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31/10/2015

L'histoire d'un long parcours avec le Collectif Mensuel

Pour le théâtre, je n'écris jamais seul. Les spectacles naissent à chaque fois de la rencontre entre l'envie de scène d'une équipe de comédiens et l'urgence d'écrire de mon côté, par contagion, pour faire exister tout ça au plus vite. Avec le Collectif Mensuel, la collaboration rebondit ainsi depuis plus de sept ans.

 

De l'Hebdo au Mensu

 

Au tout départ, avant même que le Collectif Mensuel ne s'appelle ainsi, il y avait « L'hebdo du lundi », auquel j'assistais presque toutes les semaines et pour lequel l'équipe avait lancé un appel à texte. J'avais eu le plaisir d'écrire une minuscule séquence consacrées à la Belgique, si mes souvenirs sont bons. Je ne sais plus ce qu'il y avait dedans, au final, je ne sais même pas si j'en ai gardé la trace quelque part. Depuis cette époque, mes ordinateurs sont morts et mon adresse mail a changé plusieurs fois. L'archivage numérique n'est jamais à la hauteur de ce qu'on attend de lui.

Panique au Forem.jpg

Quand le spectacle est passé du rythme hebdomadaire à une livraison mensuelle, j'ai eu le bonheur d'écrire deux saisons d'affilée une pièce en sept parties, dont un épisode était joué dans chaque numéro du "Mensuel". Il y a ainsi eu « Panique au Forem » racontant une prise d'otage truffées de coups de théâtre, dans les bureaux de l'office pour l'emploi ; puis « Laeken-sur-Mer » et son huis clos entre les membres de la famille royale, cloîtrés dans une somptueuse villa à la Mer du Nord, assiégés par les nationalistes flamands. C'était drôle et sanglant. Je me souviens de Fabiola dans son fauteuil roulant et d'Albert et Paola manipulant du Destop pour dissoudre un cadavre.

Laeken-sur-Mer, Fabiola, Nicolas Ancion

 

À la même époque, j'ai aussi écrit les textes d'une séquence vidéo récurrente intitulée « Tonton Nicolas, raconte-nous la Belgique », qui, à chaque numéro du Mensuel, expliquait un point précis de la culture du plat pays en temps de crise. En voici un petit exemple, consacré à l'immigration.

 

De L'Hebdo du Lundi au Mensuel, la composition était restée assez semblable : écriture en prise directe sur l'actualité quelques jours avant la représentation, répétitions à l'arrache, commentaires à chaud sur les infos du moment, sketches politiques, montages vidéos bricolés, fausses interviews télé, musique en direct, gags récurrents et concours pour gagner une place gratuite. C'étaient des spectacles extraordinaires, j'en suis encore convaincu (et je le dis d'autant plus volontiers que ma contribution à tout ça était minime : les spectacles étaient presque entièrement écrits par l'équipe de comédiens). Mais le temps était venu pour le Collectif de se lancer dans de nouvelles aventures.

 

L'homme qui valait 35 milliards

 

C'est alors que Sandrine Bergot, Baptiste Isaia et Renaud Riga (le Collectif était alors stabilisé dans sa distribution définitive) ont proposé d'adapter mon roman « L'homme qui valait 35 milliards » pour la scène. Le roman faisait plus de 300 pages, il racontait l'enlèvement de Lakshmi Mittal, alors qu'aucun des trois comédiens ne pouvait facilement endosser le rôle du milliardaire indien, il contenait plusieurs histoires imbriquées et était plus bavard encore que je ne le suis en face à face avec un verre dans le nez, ce qui n'est pas peu dire...

 

Heureusement, le Collectif Mensuel a un goût immodéré pour les défis impossibles. Ils ont tout de suite ajouté qu'ils ne voulaient pas d'autres comédiens sur scène, qu'ils donneraient tout à voir à eux trois, avec le renfort de deux musiciens présents sur le plateau à leurs côtés, Quentin Halloy (qui est de l'équipée depuis le premier numéro de l'Hebdo du Lundi) et Philippe Lecrenier.

L'homme qui valait 35 milliards, Nicolas Ancion, théâtre

C'était suicidaire : c'est pour cela que j'ai été aussitôt emballé. Une fois encore, mon travail d'écriture était assez simple : l'histoire avait déjà été racontée en roman, il suffisait de sabrer dans le texte à la hache, puis de réécrire les petits bouts qui manquaient, dont une tirade interminable pour ré-insuffler un peu de la rage du roman et des traces du décor liégeois de l'intrigue. Trois années et une centaine de représentations après la première, je pense que tous les choix radicaux du Collectif Mensuel se sont révélés excellents.

 

Blockbuster

 

Nous étions occupés à plancher sur un spectacle assez intimiste, racontant une préparation de repas, à partir des thématiques de mon roman « Invisibles et remuants » (encore manuscrit, à l'époque) lorsque le Théâtre de Liège a proposé au Collectif Mensuel de jouer dans la grande salle, celle de 500 places. Il a fallu rapidement changer la direction du projet et, à partir de la même thématique, imaginer un autre rapport au public, qui permettait de caser beaucoup plus de monde d'un coup et leur proposerait quelque chose de plus... spectaculaire.

 

Et c'est là qu'a ressurgi une vieille idée du Collectif, doubler en direct au micro les dialogues d'un film connu, pour lui faire raconter tout autre chose. Idée aussi idiote qu'amusante, qui a vite dévié sur un nouveau projet, celui de construire entièrement un long métrage à partir de morceaux de plein d'autres mis bout à bout, pour raconter une tout autre histoire que celle qu'on trouve habituellement dans le cinéma hollywoodien à grand budget. L'histoire d'une insurrection. L'histoire d'un conflit ouvert entre la classe dominante et les exclus du système. L'histoire d'une révolution qui démarre.

 

C'est alors qu'il a vraiment fallu bosser, exactement comme au cinéma. Raconter d'abord l'histoire du film en deux pages très chargées, puis développer scène à scène le séquencier du long-métrage, avec des rôles précis, des scènes capitales et d'autres plus malléables.

 

Les membres du Collectif ont alors décortiqué plus de 400 films américains pour choisir quels acteurs seraient retenus pour le casting final et quelles scènes pourraient être pillées pour forger le Blockbuster dont nous rêvions. De là sont nées les premières scènes monstrueuses, montées de main de maître par Juliette Achard, à la volée, alors que nous écrivions les dialogues approximatifs qui pourraient raconter notre histoire. D'où réécriture, remontage et ainsi de suite jusqu'à ce que les images et les voix collent, même en suivant le mouvement des lèvres.

 

Pendant ce temps, deux autres écritures ont démarré en parallèle : celle de la bande originale du film, composée sur mesure (avec les contraintes de devoir être jouée en direct avec seulement deux vrais musiciens et trois comédiens en renfort), et la bande son des bruitages, avec son ballet d'objets usuels (bouillotte, seau, plastique à bulles, tiroirs et autres sonnettes de comptoir), à mettre en œuvre elle aussi à vue, sous les yeux du public, grâce aux efforts combinés des cinq acteurs et musiciens.

 

Photo Blockbuster MGM.jpg

Jusqu'à la première représentation, j'étais incapable de dire si le spectacle allait passer pour la cornichonnerie du siècle ou pour un tour de force. Le succès public depuis la première et les critiques publiées jusqu'ici me laissent penser que c'est la deuxième hypothèse qui l'emporte. Tant mieux. Ce n'était pas gagné d'avance, loin de là. Même avec plus d'une année de travail préparatoire, le Collectif Mensuel a conservé son goût pour l'improvisation, la remise en question permanente et l'humour potache, qui composent la formule magique de la plupart de leurs spectacles depuis les premiers numéros de « L'Hebdo du lundi ». Un univers dans lequel je me sens parfaitement à ma place. Même si, contrairement au membres du Collectif Mensuel, j'ai le bonheur de m'asseoir dans la salle avec le public et de profiter comme un grand gamin, du feu d'artifice qui est offert sur scène. Et à chaque fois, je me dis que c'est un véritable honneur pour moi de participer, avec quelques mots et quelques phrases, à un tsunami pareil.

 

PS : aux dernières nouvelles, « Blockbuster » sera repris au Théâtre de Liège du 29 février au 3 mars 2016, puis il sera joué au Théâtre National à Bruxelles et à l'Ancre à Charleroi, au cours de la saison 2016-2017. Il devrait également tourner en France. Plus d'info ici, dès que j'en aurai à vous communiquer.

25/09/2015

"En mille morceaux" et quelques uns de plus pour les enseignants

En mille morceaux, nicolas Ancion, couverture, mijadeLa rentrée est là et c'est le moment où les enseignants choisissent quels romans ils vont travailler en classe avec leurs élèves. Tenez, vous, par exemple, qui lisez ceci, si ça se trouve vous enseignez à des quatrièmes ou des cinquièmes secondaires en Belgique, ou dans un lycée français à des secondes ou des terminales. Et vous aimeriez proposer autre chose à vos élèves que les romans qui vous emballent depuis des années... 

Infor-Drogues a une suggestion pour vous : pourquoi ne pas faire lire "En mille morceaux" que j'ai publié aux Editions Mijade au printemps de cette année ? Hein, oui, pourquoi ?

Et ce n'est pas une bête suggestion dans le vide, c'est carrément une brochure imprimée que vous avez peut-être reçue dans votre courrier à l'école, avec des pistes pédagogiques, des propositions de séquences et d'activités pour l'exploitation du roman en classe (en cours de français, mais pas que, aussi en morale, en religion, même en biologie, si j'ai bien lu).

Le dossier, pour les plus pressés, est téléchargeable ici en PDF

infor drogues,en mille morceaux,mijade,jeunesse,roman,école,enseignement, dossier pédagogiqueComme vous le savez sans doute, le roman est déjà accompagné d'un site Internet (http://www.enmillemorceaux.be/). La brochure, réalisée grâce au soutien de Joëlle Milquet, Ministre de l'Education, de la Culture et de l'Enfance, propose d'utiliser le livre pour parler autrement des psychotropes et des assuétudes, en se penchant non pas sur les produits, comme on le fait trop souvent dans les actions de prévention, mais sur les relations sociales qui entourent la consommation des ces produits : les comportements de groupe, le besoin d'affirmation de soi ou d'appartenance au collectif.

Un fameux boulot qui, pour le petit auteur que je suis rappelle, bien heureusement, que pendant tout le temps où on écrit, on n'a absolument pas conscience de ce que l'on produit. Bien sûr, on espère creuser des pistes, ouvrir des portes, laisser deviner des réalités que les lecteurs ne percevaient pas de cette manière, mais la dernière chose que j'avais en tête en imaginant ce roman, c'est de donner des leçons.

Ca ne veut pas dire que je ne l'ai pas fait malgré moi...

Allez, zou, avant de vous quitter, je laisse le livre se défendre tout seul avec sa C4 :

« Je m’appelle Jessica et je ne suis pas dans le livre que vous tenez entre les mains… parce que je suis morte.
Ceux que vous allez rencontrer, ce sont mes potes : Léa, Phil, Karine, Erik et tous les autres. Ils continuent leur route en se demandant ce qui a bien pu m’arriver pour finir comme ça, avant même d’avoir dix-huit ans. Banal accident ou meurtre prémédité ? Maltraitance, overdose, suicide ou autre chose encore ? Malheureusement, je ne suis plus là pour répondre à leurs questions. »

23/09/2015

Dédicace au Théâtre de Liège ce 27 septembre après Blockbuster

L'hèbe, L'ours intérieur, Nicolas AncionL'automne s'annonce chaud brûlant.

Deux de mes romans arrivent en librairie : "Invisibles et remuants" chez MaelstrÖm RéEvolution et "L'ours intérieur" aux Editions de l'Hèbe.

En deux mots, L'ours intérieur a été écrit en 24h chrono au mois de juin, dans le charmant village de Charmey, en Gruyère. Que raconte ce roman, qui par un beau hasard, est le plus récent de tous ceux qui se publient en cette rentrée littéraire ?

Olivier aimerait partir en vacances le cœur léger, laissant le travail et le quotidien à la maison. Il n’a pourtant pas le choix, il va devoir finir de dessiner les planches de Zoé et Zelda dans la chambre d’hôtel, pendant que sa femme et ses deux enfants se doreront sur la plage. Il va devoir passer ses vacances à l’ombre, seul face à son ours intérieur qui le regarde d’un air mécontent. Seul face à son ours… sauf si le destin en décidait autrement.

Pour la petite histoire, Jean-Philippe Ayer et Eleonora Gualandris des éditions de l'Hèbe m'ont invité à écrire ce texte en marathon, pour fêter les vingt ans de la sortie, dans la même maison, de mon premier roman "Ciel bleu trop bleu". Et le roman est sorti en Suisse en même temps qu'était remis le PIJA, le Prix Interrégional Jeunes Auteurs, que j'ai remporté tout jeune, quand j'avais 17 et 19 ans... Tout le monde vieillit, mais le monde littéraire est tissé d'amitiés fidèles.

Et, puisqu'on parle de fidélité et d'amitiés, je suis ravi qu'Invisibles et remuants sorte chez MaelstrÖm, grâce au travail enthousiaste de Pascal Blondiau, d'abord, puis de David Giannoni et de Johan Soibinet, ensuite. Ca bouillonne en permanence chez MaelstrÖm et ce petit roman explosif y est parfaitement à sa place. De quoi est-ce que ça parle ? Mieux vaut laisser le dos du livre se présenter tout seul :

Nicolas Ancion, Invisibles et remuants, MaelstrÖm RéEvolution, roman

Deux romans, c'est déjà beaucoup, mais ce n'est pas fini. C'est aussi ce 27 septembre que le Collectif Mensuel créera au Théâtre de Liège la pièce "Blockbuster", que j'ai écrite avec toute l'équipe, à partir du roman dont on vient de parler plus haut. Le résultat est complètement fou, pille allègrement dans les grosses productions d'Hollywood pour les détourner sur scène.

Et pour relier le tout, ce dimanche 27 septembre, après la représentation de Blockbuster, je serai dans le grand hall du théâtre, à l'invitation de la librairie Livre aux trésors, pou dédicacer tout ça.

Bienvenue à toutes et tous !

Et bonne rentrée, avec ou sans bouquins.

28/06/2015

Vingt ans après, le ciel est-t-il toujours trop bleu ?

L'hèbe, ciel bleu trop bleu, Nicolas AncionIl y a vingt ans, je publiais mon premier roman, « Ciel bleu trop bleu » aux éditions de l'Hèbe, en Suisse. C'était l'un des tous premiers titres de la maison, qui a tenu le cap et construit un beau catalogue depuis, porté par l'enthousiasme inaltérable d'Eleonora Gualandris et Jean-Philippe Ayer.

 

Vingt ans plus tard, les éditeurs m'invitent dans le Val-de-Charmey (la magnifique vallée de Gruyère où ils ont établi leurs bureaux) pour écrire pendant vingt-quatre heure en direct un roman qu'ils publieront cet automne, pour la rentrée littéraire.

 

C'est mon cinquième marathon d'écriture et, après quatre villes sur trois continents, c'est la première fois que je vais écrire dans un cadre champêtre, au pied des alpages... notamment en extérieur sur la terrasse en bois brut du musée de Charmey.

 

Le cadre est monumental, la vallée aux milles nuances de vert s'étale entre les pics ensoleillés. Et pourtant, ces derniers jours, les information déversent dans nos esprits des torrents de haine, d'angoisse et de violence. Comment concilier ces deux réalités : d'un côté la force paisible d'une nature qui semble avoir traversé les siècles sans souffrir et de l'autre les attaques aveugles qui ont transformé ce début d'été en cauchemar pour des centaines de famille en Tunisie, en Angleterre, au Burundi, en France, au Koweït, comme la semaine dernière aux États-Unis et ailleurs, presque chaque jour ?

 

Comment écrire en faisant fi de tout cela ? N'est-il pas important, justement, d'y répondre ? De montrer que la littérature n'est pas en dehors du monde et du temps, mais en plein cœur, là où les choses sont compliquées et inconciliables, parce qu'elle se nourrit des contradictions, des questions sans réponse et des hypothèses indémontrables, en tenant d'esquisser une voie oblique, une ligne de fuite, une solution imaginaire à un problème si complexe que nul ne parvient à le formuler.

 

J'aimerais que les mots parviennent à tracer un étroit sentier paisible au sein du grand chaos du monde ce dimanche soir, ou plutôt d'ici lundi à 17h, quand je mettrai le point final à ce roman dont je ne sais encore rien, si ce n'est qu'il s'écrira en direct et que vous pourrez le lire ici-même, dans ce cadre :

 

Si vous avez envie de le lire, n'hésitez pas. Et si vous avez l'occasion de m'envoyer un commentaire, un petit coucou pendant la rédaction, vous me ferez le plus grand des plaisirs.

 

A très vite, qui sait ? Et bonne lecture !

06/02/2015

Premier marathon d'écriture en équipe à Berlin

Ce samedi 7 février à midi précise, sera donné le départ du marathon « La littérature sur le Ring ». Durant 24 heures, pas une de plus, pas une de moins, nous serons sept écrivains à écrire en direct, à bord des trains des lignes S41 et S42, qui tournent en rond autour de la ville.

En direct donc, car les sept textes seront accessibles sur Internet, via le site de l'opération (et mon roman, pour simplifier les choses, sera lisible dans le cadre au bas de cette note de blog).

 

Berlin, 24h chrono, marathon, roman, écriture

 

Qu'écrirons-nous exactement ?

Comme il y a sept réponses différentes à cette question (joli exemple d'homophonie, dans ce début de phrase), je ne peux vous livrer que la mienne : je n'en sais encore rien, c'est tout le plaisir.

 

Je sais juste que ce sera un roman et qu'il commencera par cette phrase :

« – J'aurais dû être poète. »

 

Si vous voulez avoir une idée de ce qu'on peut écrire en 24h chrono et vous découvrez ce blog, vous pouvez aller lire ce que j'ai raconté sur mes marathons à Bruxelles, New York et au Vietnam, avant, pendant et après.

 

Pour le reste, un peu de patience : dès demain midi, la suite sera lisible ici bas.

 

Qui sont les 7 salopards ? (ou les 7 mercenaires bénévoles)

Les voici dans le désordre :

  • Amélie Vrla (FR)

  • Nicoletta Grillo (IT)

  • Robert Klages (DE)

  • Patrick WEH Weiland (DE)

  • Nikita Afanasjew (RU)

  • Neil Jomunsi (FR)

  • ah oui, et moi aussi (BE)

Vous ne les connaissez pas ? L'occasion est parfaite de vous plonger dans leurs textes en français sur le site Littérature sur le Ring, puis d'explorer leurs textes en direct pour réviser votre allemand et rafraîchir votre italien.

 

Berlin, 24h chrono, marathon, roman, écritureQuoi d'autre ?

Demain, il devrait geler ferme toute la journée. C'est l'attente sur le quai qui sera pénible.

 

D'après ce qu'on m'a dit, le train met une heure pour revenir à son point de départ, nous pourrions donc, au mieux, faire 24 fois le tour de la ville, pendant que la terre aura accompli une seule rotation complète.

 

C'est mon quatrième défi de ce type, mais c'est la première fois :

1. que je ne serai pas seul pour écrire (à Hanoï et Ho Chi Minh Ville, deux traductrices travaillaient en direct à mes côtés, mais elles ne racontaient pas d'autres histoires) ;

2. que j'écrirai un roman complet dans un engin motorisé sur rails ;

3. que je n'aurai pas de prise électrique pour brancher mon portable (je devrai régulièrement me réfugier dans des cafés ou autres pour charger ma batterie) ;

4. que je me sentirai responsable pour les 6 inconscients qui se sont laissés entraîner à ma suite dans ce projet toujours aussi dingue et amusant.

 

J'espère que vous aurez envie de lire les textes, de les commenter, de nous envoyer des petits signes de vie à travers les réseaux sociaux.

 

Alors, si vous lisez cette note entre samedi 7 février 2015 à midi et le dimanche 8 à la même heure : plongez-vous dans le texte qui suit et envoyez des commentaires via Twitter (@nicolasancion). J'y utiliserai le mot-clef / hashtag #ringbahn et sur Facebook, sur ma page et vous y trouverez les détails pratiques pour joindre les sept auteurs d'un coup sur un vieux chat (total retro à la mode IRC 1995).

 

Et les commentaires ci-dessous sont ouverts, bien entendu. Je vous laisse, je file au lit, je dois me reposer avant la nuit blanche.

 

À demain, j'espère et bonne lecture !

 

30/09/2014

Deuxième partie du marathon au Vietnam

Ho Chi Minh Ville, Hanoi, 24h chrono, roman, marathon, écriture, performanceC'est reparti.

Ce mardi 30 septembre, de 8h à 20h, je rédige la seconde moitié du roman "Un léger vent de panique", que j'ai commencé jeudi dernier, à Hanoï. Cette fois-ci, je suis en direct de la librairie-bibliothèque-café des éditions Nha Na, à Ho Chi Minh Ville.

Comme d'habitude, le roman est lisible en direct ci-dessous et tous vos commentaires sont les bienvenus.

Envoyez-moi vos impressions, je serai ravi de vous lire pendant et après le marathon.

 

Bon amusement !

 

Et si vous cherchez la traduction vietnamienne simultanée, elle est ici :-)

Sur la photo, vous pouvez voir Nhung et Minh en plein travail pour convertir en bon vietnamien les bêtises que je raconte en mauvais frenchie.

25/09/2014

Vingt-quatre heures, c'est deux fois douze heures

Je suis au Vietnam pour fêter la sortie de la traduction en vietnamien de mon roman "Quatrième étage" (qui, puisqu'il est bien traduit, s'appelle ici "Cinquième étage", vue que le rez-de-chaussée est appelé premier, comme aux Etats-Unis - j'espère que vous avez suivi, sinon ce n'est pas grave) et j'en ai profité pour me lancer dans un nouveau marathon d'écriture.

Je rédige à nouveau un roman en 24h chrono, mais cette fois, pour varier les plaisirs, en deux fois 12 h, à Hanoï (le 25/9) et à Ho Chi Minh Ville (le 30/9).

Si vous voulez lire le roman, c'est gratuit et c'est en intégrale ici :

Amusez-vous bien et n'hésitez pas à laisser vos commentaires. Ils pourront être utiles pour l'écriture de la seconde partie.

24/06/2014

Figure d'auteur

bear.jpgLe titre n'est pas bon, je le reconnais tout de suite. Je n'ai pas envie d'en chercher un autre dans l'immédiat, désolé, c'est le contenu de cette note qui m'intéresse, pas son titre.

Et si j'écris ce matin (NdA : cette note a en réalité été écrite il y a deux ans et jamais publiée, je viens de la lire et de décider de la publier en 2014, tout colle assez bien, sauf l'allusion à ce matin, désolé, ce n'est plus le même) c'est à la suite d'une série de questions qui portent sur l'auto-édition, autour du refrain très souvent repris ces derniers temps :

« Que pensez-vous de l'auto-édition ? »

ou

« Que pensez-vous de l'édition à compte d'auteur ? »

 

Avant l'ère numérique, ma position était très claire : pas question de payer pour publier un livre. Si un éditeur demande à l'auteur de contribuer, c'est qu'il ne fait pas son métier, point final. Le débat s'arrêtait là. Par conséquent, un auteur qui acceptait le compte d'auteur ou l'auto-édition, à mes yeux, était un sous-auteur, un réprouvé ou un imbécile, soit qu'il avait été refusé partout et finissait par payer pour imprimer lui-même son texte, soit qu'il était trop bête pour comprendre la farce éditoriale dont il était le dindon.

En clair, donc :

avant, c'était très simple

Compte d'auteur = arnaque

Auteur auto-édité = pigeon

Livres auto-édités = bouquins à éviter

 

Précisons tout de même : si je méprisais complètement les ouvrages publiés par cette voie, je n'encensais pas pour autant tout ce qui était publié à compte d'éditeur, je vous rassure. Il s'imprimait bien des merdes à bon nombre d'exemplaires, là n'est pas la question, d'ailleurs

Depuis l'arrivée d'Internet et des outils de diffusion en ligne, tout cela s'est compliqué. Dès 1997, j'ai ouvert mon site (à l'époque, hébergé gratuitement sur Geocities.com, jusqu'à ce que l'hébergeur disparaisse avec tout mon contenu en ligne puis sur iBelgique.com, où l'histoire s'est répétée) et j'ai publié des textes en ligne. De fait, je m'auto-éditais pour ces textes-là. Je ne vendais rien du tout, je me contentais de diffuser, d'offrir, de partager.

Et là, tout d'un coup, ça ne m'embêtait pas d'être à la fois l'auteur et l'éditeur. Fallait surveiller l'orthographe, lire et relire, prendre de la distance et, bien entendu, tendre l'oreille pour tenir compte des commentaires des nombreux lecteurs en ligne. La masse de lecteurs remplaçait efficacement les compétences des quelques lecteurs professionnels d'une maison d'édition qui nettoient les textes avant leur publication.

Pourtant, aujourd'hui, quand je vois nombre d'auteurs publier eux-mêmes leur romans en ligne, sur Amazon, sur l'Apple Store, sur leurs sites, leurs blogs et passer leurs journées à faire de la pub sur les réseaux sociaux, je sens qu'il manque quelque chose d'essentiel.

Non, pas l'éditeur. Franchement, avec une bonne équipe coopérative (voir l'édition interdite de Crouzet, par exemple), on peut réunir les mêmes compétences pour retravailler le texte.

Non, ce qui manque, c'est la figure d'auteur.

J'ai déjà expliqué en détail qu'à mes yeux un auteur n'est pas simplement une femme ou un homme qui écrit (relisez cette note, tiens, par exemple), qu'il faut autre chose aussi.

 

Je pense surtout qu'un auteur n'est pas un vendeur de livres. Ni hier ni aujourd'hui. L'auteur est celui qui rédige le texte, qui le pense, qui le mûrit, qui le triture, qui le pétrit puis qui le polit.

Qui le lit par la suite, qui en discute, qui le défend.

Mais jamais celui qui le vend, non.

 

Les gens qui vendent des livres sont des libraires et des éditeurs.

Les auteurs écrivent des textes.

 

Les auteurs aiment les donner à lire mais ils ne sont pas là pour les commercialiser.

Cela me semble du moins incompatible avec la figure de l'auteur, ce petit conglomérat imaginaire de qualités qui constitue un écrivain à mes yeux.

Quelles qualités devrait-on y trouver ?

En vrac :

- la distance et le recul par rapport au monde ;

- le bonheur d'écrire ;

- le plaisir de discuter de mots, de langue, d'histoires, de personnages et de bouquins ;

- l'attention aux rythmes secrets qui secouent les phrases, au trébuché des mots, à la saccade des idées et au déferlement des images ;

- le goût du partage, de la discussion, de l'approximation et du paradoxe qui aident à mieux cerner l'inconnu, à apprivoiser l'inacceptable ;

- un culte infini pour les histoires et leur magie toute puissante ;

- la certitude permanente d'être un incapable qui fait de son mieux ;

- et ainsi de suite...

 

Nulle part, là-dedans, je n'ai envie de faire rentrer des compétences commerciales. Un auteur n'est pas un bon vendeur, en tout cas pas un bon vendeur de ses propres œuvres.

Autant un auteur peut me donner l'envie d'en lire un autre (rien de plus contagieux que la passion d'un auteur pour l'œuvre d'un autre écrivain), autant, l'auteur en séance d'auto-promotion, forcé de souligner son propre génie me dégoûte, me repousse, me terrifie.

L'auteur n'est pas là pour encenser son propre travail. Il est là pour douter de ce qu'il fait et tenter d'améliorer ses textes. Il ne s'engage pas à vendre davantage à chaque nouveau titre, il s'engage juste à aller plus loin plus profond et plus fort. A aller là où il n'est jamais allé lui même.

Il écrit mais ne vend pas.

Il peut partager, offrir, échanger. Pas promouvoir.

Voilà pourquoi j'ai tant de mal aujourd'hui avec les auteurs auto-édités : leurs manœuvres pour pêcher les lecteurs (pour attirer le chaland, pour accroître leur chiffre d'affaire) sont incompatibles avec l'image que je me fais d'un auteur. Elles les discréditent définitivement à mes yeux.

Arrivé au bout de cette note, je me rends compte que je ne sais toujours pas vraiment ce qu'est un auteur. Dans mon cas, c'est sans doute tout simplement quelqu'un qui parle trop.

Un bavard.

Oui, c'est ça, un bavard qui, incapable de se taire, fait passer son vice pour de la littérature.