18/10/2012
Le Show et le Froid dans Trends-Tendances
Ce n'est pas tous les jours qu'on est invité à rencontrer le Manager de l'année et à dialoguer avec lui de l'avenir de l'industrie dans l'Europe qui se vide de son travail et, plus particulièrement, de la fin de la phase à chaud chez ArcelorMittal.
C'est exactement ce que m'a proposé le magazine Trends-Tendances, à la sortie d'une des représentations de "L'homme qui valait 35 milliards" au Mamac de Liège par le Collectif Mensuel.
J'ai volontiers accepté.
Voici le début de l'article :
Le Show et le Froid
«Trends-Tendances» a invité deux Liégeois au théâtre pour les forcer au débat. A droite, François Fornieri, CEO de Mithra Pharmaceuticals et Manager de l’Année 2011. A gauche, Nicolas Ancion, romancier prolifique et auteur de «L’homme qui valait 35 milliards» qui vient d’être adapté au théâtre. Précision utile: l’intrigue met en scène l’enlèvement du magnat Lakshmi Mittal par un artiste déboussolé... (Frédéric Brébant)
Pari hautement réussi par la troupe Collectif Mensuel qui joue en ce moment au théâtre l’adaptation du roman L’homme qui valait 35 milliards du Belge Nicolas Ancion. Un roman «socio-économique»
qui ose l’enlèvement spectaculaire du grand patron de l’acier Lakshmi Mittal par un artiste au chômage et ses deux acolytes dont l’un vient justement d’apprendre son licenciement du géant ArcelorMittal en terre liégeoise.
Rarement une pièce de théâtre aura été en telle connexion avec l’actualité brûlante du secteur économique.
A l’heure où les Liégeois ont définitivement tiré un trait sur la phase à chaud de leur patrimoine sidérurgique et que la phase à froid semble toujours menacée, voilà que le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Liège accueille dans ses murs cette mise en scène audacieuse qui porte la réflexion sur le capitalisme et l’avenir des cités industrielles.
Evidemment, selon que l’on soit patron ou syndicaliste, l’approche d’un tel kidnapping théâtral sera analysée avec plus ou moins de «compréhension». Et c’est précisément pour susciter le débat que Trends-Tendancesa invité au théâtre deux personnalités liégeoises aux sensibilités forcément différentes : Nicolas Ancion, auteur du roman sulfureux qui a donné naissance à la pièce en question, et François Fornieri, patron de l’entreprise Mithra Pharmaceuticals et Manager de l’Année 2011. Réactions à chaud à la sortie du spectacle...
Pour lire la suite, c'est-à-dire le dialogue entre le Manager de l'année 2011 et votre humble serviteur rendez-vous chez votre libraire !
Et pour voir le spectacle à Liège jusqu'au 3 novembre, voici le calendrier !
18:12 Publié dans Ecriture, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liège, trends, nicolas ancion, collectif mensuel, l'homme qui valait 35 milliards, françois fornieri, arcelormittal | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
05/10/2012
L'homme qui valait 35 milliards : du roman à la scène
Et voilà, nous y sommes presque : ce mardi 9 octobre 2012, après de longs mois de préparation, d'écriture et de répététitions, le Collectif Mensuel créera dans les murs du Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Liège (MAMAC) la version scénique de "L'homme qui valait 35 milliards".
Les représentations auront lieu du 9 octobre au 3 novembre à Liège, puis le spectacle tournera beaucoup, notamment à Charleroi, Courtrai, Lille, Monpellier, Turin et au Luxembourg... Tous les renseignements et le calendrier sont disponibles ici.
Pour ceux qui auraient loupé un épisode, la pièce, comme le roman, raconte comment un artiste platsicien et quelques copains kidnappent Lakshmi Mittal, le patron du groupe ArcelorMittal, pour se venger en grandeur nature de la fermeture des hauts-fourneaux à Liège et de la mise à pieds de près de 10000 personnes dans une ville déjà bien endommagée par la crise économique des quarante dernières années.
