18/07/2005
Naissance d'un gourou de Kitano
Kazuo est dans une mauvaise passe : il vient de se faire larguer, il n’a plus de boulot, et, comme ses repères ont été brouillés, il se pose des tas de questions sur le sens de l’existence et sur le rôle de dieu dans le fonctionnement de l’univers. Pourquoi est-il là et à quoi peut-il bien servir ? On pourrait dire que c’est le hasard le plus pur qui lui fait croiser coup sur coup un prospectus publicitaire pour une secte et la séance de prosélytisme d’une toute jeune religion, dans un parc public. Mais il n’en est rien, on s’en doute ; dans d’autres circonstances, le jeune Kazuo aurait poursuivi son chemin, la main serrée contre celle de sa fiancée, il serait retourné au bureau… Le voici qui s’arrête et assiste, en direct à la guérison d’une paralytique par un gourou barbu, dont les mains font des étincelles bleues et des miracles. En quelques minutes, Kazuo a rejoint le groupe des adorateurs. Il entre en religion sans trop savoir ni pourquoi ni comment et, poussé par le désir de saisir le sens des choses qui le dépassent, il va petit à petit prendre une place de choix parmi les fidèles. Mais le petit monde de la secte est loin d’être un univers de sainteté : les permanents qui entourent le gourou se saoulent au whisky ou à la bière, dépensent les dons dans des salons de massage, fréquentent de fort près certaines fidèles en perte de repères. Kazuo, sorte de Candide japonais au pays des illuminés, découvrira petit à petit les rouages qui font tourner la grande horlogerie religieuse et apprendra à ses dépens que les mystères de la foi s’expliquent bien souvent par les rapports de force entre les hommes qui les édictent. Cela ne l’empêchera pas d’occuper bientôt au sein du groupe une place unique et… inquiétante.
Takeshi Kitano a plus d’une corde à son arc : vedette des médias japonais, réalisateur de cinéma, il utilise ici le roman pour mettre en lumière la grande escroquerie des nouvelles religions, de ces groupes aux leaders charismatiques et aux adeptes naïfs, qui se lancent sur le marché de la foi à coup de marketing, de bluff et de prestidigitation. Le bouquin se dévore sans faim, les pages se tournent d’elles-mêmes tant on s’amuse à suivre cette équipe de religieux tout aussi déséquilibrés et égocentriques les uns que les autres. Le talent de l’auteur consiste à garder constamment intacte l’interrogation du lecteur : tout cela n’est-il qu’une fumisterie ou l’esprit et la foi ont-ils vraiment le pouvoir de changer les choses, de transformer les êtres ? La réponse finale de Kitano n’est certainement pas aussi claire qu’on l’attendrait. Car, si la présence de dieu ne peut être démontrée, son effet sur les hommes, lui, est indubitable. Pour le bien ou pour le mal ? A vous de lire…
Takeshi Kitano, Naissance d'un gourou, Denoël, 2005, 226 pp.
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14/07/2005
Lui aussi, il peut voyager au bout du monde
Le récit de voyage est un genre littéraire presque aussi vieux que le monde, si pas plus, peut-être, et qui a encore de beaux jours devant lui. Avec « Gringoland », Julien Blanc-Gras, qui n’aura trente ans que l’an prochain, signe un premier roman en forme de récit de voyage au goût du jour. Valentin, le jeune héros, décide sur un coup de tête, suite à la mort de sa chienne et la défonce de son téléviseur dans un accès de rage, de mettre les voiles pour de bon, de s’acheter un billet d’avion pour l’Amérique centrale. Pour le Mexique, plus précisément. Histoire d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, si les moutons qui la broutent et les barbus qui la fument ont d’autres leçons à donner que les bouffons qu’on voit à la télévision. Valentin manque de repère, aime la musique, joue de la guitare, parle espagnol et anglais, adore voyager, mais n’a pas la moindre idée de ce qui l’attend et de ce qu’il doit chercher. Il part le sac au dos et la guitare en bandoulière comme on se suicide, pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce qu’il y avait avant. En d’autres mots, pour claquer la porte au nez de la société de surconsommation, de distractions formatées, de ronron boulot, marmots, dodo. Il s’envole pour voir la réalité de près. Et il sera servi, le Valentin. Car sa route croisera celle de tous les paumés de la planète ou presque, les toxicomanes embourbés dans les hallucinogènes, les néos-babas obnubilés par la nature et les merveilles de l’univers, les natifs du coin, édentés, sans ressources, mais guère plus épanouis que les autres. Le voyage de Valentin, qui traversera le Mexique, les temples et le désert, les Etats-Unis en bus, jusqu’à Hollywood et ses apparences écœurantes, le Belize puis Cuba, ne lui fera rencontrer que des êtres tronqués, repliés, frustrés, asservi, aliénés. Sur des milliers de visages, quelques sourires à peine appartiennent à des humains épanouis. Et encore, la mort est toujours à deux pas, prête à leur tomber dessus comme un fruit mûr chute de l’arbre.
