Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/11/2011

Je me numérise - texte préparatoire

 1.0

 

Je me suis levé ce matin.

Je suis allé jusqu'à la salle de bain pour me raser mais mon miroir a rejeté mon mot de passe.

Il refusait d'afficher mon image.

Juste un écran vide, avec le logo de la brosse à dent et l'icône du dentifrice.

J'ai réessayé une première fois.

Même refus. J'ai recommencé encore.

Je me suis dit que j'avais peut-être laissé la touche majuscule enfoncée. J'ai cherché partout sur mon corps et je n'ai pas trouvé. J'ai voulu balancer le miroir par la fenêtre puis j'ai pensé à combien ça coûtait. Sept ans de malheur et le risque de trancher un passant en deux, dans la rue plus bas.

Il devait bien y avoir une explication.

Je m'y suis pris avec méthode. J'ai marché jusqu'au tableau électrique et j'ai coupé les plombs.

J'ai tout rebooté.

Ça n'a rien changé.

Il a fallu du temps pour que l'appartement se recharge, je voyais le paysage réapparaître peu à peu derrière les vitres.

J'ai tenté de me raser sans me voir mais ça n'a rien donné de bon.

Je me suis entaillé la joue.

Ma pensée s'est mise à dériver suivant un fil tordu, comme du sang qui s'écoule.

Puis le téléphone a coupé le fil et j'ai décroché.

C'était du télémarketing. Une jeune fille voulait me vendre des produits surgelés.

C'est toujours quelqu'un qui cherche à vendre. Sans ça, le téléphone ne sonnerait jamais.

Je ne sais même pas si elle existe, cette vendeuse de surgelés, elle m'a donné un faux nom, elle m'a lu de jolies phrases qui sonnaient creux, ce n'est pas à moi qu'elle voulait parler mais à un client, je n'avais pas envie de recommencer le coup du miroir, me sentir rejeté, j'ai commandé des légumes pour la soupe.

C'est bon la soupe. Surtout les légumes.

Il y avait une promo pour trois sachets.

J'ai pris la promo.

Je n'ai pas de congélateur.

Ce n'est pas grave, j'ai bien senti que je lui faisais plaisir en jouant les clients.

C'est comme ça qu'on joue bien. En endossant le rôle qu'on attend de nous.

 

Le téléphone sonne.

 

VOIX D'HOMME

Vous avez commandé des légumes surgelés ce matin ?

 

LUI

Oui

 

VOIX D'HOMME

Il y a un problème avec votre carte de banque. Le paiement a été rejeté.

 

(A SUIVRE)


Extrait de textes préparatoires à l'écriture de "Je me numérise" pour la Compagnie de la gare (Vitry-sur-Seine)

 

13/06/2011

La rue Sébastien Bottin résiste à Gallimard

#ruebottin, Gallimard, Actualitte, littérature, Sébastien Bottin, rue, J'ai d'abord cru que c'était un gag, comme il en circule beaucoup sur le Net, mais après vérification, il semblerait bien que le projet soit réel : ce 15 juin, la ville de Paris compte rebaptiser la rue Sébastien Bottin, où les Éditions Gallimard ont leur siège, en rue Gaston Gallimard.

 

Le projet est hallucinant : le nom de l'inventeur du bottin (de l'annuaire, donc, des pages blanches, des pages jaunes, des pages d'or...) serait détrôné par celui d'une marque commerciale.

 

Pourquoi pas rebaptiser les places de la gare de toutes les villes de France par un beaucoup plus joli place de la SNCF, mieux encore, par de plus éloquents esplanade TGV, tunnel Lunea ou boulevard Thalys ? Une promenade Airbus, me semblerait tout indiquée ensuite, ou un square L'Oréal, pardon Lilane Bettencourt, dont on reparle un peu, par les temps qui courent.

 

Allez, ne soyons pas grincheux, la ville de Paris a bien le droit de choisir le nom de ses rues. Mais je gage qu'un lobbying forcené amènera bientôt les autorités à trouver une allée Lagardère pour l'un des principaux concurrents du roi des éditeurs, qui doit être bien jaloux...

 

En attendant la manifestation du 15 pour réclamer le maintien de la mémoire de Sébastien Bottin, on peut consulter le fil twitter #ruebottin et le blog consacré au sujet sur actualitte.

 

PS : le logo a été créé par l'occasion par le Studio Walrus, salut à eux !

13/05/2011

Qui vient au théâtre ce samedi ?

Je participe en ce moment au 34e Bocal Agité à Gare au Théâtre.

Du coup, je vous invite très cordialement ce samedi à voir le résultat sur scène.

Voici le programme complet :

 34e BOCAL AGITÉ

Gare au Théâtre, bocal agité, théâtre, écriture, littérature

Gare au Théâtre 
13, rue Pierre Sémard 
94400 Vitry-sur-Seine

http://www.gareautheatre.com

Réservation :
01 55 53 22 22

 

SAMEDI 14 Mai a 19 heures (entrée gratuite)

  •  "Mort au Théâtre" de Nicolas Ancion

Mise en scène par Julien Feder
Avec : Marie Hélène Peyresaubes, Pascale Maillet, Francis Leonesi, Lionel
Zilder et Carine Greilsamer

  • "Learning´ the blues" de Georgia Doll

Mise en scène par Claude Bonin
Avec : Aurélie Gourves, Aurélie Frère, Anne Leblanc, Claire Amouroux,
Mouhcine Mahbouli, Marjorie Bleriot

  • "Le Compte Rendu" de Fabien Arca

Mise en scène : René Chenaux assisté de Geneviève de Buzelet
Avec: Angéline Falaise, Elisa Millot, Annick Cornette, Romain Coquelin

  • "J'irai pas" de Haim Adri

Mise en scène par Mathieu Huot
Avec : Christelle Kerdavid, Marine Pennaforte, Audrey Tarpignan, Alice
Benoist d'Etiveaud, Natalie Rafal, Catherine Casabuanca

 

Mais qu'est-ce qu'un Bocal Agité ? C'est une aventure théâtrale en trois jours.

Le premier jour, à 9h, les auteurs (six en général) reçoivent une contrainte d'écriture.

Ils écrivent toute la journée et à 19h, ils donnent lecture du texte aux acteurs et metteurs en scène.

Les metteurs en scène décident alors quel texte chacun va monter.

Ils annoncent leurs besoins en comédiens (X hommes et X femmes), dont on tire les noms au hasard dans un grand bocal.

Le deuxième et troisième jour, les équipes répètent le spectacle dans leur coin.

En soirée, donc vers 19h le troisième jour, le public est invité à assister à la première et dernière représentation de ce spectacle unique.

Octobre 2011 : L'homme qui valait 35 milliards en Pocket

Je ne publie plus que rarement sur ce blog. Ce n'est pas que je déserte le Net, plutôt que j'écris beaucoup d'autres choses en ce moment. Un blog demande de l'attention, les romans aussi, on peut difficilement s'investir des deux côtés au même moment.

L'écriture en ligne et l'écriture en solitaire sont deux positions d'un même pendule.

L'écriture oscille d'un pôle à l'autre. Toujours en chemin entre les deux.

Mais j'avais tout de même envie de partager avec vous la couverture préparée par Pocket pour la republication en poche, en octobre 2011, de mon roman "L'homme qui valait 35 milliards".

Je l'aime beaucoup, personnellement.

Espérons que les lecteurs soient du même avis et foncent dessus en librairie !

Ancion.jpg

Quant à Lakshmi Mittal, je serais assez étonné s'il prenait le temps de relire le roman à l'occasion de la nouvelle sortie au format poche !

02/04/2011

Vases communicants : bienvenue à Arnaud Maïsetti

 

vases communicants,arnaud maisetti,échange,littérature,poésieDemain, dis-tu — il fera jour

Demain, il fera jour

Au moins, le sais-tu : il fera lentement

Tu ajoutes — plus lentement encore

Jour. Il fera même

Sur nous qui passons

De la pluie sur le jour :

Peu importe — qu’il pleuve : le jour percera, se laissera voir : on ne verra

Que lui

Et puis

Jour sur jour : la vie se laissera recouvrir sans rien dire

Par le jour.

Non pas —

Non, pas du tout

Je dis, je refuse :

Car nos silhouettes élancées loin à présent

Je les vois déjà.

Et nos mains qui se serrent, je les vois, aussi.

Je vois d’ici où je suis, ce qu’elles deviendront : et je refuse ;

Elles seules sauront résister : resteront ici et maintenant.

Je le vois, le sais ;

Il faudrait qu’un les rattrape demain ; qu’un vienne et les rattrape

Mais si loin qu’on est, déjà, demain quand tous

Aujourd’hui meurent maintenant —

Nous qui demeurons —

Demeurerons à jamais

Oui.

Demain tu le sais, ce n’est pas de temps qu’il nous faut ;

Ce n’est pas de temps en temps ignorer ce qu’il faut, je dis :

Au jour mort qui suit immédiatement celui où l’on est

À présent meurt où l’on est ; qui le sait ?

Ta silhouette élancée sur le devant des cours,

La mienne qui rejoint

Des quais à peine mouillés au bruit des fontaines d’août — dans la question :

Qui sait si nous serons demain ?

Qui sait demain si nous serons à présent toi,

Et qui sait, toi, dans la morsure des corps qui se cherchent

Tant que le noir les trouve

Tant le noir pourrait trouver une épaule une bouche où s’épandre

Dans l’ombre d’un doute :

On dit qu’à ciel ouvert la nuit parait plus longue —

Qu’une robe froissée sur le lit si défait du fleuve

Y pourrait flotter peut-être — jusqu’à demain,

Une robe froissée aux fatigues de se donner : que j’ai refusée, mais pourquoi —

Si demain il fera jour,

Oh comme tu es loin ;

Demain il fera et

Je ne le désire pas ;

Le présent où je suis compte seul ;

Où je suis, ce que nous sommes :

Car demain n’est pas sûr :

Car demain n’est jamais sûr où tu es :

Demain deviendra quelque chose comme de l’aujourd’hui mal désiré mal éprouvé ;

Non, Plus de lendemain, Braise de satin, Votre ardeur

Est le devoir !

Et votre jour ce jour qu’en ce lieu j’ai dit

Au devoir de poussière

Mordu jusqu’à ne plus sentir qu’à mordre hier qui de vous ou de moi j’ai

La chair d’un jour sans lendemain mort né d’avoir été

Perdu

Comme un corps épuisé laissé sur ce lit ouvert, comme demain

Des paumes froissées en demandant : viens ; et de l’avoir dit

Comme on demande au lendemain de s’abattre —

Qu’on en finisse —

Qu’on me donne à boire, et : des baisers de sa bouche

Pour ajouter, demander :

Demain qu'aura-t-il de moins rude ? As-tu ce terme dans ta main ?

Et vois-tu quelque certitude D'arriver jusqu'à ce demain ?

Non — quelqu’un pose sa main sur la porte sans frapper.

Je n’ouvre pas.

J’attends.

Demain viendra peut-être.

Je serai toujours là.

Il me trouvera en même place, aujourd’hui.

Et de l’autre côté de la porte

Le bruit frôlé de la main

Restera seul hors ce qui comptait sur tout, ô le désir et son refus absolu d’y céder

Pour toujours.

Alors : de la main, tout le désir d’entrer là

Demeure quand moi, je reste l’instant dans l’instant planté :

Ta silhouette élancée en mémoire de moi

Tournera lentement la clé du jour rompu

Je ne dormirai pas.

Je veillerai ce jourd’hui jusqu’à plus soif.

Demain dis tu, il aurait fait jour. Il aurait pu faire jour si je ne m’étais pas autant entêté.

Quel orgueil.

Aujourd’hui je demeure et quand tout sera parti avec toi.

Quel jour de quelle heure me faudra-t-il tuer ?

Le temps de quelle minute pour pouvoir habiter

Demain qui s’efface déjà —

 

Texte d'Arnaud Maïsetti, hébergé dans la cadre de l'opération Vases Communicants, qui propose aux blogueurs littéraires d'échanger un texte entre blogs le premier vendredi du mois.

Cherchez donc #VasesCommunicants sur Twitter pour trouver d'autres textes.

Puis visitez les carnets d'Arnaud pour lire bien d'autres textes !

Et si vous êtes paresseux, voici la liste des blogs qui ont pris part à l'opération Vases Communicants en ce 1er avril :

- Sandra Hinège http://ruelles.wordpress.com/ et Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/
- Anita Navarrete-Berbel http://sauvageana.blogspot.com/ et Christophe Sanchez http://www.fut-il.net/
- Guillaume Vissac http://www.fuirestunepulsion.net et Laurent Margantin http://www.oeuvresouvertes.net/
- Joachim Séné http://www.joachimsene.fr/txt/ et Marc Pautrel http://blog.marcpautrel.com/
- Dominique Hasselmann http://dh68.wordpress.com/ et François Bon http://www.tierslivre.net
- Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Stéphane Bataillon http://www.stephanebataillon.com/
- Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com et Benoît Vincent http://www.erohee.net/ail/chantier/
- Franck Queyraud http://flaneriequotidienne.wordpress.com et Samuel Dixneuf-Mocozet http://samdixneuf.wordpress.com/
- Anne Savelli http://www.fenetresopenspace.blogsp... et Piero Cohen-Hadria http://www.pendantleweekend.net/
- Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/ et Maryse Hache http://semenoir.typepad.fr/
- Claire Dutrait http://www.urbain-trop-urbain.fr/ et Jacques Bon http://cafcom.free.fr/
- Cécile Portier http://petiteracine.over-blog.com/ et Bertrand Redonnet http://lexildesmots.hautetfort.com/
- Isabelle Pariente-Butterlin http://yzabel2046.blogspot.com/ et Jean Prod’hom http://www.lesmarges.net/
- Christopher Selac http://christopherselac.livreaucentre.fr et Franck Thomas http://www.frth.fr/
- Morgan Riet http://cheminsbattus.wordpress.com/ et Vincent Motard-Avargues http://jedelego.free.fr/
- Marlène Tissot http://monnuage.free.fr/ et Murièle Modély http://l-oeil-bande.blogspot.com


01/04/2011

(Rond comme un ballon)

foot, poésie, écriture, littérature, nicolas ancionIl n’y a rien qui ressemble plus

À un joueur de foute

Qu’un joueur de foute

Rien qui ressemble plus à un gardien

Qu’un autre gardien ou un autre gardien

Ou un joueur de foute

Et la rumeur du stade derrière les commentaires

Est toujours identique

Quelles que soient les couleurs

Quels que soient les drapeaux

Exactement comme un poème

En noir sur la page si blanche

Ressemble à tous les autres poèmes

Et le silence est toujours le même

Entre les mots

Le froissement de la page qu’on tourne

La salive qu’on avale et la respiration

Il n’y a pas de clameur

Il n’y a pas de foule

Qui hurle pour les poètes

Et les commentateurs se taisent

Quand se tourne la page

On est toujours seul à écouter les mots

Comme le gamin perdu avec son beau ballon

Qui n’a plus qu’un copain pour jouer avec lui

C’est le mur de l’usine

08/03/2011

La solitude, c'est toujours mieux à deux

Pologne, Varsovie, poésie, Nicolas Ancion, littérature, solitudeÇa y est me revoilà assis

avec les doigts gelés

j’arrive à l’instant du froid

et je m’assieds

dans un machin qui ne bouge pas

c’est un restaurant je crois

il y a des gens attablés pas loin de moi

avec des airs de Polonais

en visite à la pizzeria

je me rends compte à quel point

ces textes sont dérisoires

pas vraiment des histoires

sans doute pas des poèmes

ma façon à moi de retenir le temps qui passe

de prendre des photos dégueulasses

avec les dents

et la mauvaise foi crasse

d’un grand enfant

j’avais envie de bouffe indienne

quelle drôle d’idée

à Varsovie

qu’à cela ne tienne

je n’en ai pas trouvé sur ma route

pourtant fort sinueuse

alors comme j’avais froid et faim

et qu’on peut mourir des deux

je suis entré au plus vite

dans ce boui-boui

fort respectable

et ça y est je suis assis

seul à ma table

on est toujours seul quand on écrit

d’ailleurs

c’est souhaitable

c’est pour ça qu’on écrit si peu

sans doute

parce que la solitude au bout du compte

c’est toujours mieux à deux

quoi qu’on raconte

07/03/2011

Dans le tram à Varsovie

tram.jpgDans le tram ça faisait longtemps

que je n’avais plus écrit dans un tram

pourtant les rails

pourtant le bruit

la pluie battant sur le carreau

c’est comme si c’était hier

c’était il y a au moins cinq ans

Bruxelles

la poésie ne colle pas du tout à

Bruxelles

(dans le tram j’écrivais des romans)

les années ont passé

dans le tram ça faisait longtemps

que je n’avais plus écrit dans un tram

ce n’est pas un drame

mais d’être ici à Varsovie

juste à côté des doubles portes

avec le vent

avec la pluie

et le sol du tram glacé

qui colle aux pieds

j’en ai les doigts tout raides

à chaque arrêt

les portes s’ouvrent

les pneus de voitures lancent

des bruits d’eau qu’on écrase

des gémissements de freins

je suis dans le tram 29

ça ne s’invente pas

tram sale en site propre

et dans la nuit qui couvre la Pologne

je rejoins une dernière fois

l’hôtel de luxe

qui m’héberge

les feux tricolores les enseignes

dédoublés dans les flaques d’eau

ponctuent le trajet rectiligne

bientôt l’hôtel bientôt le luxe

puis la très très courte nuit

avant de dormir dans l’avion

combien de poèmes reste-t-il

avant de rejoindre la maison

et de ranger mon carnet

nul ne le sait sauf mon stylo

mais il ne compte jamais

que jusqu’à un