Je ne veux pas vous dévoiler ce que vous verrez sur scène, puisque je le découvrirai moi-même ce mardi soir. Je peux juste vous dire que la pièce est entièrement interprétée par trois comédiens et deux musiciens, que la musique y prend une grande place et que le cinéma s'y invite avec une projection surprise en plein milieu du spectacle. Pour vous donner un avant-goût, voici la bande annonce de la pièce :
Si vous avez envie qu'on se retrouve lors des représentations, je peux déjà vous confirmer que je serai présent au MAMAC pour les représentations du 9 au 13 octobre et du 31 octobre au 3 novembre.
En particulier, je participerait à une rencontre avec les spectateurs à la fin de la représentation du mercredi 10 octobre, pour discuter, notamment, de la façon dont l'histoire est passée du papier à la scène.
Je serai aussi là le jeudi 11 octobre pour une séance de signature du roman, organisée par la libraire Livres aux trésors, avant et après la réprésentation.
Enfin, vous pouvez déjà le noter, le jeudi 1er novembre, la représentation sera suivie par une première en Belgique : Monsieur Delagare en personne viendra chanter et triturer les textes de Burododo, tiré de Métro, boulot, dodo et d'autres recueils poétiques que j'ai pondus. Comme l'entrée est gratuite, venez nombreux écouter cela en chair et en os !
Ultime info, n'oubliez pas que le roman est plus que jamais disponible en librairie ;-)
11:35 Publié dans Ecriture, Liège, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liège, arcelormittal, lakshmi mittal, l'homme qui valait 35 milliards, roman, théâtre, pocket, collectif mensuel | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
15/06/2012
Je me numérise : première lecture en musique
Je suis en résidence d'écriture à Gare au Théâtre, à Vitry-sur-Seine, je me retrouve donc très souvent à Vitry sur scène cette année, et notamment ce lundi soir, le 18 juin, où pour la première fois on pourra entendre le texte que j'ai écrti au cours de cette belle aventure :
Je me numérise
Mise en voix, mise en musique, mise en jeu par la Compagnie de la Gare : Agnès Sighicelli à la voix et au violoncelle, Eric Récordier à la contrebasse, Aurélien Rozo à la guitare et Mustapha Aouar à tout le reste ou presque.
Comme le titre l'indique, ce spectacle introduit sur le plateau les questions que suscite la nouvelle ère dans laquelle nous avons le plaisir de nous débattre. Ne sommes-nous plus que des données numériques ? Que sommes-nous de plus que ces images de vidéosurveillance, ces infos de géolocalisations, ces tweets, ces statuts et ces données en vrac collectées dans tous les coins ? Le monde réel existe-t-il encore et quelle est sa valeur ? Sites de rencontres, sites de partage, réseaux sociaux : la solitude nous conduit-elle au numérique ou le numérique nous condamne-t-il à la solitude ?
Comme toutes ces questions sont bonnes et compliquées, les réponses sont forcément boîteuses. C'est ainsi, on ne choisit pas. On fait avec.
Venez ce lundi soir à Gare au Théâtre (RER C, arrêt Vitry-sur-Seine, le théâtre, comme son nom l'indique, est à coté des rails, ça lui permet de sortir du train-train) et réagissez de vive voix ou live tweetez si ça vous chante. Partagez ça. Répandez la bonne nouvelle : nous nous numérisons et ça ne va pas s'arrêter là.
Cette manifestation, comme l'ensemble de la résidence, bénéficie du soutien de la Région Île-de-France. Encore merci !
08:00 Publié dans Ecriture, Rencontres publiques, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas ancion, gare au théâtre, compagnie de la gare, mustapha aouar, je me numérise, théâtre, lecture | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
01/05/2012
A quoi ressemble un auteur tout nu ?
Pour répondre à la question, il faudra venir vous déshabiller dans la banlieue de Liège le week-end prochain. Ceci dit, je pense qu'un auteur nu ça ressemble parfaitement à un type de quarante ans tout nu, peu importe qu'il soit boulanger ou comptable, bouliste ou conteur professionnel.
C'est justement l'intérêt de la nudité de mettre tout le monde sur le même pied ou presque (pas les unijambistes, peut-être), ouvriers comme patrons (mais des patrons unjambistes, y en a-t-il beaucoup ?)
L'autre état qui remet tout le monde à plat (joliment utilisé par François Villon il y a bien longtemps de cela, souvenez-vous) c'est celui de squelette. Mais une photo collective d'une assemblée de squelettes est plus difficile à organiser. On reste donc sur l'idée de la tenue d'Adam (et d'Eve, vu qu'ils avaient à peu près la même).