On pourrait croire que « Gringoland » est un roman désabusé misant tout sur le désenchantement du monde. Il n’en est rien ; c’est un récit léger, rapide, bourré de cynisme et de lucidité crasse, nourri de mauvaise foi et d’autodérision. Car ce qui frappe le plus dès le début du voyage, c’est à quel point le héros s’inclut dans le monde qu’il dénigre. Si l’humanité et aussi dérisoire que risible, lui-même en fait partie et ne vaut guère mieux que le reste. Tout aussi lâche, tout aussi inabouti que les autres qu’il croise. Son seul mérite, au fond, est d’oser l’avouer et de permettre, ainsi, aux lecteurs de se poser à leur tour ces questions sans réponse. Et, comme l’auteur, de les esquisser avec un sourire amusé.
Julien Blanc-Gras, Gringoland, roman, Au Diable Vauvert, 2005
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12/07/2005
Bush blessé à vélo
C'est l'agence Belga qui vient de l'annoncer en ces termes :
"George W. Bush a été mercredi victime d'un léger accident de vélo lorsqu'il est entré en collision avec un policier lors d'une promenade autour de Gleneagles où il se trouve pour le sommet du G8, a annoncé son porte-parole, précisant que le président américain s'était simplement égratigné les mains.
Selon le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, le président américain est entré en collision avec un policier qui se trouvait là pour assurer la sécurité du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement. M. Bush a été légèrement égratigné aux mains et aux bras et soigné par son médecin personnel. Le porte-parole a précisé que M. Bush allait "assez vite quand l'accident s'est produit". Il faisait du vélo depuis une heure au moment de l'accident. Selon la Maison Blanche, le policier a été transporté à l'hôpital et serait blessé à une cheville. M. Bush a néanmoins participé au dîner donné par la reine d'Angleterre Elizabeth II. (GFR)"
Ca fait plaisir d'apprendre que Bush fait du vélo. Ca fait peur de se rendre compte qu'il parvient à écraser un flic au passage...
13:45 Publié dans Vélo | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
11/07/2005
Grand Hôtel à Bruxelles
Comme il y a aura toujours des esprits chagrins pour regretter que ce qui se passe à Liège ne se passe pas à Bruxelles ou l'inverse, je signale tout de suite que mon monologue "Grand Hôtel" est programmé dans le cadre des Giboulées au Théatre de l'L à Ixelles.
Là aussi, je connais les dates.
C'est du 1er au 4 mars et du 8 au 11 mars 2006.
Si vous ne saviez pas encore quoi faire un des ces soirs-là, il est encore temps de noter tout ça dans votre agenda.
Comment, ça, vous n'avez pas encore d'agenda 2006?
23:17 Publié dans Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
Grand Hôtel à Liège
C'est au mois de novembre (décidément, tout se passe en novembre pour mon écriture), que "Grand Hôtel", le monologue que j'ai écrit l'an dernier dans le cadre du festival Enfin Seul à Ixelles sera créé à Liège. Avec Ingrid Hederscheid seule en scène et Elisabeth Ancion (oui, ma soeur) à la mise en scène. C'est dans le cadre du festival "Emulation" du Théâtre de la Place (sous la direction de Serge Rangoni) et ça se jouera au Théâtre de l'Etuve.
Je connais même les dates : c'est du 16 au 26 novembre 2005.
Ne me dites pas que vous êtes déjà pris, je ne le croirais pas.
Mais d'ici là, vous avez le temps de l'être, bien sûr.
Si vous voulez en savoir plus, voici la critique publiée par Marie Baudet dans "La Libre Belgique" du 15 octobre 2004, à l'occasion de la création du spectacle au théâtre de l'L à Ixelles:
Mademoiselle Rose, enfin seule
La Biennale du monologue, à L'L, se décline sous diverses facettes, dont les «Chantiers».
Parmi eux, «Grand hôtel», un voyage au bout des ondes, de l'humour, de la nuit.
Mademoiselle Rose, dans le studio, avec le poisson rouge. Ce n'est pas une partie de Cluedo, c'est la situation plantée par le jeune auteur liégeois Nicolas Ancion, mise en scène par sa soeur Elisabeth (on est en famille: sur le gradin du reste les Liégeois sont légion, dirait-on), investie par la comédienne Ingrid Heiderscheidt.
Une jeune femme donc déboule, l'oreille vissée à son portable. «Je dois te laisser, j'arrive au studio. Toujours en chantier, oui... mais on s'habitue.» L'attendent là ses habitudes vespérales: d'un côté le micro, le casque, la petite lampe rouge qui s'allumera quand elle prendra l'antenne, de l'autre la table de mixage. Et un peu plus: des fleurs, un cadeau, une carte qui chante. Et un peu moins: le technicien, Manu, ne viendra pas ce soir.
Ah. Mais Rose a commencé à chauffer sa voix, préparé son cocktail habituel, déjà grillé deux cigarettes. Rose est arrivée avec tant d'entrain. Rose a le virus de la radio. Rose ne renoncera pas à son émission, dût-elle jongler avec câbles, disques, conduite, jingles et curseurs. La voilà partie, embarquant l'auditeur à destination de son «Grand hôtel». Affûtant son personnage, voix chaude en bandoulière, musique originale en stock (Jarby McCoy, Ruddy Toorop, Zop Hopop), elle assure, seule - enfin seule. Elle déroule son fil rouge soyeux (voyage, luxe, exotisme), s'y prend les pieds quelquefois (le 39e épisode de «Massacre au Grand Hôtel» est introuvable), se rattrape avec les moyens du bord (soit! elle le jouera en direct), va jusqu'à le lâcher, dans une grande bouffée de liberté radiophonique.
Quant à la liberté scénique, elle s'appuie ici sur l'astuce du texte et ses épices kitsch, sur la physicalité d'une mise en scène pourtant simple, sur le punch et l'expressivité du jeu. Sur l'ensemble en somme: textuel, visuel, sonore.
Balisé «chantier» par L'L qui rappelle ainsi une de ses missions: suivre et soutenir la jeune création en train de se faire, «Grand hôtel» ne souffre pourtant guère d'inachèvement. S'il doit grandir, souhaitons lui de garder son esprit, vif et langoureux, acide et spontané.
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Faut bien que ça commence un jour
Il se fait tard. Je viens d'achever la relecture du manuscrit que j'ai envoyé la semaine dernière à mon éditeur. Je sais, on devrait relire avant d'envoyer, pas après. On ne choisit pas. J'avais très envie d'ajouter des zombies dans mon roman, comme il n'était pas encore trop tard (mais très, tout de même), je l'ai fait ce soir.
Résultat, "Dans la cité Volta" (c'est le titre) racontera donc aussi une histoire de zombies.
De loin.
Mais des zombies dans Bruxelles, ce n'est quand même pas tous les jours.
Ca tombe bien, le roman sort en novembre aux éditions CFC. Le jour des morts, peut-être?
Qui sait? ca tomberait bien.
23:05 Publié dans Livres en cours | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer