tout sur son passage...)

A chaque historiette, la narration se réinvente : plusieurs récits sont entièrement sans paroles (les dialogues dans les bulles sont illustrés par des dessins eux aussi), d'autre se présentent avec une voix off, d'autre encore comme de fausses bd classiques... Et, à chaque fois, ça marche : c'est bête et ça fait rire. D'un rire jaune et complice, bête et méchant comme il se doit.

DERAPAGE2int.jpg

Mashall Joe et Dampremy Jack, « Dérapage comix 02, Les sauveurs de la terre », Warum, 112 pages.

PS : si vous n'arrivez pas à lire sur l'écran, achetez l'album ;-)

17:17 Publié dans Notes de lecture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bd, warum, humour, nonsense, humour noir | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer

26/02/2009

Ces Somnabules sont-ils équivoques?

randall.jpgC'est très bon signe quand on termine une BD et qu'on a du mal à la comparer à une autre. Oui, bien sûr, graphiquement, on peut dire que le dessin de Randall.C ressemble à un grand mélange de toute la nouvelle génération de bédéastes français, au premier rang desquels on retrouverait Blain, Blutch et Pedrosa, sans oublier les inséparables Dupuy et Berbérian. Rien que ça, ce n'est déjà pas mal, pour un auteur Flamand, qui a grandi au pays de Neron et de Bob et Bobette. Mais quand on regarde le récit qu'il développe, on se dit qu'il devait surtout apprécier les délires d'autres compatriotes venus d'Absurdistan, comme Kamagurka (Cowboy Henk) ou Luc Cromheecke (le génial géniteur des aventures de Tom Carbone). Toutes ces comparaisons, de toute façon, ne font qu'approcher le phénomène, pas le cerner, loin de là.

Pour lui rendre justice, il faut le lire tout simplement.

 

randall2.jpgLes somnambules est un récit hors pair, avec un pied chez Lewis Caroll et l'autre chez Henri Michaux, tendance Monsieur Plume, il démarre par un dialogue entre un jeune gars et sa copine, dans un appartement cosy, un vrai « cliché littéraire » de la nouvelle bande dessinée mais tout cela n'est qu'apparences car le fil que l'on suit, en réalité est celui du dialogue, les mots devenant soudain plus forts que les contraintes d'espace et de temps. On parle d'une île et de la mer, on s'y retrouvera bientôt, en un glissement subtil, logique et décalé, qui ne cessera de rythmer l'album, d'un bout à l'autre. Façon marabout - bout de ficelle, se dit-on au premier abord.

Qui dit mer dit marins, qui dit marins dit sous-marin, qui pense à île pense au naufrage, à la baleine, aux indigènes... Randall.C nous offre tout cela dans un feu d'artifice drôle et déboîté, toujours logique dans son glissement absurde, étonnamment cohérent dans sa manière de découdre le récit pour mieux en découdre avec le propos. Car tout finit par faire sens. « Les somnambules » est un grand livre. Un magnifique album, qui inaugure un genre nouveau, qui ne serait pas le roman graphique mais le poème graphique, un développement narratif inédit qui s'intéresse moins au devenir des personnages plongés dans le réel qu'au développement quasi sans limite de leur imaginaire.

Époustouflant et déroutant. Que demander de plus ?

Allez, je vais le relire, pour le plaisir.

 

Randall.C, Les somnambules, Casterman, 110 p. Traduit du néerlandais.

17:02 Publié dans Notes de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, poésie graphique, randall.c, casterman | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer

14/02/2009

Le Petit Nicolas n'a pas pris une ride

pnicolas2.jpg

C'est sans doute l'un des films les plus attendus de l'année 2009 en France, un des projets les plus casse-gueule que l'on puisse imaginer, aussi. Dans quelques mois nous serons sans doute plongés au cœur d'une déferlante marketing innommable, pour nous convaincre, sans avoir l'air d'y toucher, qu'il ne faut sous aucun prétexte rater le film, alors, avant que tout cela ne s'abatte sur nous comme les yeux du Bouillon, j'avais envie de vous dire à quel point le Petit Nicolas est formidable.

Déjà, gamin, porter le même prénom qu'un héros pareil, ça vous pose un lecteur. C'était terrible. C'était un rien chouette, pour le dire comme lui. Les récrés du Petit Nicolas, les vacances du Petit Nicolas, Joachim a des ennuis... J'ai lu et relu tous les tomes qui existaient à l'époque. Je souriais, je riais, emporté par l'humour de Goscinny, amusé par les dessins déprimés de Sempé, qui rendaient à ces formidables aventures une dimension effroyablement banale et solitaire.

Le Petit Nicolas de Goscinny était un héros au verbe fort, qui se battait et pleurait pour un oui ou non.

Le Petit Nicolas de Sempé était un gamin solitaire, fils unique au cœur de la ville, noyé dans un ennui permanent.

C'est la conjonction des deux Petits Nicolas dans les mêmes livres (édités par Folio Junior, en ces temps-là), qui rendaient le personnage si attachant : le héros et l'humain ne faisaient qu'un.

Je ne me suis pas rués sur les nouvelles publications arrivées sur le marché il y a quelques années. Je me contentais de mes souvenirs bien vivaces (Alceste et son grand appétit, Agnan le chouchou, les coups de poing d'Eudes, les yeux du Bouillon...), je n'avais pas envie de les troubler avec des nouveautés.

Puis j'ai commencé à lire les histoires à haute voix à mes enfants. Ils ont 5 et 7 ans, ils lisent toute la journée mais pour le Petit Nicolas, on fait une exception, c'est moi qui lis à haute voix et ils ne regardent les images qu'après la lecture. Ils adorent. Et moi encore plus. J'adore relire ces histoires avec leurs oreilles qui écoutent et mes yeux qui les regardent écouter. Je trouve les textes encore plus attendrissants maintenant que je suis père à mon tour et l'humour qui fait se tordre Lucie et Joseph sur leurs chaises me touche bien plus que lorsque je lisais tout ça à voix basse. Ce qu'on partage en famille est encore meilleur (il faudra expliquer ça aux pro de l'agro-alimentaire, qui emballent tout en sachet individuel, si vous voulez que je mange un Mars un jour, faites donc une version de 800 grammes à couper en tranches).

J'ai hâte de voir le film, moi aussi. Pas parce que le marketing va m'y contraindre mais parce que Sempé + Goscinny + Chabat, ça pourrait donner quelque chose de merveilleux.

Je croise les doigts et je retourne en lire un épisode ou deux.

 

PS : mais pourquoi donc ont-ils transformé le recueil « Joachim a des ennuis » en « Le Petit Nicolas a des ennuis ». Ah ben oui, pour en vendre plus, suis-je bête. Pfff.

12/02/2009

Blaise de Planchon, une BD qui décape

 

blaise.jpgGlénat fête ses quarante ans et s'offre, comme bien d'autres maisons d'édition réputées, un espace dédié aux nouveaux formats et à la nouvelle génération d'auteurs. En clair, il s'agit d'une nouvelle collection, intitulée « 1000 Feuilles » (à signaler au passage, c'est également le nom de l'émission littéraire de la télévision publique belge, la RTBF, qui réserve une belle place au neuvième art, car son animateur, Thierry Bellefroid, est passionné de bande dessinée). La ligne directrice de la collection est simple : tout est possible . Aucun format standard, pagination libre, couleur ou noir et blanc, l'auteur est seul maître à bord et peut faire n'importe quoi, du moment que c'est de qualité.

La preuve concrète de ces bonnes intentions, c'est tout simplement « Blaise », le premier album publié, signé Dimitri Planchon.

Blaise est un petit gamin à la tignasse abondante, enfant unique, flanqué de parents tout droit sortis des seventies : une mère à lunettes surdimensionnées, une cigarette constamment pendue au bout des lèvres, et un père barbu, à lunettes lui aussi. Ils déambulent dans des décors photographiés puis redessinés et colorisés, le corps raide et l'air faussement impassible. Là-dessus, des dialogues décapants, entrecoupés des pensées des personnages, font merveille. On découvre l'univers ravagé dans lequel se débat la jolie famille : un monde où la télé martèle en permanence le panégyrique d'une star du foot et de la vertu, Dabi Doubane, personnalité préférée des Français, puis diffuse la propagande nauséeuse du futur chef de l'état, dictateur populiste. On rit beaucoup, moitié jaune moitié grincement de dents car, sans sombrer dans la vulgarité, Planchon fourre son doigt en plein là où ça fait mal. Petites hypocrisies entre amis, règlements de compte en famille et jalousie de bureau. Qu'on soit devant la machine à café, dans la voiture, à table ou en randonnée dans la nature, les dialogues giclent et rendent absurdes les situations les plus banales.

Le parti-pris graphique, par son néo-réalisme pris au second degré, rappelle les couvertures de Mad Magazine, mais y ajoute une dose de kitsch savoureux.

Pour un premier album dans la collection 1000 feuilles, c'est une belle découverte. Reste à savoir si les autres parutions seront du même tonneau. Certainement pas, puisque le crédo de l'éditeur est de faire différent à chaque coup.

Vivement la prochaine surprise !

Dimitri Planchon, « Blaise », Glénat, collection 1000 feuilles.

Allez, zou, un bout de planche pour juger sur pièce (merci, Glénat!)

 

blaise2.jpg

 

17:00 Publié dans Notes de lecture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bd, planchon, blaise, 1000 feuilles, glénat, humour, kitsch | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer

02/02/2009

Je ne suis pas d'accord avec Beigbeder

 

 

frederic_beigbeder_reference.jpgAllez, rien qu'à lire le titre, vous allez me dire : « Mais on s'en doutait bien, Nico, tu n'es jamais d'accord avec personne. » Et vous aurez bien raison.

N'empêche, dans sa chronique mensuelle dans « Lire », l'ex-publicitaire, ex-présentateur télé, ex-directeur de collection, ex-auteur de best-sellers enrage contre Didier Jacobs du Nouvel Obs, parce que ce dernier a étalé au grand jour les foirages du petit milieu éditorial parisien, dans une chronique où il donnait les chiffres, non seulement des ventes des grosses locomotives littéraires de la dernière rentrée, mais aussi des avances que les auteurs avaient touchées.

Frédéric Beigbeder s'est senti visé et, lui qui a toujours argué qu'il vendait beaucoup pour rejeter les critiques qui disaient du mal de ses bouquins, se fait soudain le chantre de l'art pour l'art et reproche à Jacobs de parler argent là où on ne devrait discuter que de qualité littéraire, de personnges, de thématique et de style. Soit. On peut dire les âneries qu'on veut quand on se sent blessé, c'est le droit de chacun, En état de légitime défense on peut même taper sous la ceinture, ce n'est pas grave.

On peut se montrer con et peu argumenté, c'est un droit inaliénable et les lecteurs pardonneront toujours aux plumes emportées.

Mais on ne peut tout de même pas écrire n'importe quoi.

Je citerai intégralement le passage qui me fait bondir :

Personnellement je me suis toujours réjoui que des éditeurs soient prêts à donner des centaines de milliers d'euros à des auteurs non rentables, considérant que cet argent était toujours plus à sa place dans la poche d'un artiste oisif que dans celle d'un banquier véreux.

Oh, que l'argument paraît juste ! C'est bien mieux de donner de l'argent à des auteurs qu'à des banquiers... qui voudrait s'opposer à ça ? Personne, bien sûr..

Eh bien, si.

Je suis outré.

Parce que ce sont précisément ces avances colossales qui nécessitent des campagnes marketing nuisibles à la création littéraire (pour rembourser les sommes payés à Millet, Angot, Houellebecq, Beigbeder... il faut mettre le paquet pour assurer les ventes, donc occuper l'espace médiatique, donc occuper les tables des libraires, donc préoccuper la critique avec des débats stupides...).

Parce que ces sommes sont prélevées sur le budget des maisons d'édition, par sur celui des banques et que, du coup, les autres auteurs de la maison continuent, eux, à être payés au prorata des ventes, non pas en fonction de leur travail réel.

Parce que les auteurs, dans leur infinie majorité sont traités comme des moins que rien dans le monde du livre (savez-vous que l'éditeur, l'imprimeur, le metteur en page, le chauffeur de camion qui livre les bouquins, l'attachée de presse, le libraire, l'emballeur chez le distributeur et la secrétaire de l'éditeur, tous, absolument tous sont payés en fin de mois grâce à leur travail ?) Il n'y a que l'auteur qui sera payé, si tout va bien, dix-huit mois après les ventes, en fonction de ce qui aura été réellement écoulé de ses livres.

J'ai la chance de toucher des avances sur droit. Elles sont dérisoires mais raisonnables. Elle sont calculées par les éditeurs en fonction des ventes qu'ils attendent, avec tous les paramètres réglés pour envisager le pire des cas (aucune traduction n'est vendue, le livre ne marche pas bien, la presse n'en parle pas). Ces avances, seules, ne me permettent pas de couvrir le temps de travail d'écriture du livre (je ne parle pas, dès lors, du travail de promotion qui l'accompagne). Soyons transparents, je touche entre 2000 et 6000 euros par livre que j'écris. Il me faut entre trois mois et deux ans d'écriture pour écrire un livre ! Faites le calcul...

Si j'avais le double en avance, je pourrais ne plus me tracasser. Je ne serais pas riche mais je ne devrais pas courir sans cesse pour trouver un truc mieux payé que l'écriture de fiction.

Par exemple, je suis mieux payé pour traduire le roman d'un autre que pour écrire un texte original.

On n'est jamais payé correctement comme écrivain...

Pourquoi ?

Parce que les auteurs ne sont pas regroupés, qu'il ne sont ni syndiqués ni revendicatifs, parce que ceux qui touchent de l'argent en réclament toujours plus, y-compris avec des arguments aussi stupides que celui que FB a avancé dans sa chronique.

Pfff.

On n'est pas sorti de l'auberge.

Ceci dit, je ne me plains pas. Je ne fais plus qu'écrire, je n'ai plus d'autre métier à côté, j'ai constamment trois bouquins en cours et autant qui attendent d'être imprimé.

Ça bouillonne, ça pétille et ça marche. Petit à petit, de nouveaux lecteurs sont conquis.

Mais si je m'en sors aujourd'hui, ce n'est certainement pas grâce à l'argent dilapidé par les maisons d'édition lors de la dernière rentrée, c'est un fait!

PS : la photo, c'est FB, elle vient du site de l'excellent hebdo Voir à Montreal

 

29/11/2008

Millenium pour les Nuls

514T6uV2VdL._SL500_AA240_.jpgLa première fois qu'on m'a parlé de Millenium, c'était Sophie Godin, critique bouquin au magazine "Femmes d'Aujourd'hui", des cernes sous les deux yeux, qui avouait avec bonheur ne plus dormir depuis quelques jours, pour avancer plus vite dans le premier ou le deuxième tome.

Puis il y a eu Bouli Lanners, qui a mangé les trois tomes d'affilée. Axelle qui l'a lu dans le lit à côté de moi et me commentait les invraisemblances avec beaucoup d'amusement.

Il y a encore eu des millions de lecteurs en français...

... et je n'ai toujours pas commencé à lire la première page du premier tome !

C'est décidé, je m'y mets : j'ai l'intégrale en CD audio (gagnée par Axelle sur le site Bibliobs), 60 heures d'écoute au total, que j'ai chargée dans mon iPod, je suis prêt à courir entre les vignes en écoutant les aventures de Lisbeth Salander face à tous les Suédois d'extrême-droite.

Soixante heures à écouter, c'est beaucoup, mais c'est beaucoup moins d'effort que trois gros tomes à porter au bout des mains, non ?

Puis c'est la première fois que je teste un livre audio, je me demande si c'est mieux ou moins bien que les lectures de nouvelles en radio... Je vous dirai ce que j'en pense dans quelques temps...

Et vous, vous l'avez lu ? Vous avez déjà écouté un bouquin en CD ?

28/11/2008

L'art contemporain en cases et en bulles

blosaez2.jpgEst-il possible de discuter d'art contemporain avec n'importe qui ? Soyons concret et spécifique. Est-il envisageable de débattre des pièces exposées au Guggenheim de Bilbao avec une vieille mère espagnole, dont la préoccupation principale est le repas du soir et la propreté du ménage ? N'est-il pas plus simple de la laisser mariner devant les soirées « Star Ac' », plutôt « Pospstar » en Espagne, ou « Gente », l'émission pipole que le monde entier envie à TVE ? Juanjo Saez, lui, n'a pas baissé les bras, il affronte brillamment ce défi dans « L'Art - conversations imaginaires avec ma mère », un gros album formidable et passionnant, traduit de l'espagnol par Alejandra Carrasco et publié chez Rackham.

Saez est né en 1972, il vit à Barcelone et collabore comme illustrateur à des périodiques et quotidiens aussi prestigieux qu'El Mundo ou El Periodico de Catalunya, réalise des dessins publicitaires pour les campagnes de Nike et Diesel, entre autres, quand il ne publie pas ses propres livres. Comme celui-ci, qui tente de réconcilier le grand public avec l'art contemporain. A ses yeux, l'art a été détourné par des élites riches et cultivées, qui tentent de le dérober au reste du monde. Les artistes eux-mêmes, dans le but de faire monter leur cote et de flatter leurs acheteurs, ne font rient pour dénoncer ce hold up déplorable. La plupart des gens en sont réduits, face à une œuvre d'art récente, à décréter soit : « ma nièce de six ans ferait la même chose » ou « je n'y comprends rien ». Saez ne se laisse pas abattre, il propose dans ce livre... (lire la suite dans Bain à Bulles sur Bibliobs)

13/11/2008

"Phase 7" d'Alec Longstreth traduit en français

phase7cover.jpgAlec Longstreth m'était un parfait inconnu il y a quelques jours encore, j'ai aujourd'hui l'impression d'avoir passé tant de temps en sa compagnie, à l'écouter parler, surtout, et à le regarder bosser, beaucoup, qu'il m'est presque aussi familier qu'un ami. Je ne l'ai pourtant jamais rencontré mais je viens de dévorer « Phase 7 », une anthologie de ses meilleurs comics, publiée par l'Employé du Moi, à Bruxelles, à destination des lecteurs francophones. Six années séparent les premières pages, droit sorties du fanzine autoproduit Phase 7 numéro 1, en décembre 2002, des dernières planches, et de la préface dessinée expressément pour cette publication.

Longstreth, dont le nom semble imprononçable en anglais comme en français si l'on en croit les récits de l'auteur, est américain et passionné par la bande dessinée depuis la petite enfance, depuis qu'il est tombé sur la collection complètes des aventures de Tintin à la bibliothèque, puis qu'il s'est lancé, avec un copain, dans la collection des publications BD de Disney. Tout le monde n'a pas la chance de naître à deux pas d'une bonne libraire BD, il fallait bien se rabattre sur les comics disponibles et à portée de portefeuille.

Dès les premières planches qu'il dessine pour son fanzine exclusivement autobiographique, il se révèle expert dans l'art de raconter de façon passionnante son existence monotone.(lire la suite dans Bain à Bulles sur Bibliobs)