Ce samedi 5 mai à 14h, donc, je tomberai la veste et tout le reste dans le cadre d'un tournage et d'une séance photo à Liège.
Et c'est bien le moins que je puisse faire car le film tourné servira dans le cadre de l'adaptation sur scène de mon roman : « L'homme qui valait 35 milliards ».
La scène qui sera filmée, je l'ai précisément décrire dans le roman. Elle est un peu trop longue pour que je la retranscrive ici au complet, voici juste l'ouverture de la séquence :
« Richard tend la laisse à Octavio et s'avance à grandes enjambées vers l’immense esplanade, un terrain en friche, au cœur de la ville, où une poignée d'ouvriers sont rassemblés près d'une tente kaki. Il tombe une pluie fine, légère, qui ne semble troubler personne, elle humidifie les anoraks et les vestes en jeans, les cheveux coupés courts et les capuchons colorés. Il y a quelques vieux, deux enfants, des ouvriers aux mains épaisses et au regard buté, d'autres plus fluets, l'air de manquer de tout, à commencer par la nourriture. Toledano s’approche de Richard.
– J'ai bien cru que vous n'arriveriez jamais. J'ai appelé plusieurs fois de suite sur ton portable, mais je suis chaque fois tombé sur le répondeur.
– Je n'aime pas les portables, dès que je l'allume, je le coupe. Il y a combien de personnes?
– On n'a pas compté… Une petite centaine, maximum.
– C'est très bien comme ça. Léon, tu distribues les boulons? Je mets mon appareil en place. »
Si je partage cette activité de mon agenda avec vous, c'est que l'équipe est encore à la recherche de figurants qui n'ont ni froid aux yeux ni aux fesses. Et que tout le monde est le bienvenu, sans réserve ni d'âge ni de sexe ni de quoi que ce soit d'autre...
Voici l'appel, répondez-y nombreux !
Un couscous festif, c'est meilleur quand on est nombreux !
Et n'hésitez pas à relayer l'info autour de vous. Merci !
AVIS à TOUS !!
Pour le petit film qui sera intégré à notre futur spectacle "L'homme qui valait 35 milliards" (adaptation du roman de Nicolas Ancion , récit de Richard, un plasticien liégeois,qui, en réaction à la fermeture du site Arcelor Mittal, enlève Lakshmi Mittal et lui fait réaliser des œuvres d'art ), nous cherchons toujours des personnes qui figureraient la préparation d’une photo genre Spencer Tunick (voir photo:il s'agit donc d'être nu!).
Le tournage aura lieu à Liège, sur un site privé, le samedi 5 mai, et se terminera par un grand couscous festif ! Nous offrons des invitations pour le spectacle et un tirage de LA photo (c'est Goldo qui sera notre Spencer Tunick liègeois!)
Vous devez vous inscrire à l’adresse: 35milliards@hotmail.be ou télèphoner au : 0470/60 72 90 où notre chef de file vous indiquera l'adresse, les modalités...
13:56 Publié dans Liège, Rencontres publiques, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liège, roman, film, théâtre, l'homme qui valait 35 milliards, lakshmi mittal | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
01/03/2012
On cherche des figurants nus pour l'adaptation de mon roman
Depuis ce 28 février, dans le cadre de l'adaptation de "L'homme qui valait 35 milliards" pour la scène (première en octobre 2012), un casting est organisé pour recruter :
- une cinquantaine de figurants nus pour rejouer la scène de la photo avec les ouvriers d'ArcelorMittal dévêtus qui accueillent Lakshmi Mittal à Liège (une journée de tournage début mai);
- un sosie de Lakshmi Mittal (cinq journées de tournage début mai).
Le tournage aura lieu dans la région liégeoise.
Si vous êtes intéressé(e), vous pouvez envoyer un mail à l'adresse 35milliards@hotmail.be.
Et pour en savoir plus sur la pièce et le casting, la Meuse a publié un long article ce matin, que je vous joins ici.
Bonne lecture !
11:54 Publié dans Ecriture, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lakshmi mittal, liège, arcelormittal, théâtre, collectif mensuel | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
09/12/2011
Bocal Agité : auteurs, mouillez-vous !
Frictions Urbaines- Appel à participation -le bocal agité35ème édition"Vivre la ville demain"Telle est la question posée aux auteursAlors mouillez-vous !du jeudi 19 au samedi 21 janvier 2012 |
Le Bocal Quezako ? |
Metteurs en scène, interprètes
L'aventure vous intéresse ? Alors inscrivez-vous par mail ou tel 01 55 53 22 22 - com@gareautheatre.com |
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- GARE AU THÉÂTRE 13 rue Pierre Sémard 94400 Vitry-sur-Seine 01 55 53 22 22 - contact@gareautheatre.com www.gareautheatre.com |
22:51 Publié dans Ecriture, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare au théâtre, vitry-sur-seine, théâtre, écriture | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
21/11/2011
Une Belgique sans gouvernement
A l'occasion du nouvel échec des négociations gouvernementales, je republie ici un texte écrit pour le psectacle Mensuel, qui a tourné dans les salles, il y a plus de six mois de cela...
Le texte n'a pas vraiment pris une ride, bien au contraire.
Bonne lecture, et faites tourner autour de vous si vous en avez l'envie :-)
On dit que la Belgique n'a pas de gouvernement.
Les mauvaises langues prétendent que nous détenons le record, qu'aucun pays au monde n'a mis autant de temps pour se mettre d'accord, pas même l'Irak après la guerre.
Eh bien, c'est vrai, le record du Cambodge est bien dépassé.
En 2003, le Cambodge avait tenu 353 jours et finalement formé un gouvernement avec 207 ministres !
207 ministres... ça fait rêver.
Pourquoi pas dix millions de ministres, tant qu'on y est.
Ah non : 5 millions de ministres et 5 millions de chauffeurs, pour les conduire.
Un joli gouvernement... Enfin !
Ah mais non ! La Belgique n'est pas du tout sans gouvernement.
Bien au contraire ! On n'en a jamais eu autant
Pendant toute cette crise, nous avons encore 6 gouvernements en état de marche. Gouvernement wallon, flamand, bruxellois, gouvernement de la Communauté germanophone, de la communauté flamande, de la Communauté française.
Pas de gouvernement en Belgique ? Qui a dit une bêtise pareille ?
Parce qu'en plus de ces six là, faudrait pas oublier les 10 provinces, les 589 communes, avec chacune leur petites tribunes, leurs élus et leurs chauffeurs. Et les budgets à dépenser.
Et aujourd'hui, on a aussi l'Europe, avec son Président qui est Belge, ses commissaires de tous les pays et ses lois qui pleuvent comme des retombées nucléaires.
Pas de gouvernement en Belgique ? Faut habiter très loin pour le penser !
Il n'y a juste plus de gouvernement fédéral.
Plus de chauffeur dans la locomotive mais le train roule encore.
C'est tout de même chez nous qu'est arrivé le premier train du continent, quand la Belgique était deuxième puissance mondiale. C'était le bon temps.
Depuis, on se contente de suivre les rails, en espérant qu'ils nous mènent ailleurs que dans le mur. Ou qu'on ne déraille pas bien avant...
Mais ce qu'on ne nous dit pas, c'est que la Belgique va beaucoup mieux depuis qu'elle est en affaires courantes.
Car dans tous les autres pays, quand la crise économique est arrivée, les gouvernements en ont profité pour appliquer des mesures d'austérité. Sous prétexte de relancer la machine, ils ont coupé là où ils aiment le faire :
- dans les services publics
- dans les salaires (pour améliorer la compétitivité comme ils disent alors que ça n'améliore jamais que les bénéfices)
- dans les allocations de chômage
- dans les pensions
- dans la sécurité sociale en général.
Pas un n'a pensé à réduire les cadeaux fiscaux aux entreprises, les réductions d'impôts sur les grosses fortunes...
On préfère toujours couper des petits bouts à plein de gens que quelques têtes fortunées.
Faudrait des guillotines pour ça.
Bref, ils ont coupé dans tous les services qui ne servent pas les riches...
Ils ont appliqué la recette miracle chantée d'une seule voix par l'Union Européenne, le fonds monétaire international et les redoutables agences de notation.
Et parmi tous ces bons élèves européens, ce sont les Anglais qui ont appliqué la recette avec le plus de zèle. Et ce sont eux qui se sont, du coup retrouvé avec une nouvelle crise un an plus tard.
Parce que les recettes miracles, c'est exactement comme les miracles tout court : ça n'existe pas.
Si on enlève l'aide pour les plus pauvres, ils sont encore plus pauvres, du coup ils coûtent plus cher à la société, c'est ainsi.
Plus les pauvres sont pauvres et plus les États sont pauvres aussi.
Mais la bonne nouvelle, c'est que dans notre petit pays sans gouvernement fédéral, on n'a pas pu appliquer ces coupes franches.
On avait déjà du mal à retenir qui était formateur et qui avait dit quoi sur quelle note... Alors impossible de réformer la sécurité sociale.
L'État n'a pas pu appauvrir les pauvres.
Du coup, nous sommes un des pays qui a le moins ressenti les effets de la crise.
Parce qu'il n'avait pas de gouvernement pour appliquer les réformes injustes.
Pas de gouvernement pour profiter de la crise pour accélérer la locomotive.
Pour nous rapprocher plus vite du mur où nous finirons bien par nous écraser...
Un pays sans gouvernement... n'est-ce pas finalement cela le vrai miracle ?
Pourvu que ça dure...
18:27 Publié dans À lire en ligne, Ecriture, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, gouvernement, #nogov, théâtre, mensuel, politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
18/11/2011
Je me numérise - texte préparatoire
1.0
Je me suis levé ce matin.
Je suis allé jusqu'à la salle de bain pour me raser mais mon miroir a rejeté mon mot de passe.
Il refusait d'afficher mon image.
Juste un écran vide, avec le logo de la brosse à dent et l'icône du dentifrice.
J'ai réessayé une première fois.
Même refus. J'ai recommencé encore.
Je me suis dit que j'avais peut-être laissé la touche majuscule enfoncée. J'ai cherché partout sur mon corps et je n'ai pas trouvé. J'ai voulu balancer le miroir par la fenêtre puis j'ai pensé à combien ça coûtait. Sept ans de malheur et le risque de trancher un passant en deux, dans la rue plus bas.
Il devait bien y avoir une explication.
Je m'y suis pris avec méthode. J'ai marché jusqu'au tableau électrique et j'ai coupé les plombs.
J'ai tout rebooté.
Ça n'a rien changé.
Il a fallu du temps pour que l'appartement se recharge, je voyais le paysage réapparaître peu à peu derrière les vitres.
J'ai tenté de me raser sans me voir mais ça n'a rien donné de bon.
Je me suis entaillé la joue.
Ma pensée s'est mise à dériver suivant un fil tordu, comme du sang qui s'écoule.
Puis le téléphone a coupé le fil et j'ai décroché.
C'était du télémarketing. Une jeune fille voulait me vendre des produits surgelés.
C'est toujours quelqu'un qui cherche à vendre. Sans ça, le téléphone ne sonnerait jamais.
Je ne sais même pas si elle existe, cette vendeuse de surgelés, elle m'a donné un faux nom, elle m'a lu de jolies phrases qui sonnaient creux, ce n'est pas à moi qu'elle voulait parler mais à un client, je n'avais pas envie de recommencer le coup du miroir, me sentir rejeté, j'ai commandé des légumes pour la soupe.
C'est bon la soupe. Surtout les légumes.
Il y avait une promo pour trois sachets.
J'ai pris la promo.
Je n'ai pas de congélateur.
Ce n'est pas grave, j'ai bien senti que je lui faisais plaisir en jouant les clients.
C'est comme ça qu'on joue bien. En endossant le rôle qu'on attend de nous.
Le téléphone sonne.
VOIX D'HOMME
Vous avez commandé des légumes surgelés ce matin ?
LUI
Oui
VOIX D'HOMME
Il y a un problème avec votre carte de banque. Le paiement a été rejeté.
(A SUIVRE)
Extrait de textes préparatoires à l'écriture de "Je me numérise" pour la Compagnie de la gare (Vitry-sur-Seine)
10:23 Publié dans À lire en ligne, Ecriture, Théâtre en cours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare au théa^tre, je me numérise, théâtre, écriture, littérature, 2.0 | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer