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28/03/2009

Sans faire de bruit / Sans faire de vagues

Les Éditions de la Gare ont le plaisir de vous faire part de la sortie de presse de

« Sans faire de bruit / Sans faire de vagues »

deux pièces courtes de Nicolas Ancion

58 pages - 5 EUR

ISBN : 978-2-918254-01-0

 

Sans faire de bruit.jpg

Et, pour ceux qui suivent les trépidantes aventures du poète, sachez que la deuxième pièce contenue dans ce petit livre inclut la lecture presque intégrale du texte « Le poète fait sur scène », troisième tome des aventures du poète.

Vous n'y comprenez rien ? C'est normal et ce n'est pas grave. Rien n'est grave, en poésie et en théâtre, d'ailleurs. On n'est pas là pour se compliquer les choses, juste pour les tordre un peu.

Allez, amusez-vous bien !

PS : pour mémoire et pour les collectionneurs d'infos minuscules, ces deux textes ont été écrits lors d'une résidence à Gare au Théâtre à Vitry-sur-Seine. Et "Sans faire de bruit" a été créé dans une mise en scène de Mustapha Aoura, avec Amaya Lainez et Jorge Tomé dans les deux rôles principaux qui sont aussi les seuls.

 

26/03/2009

Pierre Kroll lit Retrouver ses facultés

Au hasard d'une recherche Google, je viens de découvrir cette vidéo de Pierre Kroll, dans le chaos de la Foire du Livre de Bruxelles (celle qu'on appelle le IN, depuis deux ans mais qui reste une foire malgré tout), sur le stand de la Communauté française, qui lit un petit bout de "retrouver ses facultés".
Cette viéd fait partir du projet Lectomaton, qui devrait être mis en ligne dans le cadre de la prochaine Fureur de lire, si j'ai bien compris. Des lecteurs viennent lire un texte qu'ils aiment, des auteurs donnent lecture d'un texte qu'ils ont écrit et, un illustrateur, du coup, fait ce dont il a envie, l'heureux homme.
Ça ne dure que 90 secondes, ce n'est pas très long, rassurez-vous.
Et merci, Pierre, pour ce gentil coup de pub !

25/03/2009

Et zou, encore une interview

Puisque les étudiants sont nombreux à passer sur ce blog à la recherche d'informations bizarres et de réponses à des questions étranges, je place ici une interview publiée ce mois dans le magazine BSC News, dans le cadre d'un numéro consacré à la nouvelle. Ça les aidera peut-être à boucler le travail qu'on leur demande dans le cadre du cours de français ? Qui sait ?

Allez, je me tais, je parle déjà assez dans les quatre pages qui suivent !

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23/03/2009

Un livre à dévorer de toute urgence (et plus tard aussi)

Tamar Drewe cover.jpgLe plus beau des dilemmes auxquels un lecteur peut être confronté n'est sans doute pas celui du Capitaine Haddock (la barbe : sur ou sous la couverture dans le lit ?), même si ce problème le tient éveillé tout une nuit, c'est d'en arriver à ce point magique dans un livre où l'on voudrait à la fois lire la suite au plus vite, tant le plaisir est intense, et ralentir la lecture pour la faire durer le plus longtemps possible. C'est un bonheur exquis et douloureux, car l'on sait que derrière ces deux solutions se cache une vérité bien plus profonde : tout livre, aussi bon soit-il, s'achève une fois la dernière page atteinte. Il faudra bien quitter l'univers doux et chaud de la fiction pour rejoindre le monde terne et froid de la réalité. Ce moment peut-être repoussé quelque peu, il ne peut pas être écarté complètement. Mais quel plaisir intense que de sentir qu'on voudrait freiner alors que la lecture s'emballe ! Il est rare, malheureusement, surtout en bande dessinée, où les pages se tournent si vite et les planches se parcourent avec si peu d'effort qu'on atteint la dernière avant d'avoir eu le temps de savourer.

Heureusement, il y a « Tamara Drewe » de Posy Simmonds. Peut-être bien la lecture la plus époustouflante, à mes yeux, de l'année 2008. Un vrai pavé, un vrai roman graphique, bourré de textes et fourmillant de personnages attachants, une vraie œuvre de littérature, qui recourt aussi bien au texte qu'aux images, aux bulles qu'aux descriptions. En bref, un roman qui ne se prive de rien et qui chouchoute ses lecteurs.

Il paraît que l'histoire s'inspire du roman « Loin de la foule déchaînée » de Thomas Hardy. Je serais bien incapable d'en juger car je n'ai pas lu ce livre. Mais ce que je peux dire est que le résultat ne sent pas le moins du monde l'adaptation, bien au contraire.

Dès les premières pages, on comprend qu'on pose les pieds dans un univers dont Posy Simmonds maîtrise les moindres recoins. On découvre, dans la campagne anglaise, Stonefield, un lieu de retraite pour écrivains, où tous ceux qui le souhaitent peuvent venir achever, en résidence paisible, leur travail de rédaction. Dans la remise, on trouve Nicholas Hardiman, auteur à succès de romans policiers, marié à Beth, la tenancière des lieux. C'est un bel homme, coureur de jupons et grande gueule. Il prend toute la place que son épouse, dévouée et discrète, laisse disponible. Le docter Glen Larson, prof d'unif et traducteur, loge et travaille dans la chambre Bateman. C'est un habitué des lieux, il est gros et barbu, son livre n'avance pas et ça l'arrange plutôt bien, il apprécie les séjours à Stonefield. Il y a encore Andy Cobb, le jardinier de la ferme bio, et quelques autres écrivains de passage... Puis, un matin, l'équilibre paisible bascule, lorsque la scène de ménage entre Nicholas et Beth éclate dans la cour de la résidence, devant témoins. Au départ de cette altercation, une histoire d'infidélité qui est loin d'être la première. Nicholas va devoir quitter les lieux et Beth maintenir le bateau à flots... Ce ne sera pas simple car voici que débarque, dans le village voisin, Tamara Drewe, jeune pipole, chroniqueuse de presse, citadine allumeuse et désinvolte, bien décidée à s'installer dans ce cadre magnifique et... paisible.

drewe7.jpgDurant plus de 130 pages, on va se passionner pour ces personnages d'écrivains timides et de campagnards maladroits, on va les regarder se débattre et s'ébattre dans les prés, dans la boue et à leur table de travail. On y ajoutera quelques jeunes du village, des téléphones portables, des couples qui se forment et se déforment, des rumeurs qui courent, des intrusions et des coups fourrés... On se régale d'un bout à l'autre, non seulement parce que le propos est croustillant mais surtout parce que la façon de le raconter, en roman aux voix multiples, où chaque personnage s'exprime tour à tour, où les mêmes faits sont racontés suivant un point de vue puis un autre, en images, en texte et en mélange des deux, est un vrai délice.

Posy Simmonds a trouvé non seulement le tempo qui convenait à son histoire, elle manie surtout avec habileté les ruptures de ton et de genre, elle passe du monologue intérieur aux scènes de pure BD, du récit rédigé dans un journal intime aux images sans paroles, du monochrome aux couleurs flashy avec une égale maîtrise.

Ajoutons à cela que le livre, épais et cartonné, avec son format presque carré et son marque-page en tissu est un très bel objet, que la traduction de Lili Sztajn est à la hauteur de la difficulté et on comprendra pourquoi, bien qu'il ne ressemble à aucun autre, ravit tous ceux qui prennent le temps de se plonger dans ses pages. Bien trop roman pour les simples amateurs de BD, bien trop BD pour les fans de littérature anglaise, il convainc tous les publics parce que c'est un vrai roman graphique, au sens plein du terme, un œuvre qui réinvente sa propre façon de raconter l'histoire sans se priver d'aucun des talents de son auteur.

Hors du commun, vraiment.

 

Posy Simmonds, « Tamara Drewe », Denoël Graphic. 134 pages - 23,50 EUR.

 

21/03/2009

Tout doit disparaître (sauf la littérature)

recto_nous_disparaissons.jpgIl faut un talent hors du commun pour se lancer dans un sujet casse-gueule et en tirer un très bon roman. Scott Heim démontre, avec « Nous disparaissons », son second roman, qu'il a la trempe et le culot nécessaires à pareille entreprise.

Le roman raconte comment Scott, le narrateur, empêtré dans sa dépendance à la méthamphétamine, quitte New York et son boulot alimentaire pour rejoindre sa mère, au fin fond du Kansas, afin de l'assister dans ses derniers jours, suite à l'avancée de sa maladie. Mais Dona, la mère, a bien changé depuis la dernière fois qu'il l'a vue. La maladie l'a affaiblie, certes, mais elle est surtout obsédée par les disparitions d'enfants qui se produisent dans tout le pays, obnubilée par la recherche de témoignages, de preuves et, qui sait, de coupables. Elle interroge les parents, visite les lieux de rapts, collectionne les coupures de presse.

Pour le lecteur belge, qui a vécu les années de comités blancs, la chasse aux sorcières et aux réseaux, la traque des magistrats et notables cachés derrière les enlèvements d'enfants, et bien d'autres formes de paranoïa collectives qui ont vicié les débats et la vie publics durant plusieurs années, jusqu'au procès définitif de Marc Dutroux, l'idée de suivre une mère et son fils dans leur quête des méchants inconnus qui s'en prennent aux enfants angéliques, même dans un texte de fiction, a tout pour déplaire. Et pourtant... une fois acceptée l'idée (si on ne l'accepte pas, on repose le roman avant même de l'ouvrir car le contexte est posé dès les premières lignes), on découvre un roman dont le sujet est tout autre, bien plus profond et touchant que la quête des coupables, porté par un couple de laissés pour compte terriblement humains.

D'un côté, il y a une mère alcoolique en rémission, cancéreuse au stade avancé, gentille et entière, dont la raison semble avoir basculé pour de bon de l'autre côté de cette fine frontière qui départage le bon sens du délire. De l'autre, un fils toxicomane, timide, mal à l'aise, excité par les produits qu'il fume ou inhale, assommé par les somnifère qu'il avale chaque soir. Une belle paire de déchets aux yeux de l'Amérique bien pensante ? Non, deux Américains comme tant d'autres, justement, en vie malgré tout, à l'instar de tous les autres personnages que l'on croise dans cet épais roman : une voisine plaquée par son mari, un gamin en fugue, des habitants du coin accueillants mais tous portés par une sorte de nonchalance dépressive, qui devrait faire peine à lire et n'inspire pourtant que de la compassion et de la sympathie.

Car il y a bien un tour de force dans l'écriture de Scott Heim, une sorte de manœuvre de prestidigitateur, qui, à partir d'un sujet sombre, voire plombant, parvient à atteindre l'essence même de ce qui fait l'espèce humaine, ce fil d'humanité qui se transmet d'une génération à l'autre, qui survit à la mort et dépasse la simple mécanique de chair et d'os ou les rapports de force qui lient les êtres entre eux. Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'épaisseur même du roman, qui ne se révèle que dans les dernières pages, quand le titre du livre se met à résonner d'une tout autre façon aux oreilles du lecteur, quand les disparitions d'enfants cèdent la place à des disparitions d'un tout autre type, moins spectaculaires sans doute, moins alarmantes et moins émotionnelles, mais probablement plus humaines, tout simplement.

L'écriture de Heim est sans fioriture, elle se borne à raconter les faits, à rendre compte du déroulement des journées, et c'est par cette objectivité précisément qu'elle parvient à rendre palpable et vertigineuse la sensation que nous aussi, un jour, nous disparaîtrons, comme tout le reste.

 

« Nous disparaissons » est un roman de Scott Heim, traduit de l'américain par Christophe Grosdidier, publié Au Diable Vauvert. Le même éditeur avait déjà publié son premier roman, « Mysterious skin », il y a quelques années. Pour les fans de détails techniques, il y a 380 pages et le bouquin coûte 23 euros, qu'on ne regrette pas.

 

 

17/03/2009

La culture c'est les toilettes

Nico.jpgLa culture, c'est les toilettes ; l'art c'est tout le reste.

Il paraît que j'ai dit ça. Il paraît que c'était devant une caméra. Il paraît qu'on peut même regarder ça en ligne sur le tout nouveau site Culture de l'Univesrité de Liège.

Je ne demande qu'à le croire, moi, mais j'ai un mal fou à regarder la vidéo depuis ma connexion bas débit intermittente (tiens, ça me rappelle que je dois payer la facture du mois dernier, j'ai tendance à les oublier, mes gentils fournisseurs d'accès intermittent). Si vous êtes mieux équipés que moi, vous pouvez toujours regarder cette jolie interview sans question, dans les toilettes du rectorat, au premier étage du bâtiment central de l'Université de Liège, juste au-dessus de la salle académique. Et si vous regardez les liens, vous pourrez également regarder le Professeur Stas, Lise Thiry et le recteur disserter sur le même sujet.

Amusez-vous bien !

 

05/03/2009

Les rendez-vous de la Foire du Livre 2009

foire-livre-bxl-_0697.jpgComme Georges Flipo l'expliquait dans une note de blog mémorable parue sur Mot compte double, quand on est dans le métier, on ne dit pas la foire du livre de Bruxelles, on dit « la Foire » tout simplement (il n'y en qu'une, on ne va pas confondre avec celle de Libramont ou avec le concurrent Batibouw, qui se déroule aux mêmes dates), de même que les Parisiens disent « le Salon » pour le Salon du Livre de Paris. De toute façon, la Foire, c'est à Tours et Taxi, au bord du canal, dans ces vieux bâtiments de dédouanement, que j'aime beaucoup, où la lumière tombe sur les livres, à travers les verrières industrielles. Il y a de l'air et de la place, sauf le dimanche après-midi, peut-être, et encore.

Ah, zut, cette année, c'est justement à ce moment-là qu'on pourra s'y retrouver.

Voici le programme, en ce qui me concerne (pour le reste, référez-vous au site de la Foire il est enfin à jour) :

  • Dimanche 8 mars à 12 h, dédicace sur le stand Mijade (pour Carrière solo).
  • Dimanche 8 mars à 14 h 30, débat « Peut-on rire de l'université ? » avec Kroll et Bernard Rentier, animé par Marc Vanesse; suivi d'une séance de dédicaces avec Kroll sur le stand des Éditions de l'Université de Liège (pour Retrouver ses facultés, bien entendu)
  • Dimanche 8 mars de 16 à 18 h, dédicace sur le stand Pocket (pour Nous sommes tous des playmobiles)
  • Lundi 9 mars à 12 h, dédicace sur le stand Mijade (pour Carrière solo).

On s'y retrouve ?

Avec plaisir !

Les Académiciens belges font preuve d'humour et d'autodérision

Palais_aca_bxl_400_300.JPGLes éminents membres de l'Académie royale de langue et de littérature ne sont pas rancuniers et le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont un sens poussé de l'autodérision. En effet, voilà que j'apprends par un joli courrier frappé du sceau de cette vénérable institution que l'Académie attribue le Prix Franz De Wever à mon recueil de nouvelles « Nous sommes tous des playmobiles ». Voilà le genre de courrier qui me réjouit !

La remise des prix aura lieu ce vendredi à 18h au Plais des Académies et je ne pourrai y être car on m'a prévenu un peu tard.

La question qui se pose, tout de même est de savoir si l'on va lire un extrait du livre primé lors de la cérémonie.

Ce serait tout de même amusant de donner en lecture un passage comme celui-ci :

« Bruxelles n'a pas bronché. Elle a dû nous voir, pourtant, enfourner notre colis gigotant dans le fourgon blanc. Elle nous a vus nous asseoir à l'avant, faire chauffer le diesel puis démarrer. Elle a sûrement remarqué qu'on allumait l'autoradio et, si elle a de bonnes oreilles, elle a pu entendre que le présentateur interrogeait l'autre guignol de notre académie locale, l'Académie Royale comme elle s'appelle. Il parlait bien un bon français bien propre, sûr qu'on pourrait le rediffuser sur France Culture le lendemain sans choquer personne. « Je suis d'autant plus inquiet au sujet de cette disparition que notre éminent Académicien effectuait le déplacement depuis Paris expressément pour participer à notre journée de débats sur le Surréalisme en France et en Belgique,... » Surréalisme mon cul. C'est pas à Bruxelles, à moins de cinq cents mètres de la Fleur en Papier Doré qu'on nous fera avaler celle-là. Tous ces costardeux du Palais des Cacadémies, ils ne l'ont jamais vu le Surréalisme. Ils ont lu ce que d'autres en ont dit, peut-être, et encore, du bout des lunettes et avec des gants de cuisine pour pas se salir les doigts. Qu'est-ce qu'ils vont nous raconter? Qu'ils viennent de s'inscrire au Parti Communiste de Belgique, qu'ils ont bouffé de la mescaline dans leur chambre à coucher avec Michaux ou qu'ils ont tué un homme pour faire comme Arrabal ? Ah, non, bien sûr, le Surréalisme, c'est un mouvement, c'est une époque. Alors ils vont nous raconter comment ils ont plié leurs petits papiers, ces si exquis cadavres que les jeunes filles aiment tant, comment ils ont osé, une fois, laisser leur stylo Mont Blanc pondre deux phrases sans véritable arrière-pensée. Allez, les charognards, radotez là-dessus, si ça vous chante, nous on vous prépare un cadavre des plus exquis. »

Peu de textes ont dû se montrer jusqu'ici aussi virulents envers l'Académie française, en tout premier lieu, et à l'endroit de sa petite sœur belge, logée rue Ducale, à quelques centaines de mètres du Palais royal. J'étais déjà très amusé que cette nouvelle, Bruxelles insurrection, qui fut téléchargée plus de dix mille fois en version PDF du temps où je la diffusais gratuitement en ligne, figure dans un recueil disponible en librairie. J'étais flatté d'apprendre que ce recueil figurait parmi les trois finaliste du Grand Prix de l'Humour noir en 2008 (en compagnie de Robbe-Grillet et de Jean-Bernard Pouy, qui a obtenu le prix) mais je suis vraiment ravi que l'Académie le couronne.

C'est vraiment la récompense la plus inattendue qui soit.

Elle me donne des idées. Pour remporter le Goncourt l'année prochaine, je vais écrire un roman sur l'hygiène de chez Drouant, les couches bio taille adulte qu'on y trouve dans les toilettes pour les cas où les délibérations s'éternisent, les coucheries entre jurés, puis je les insulterai copieusement, eux et leur fonction, avec toute la mauvaise foi dont je suis capable.

Je n'aurai peut-être pas le Prix, en fin de compte, mais je me serai bien amusé.

C'est sans doute pour cela que les Académiciens belges ont bien aimé le recueil : il est plein d'humour. Juste comme eux, au fond !

 

03/03/2009

Lysiane D'Haeyère rejoint Gaston Compère et bien d'autres

th-200x200-eperonniers_malinconi.jpg.jpgC'est la première éditrice que j'ai rencontrée, alors que j'étudiais encore à l'Université : elle était venue accompagner Rossano Rosi pour la présentation de son roman à la Librairie Pax. Petite, cheveux blancs, grandes lunettes, un caractère marqué et une propension à prendre la parole quand on ne la lui donnait pas. C'était un personnage.

Quelques années plus tard, c'est elle qui m'a fait entre dans le monde de l'édition : j'ai été, pendant près de deux ans, le seul employé des Eperonniers, sa maison d'édition, où elle poursuivait son travail de repérage d'auteurs de littérature contemporaine, toujours à Bruxelles alors que tout le monde, les médias et l'ensemble du monde littéraire en général, ne jurait que par Paris.

Dans son catalogue il y avait bien sûr les restes des Editions Jacques Antoine : André Baillon, Odilon-Jean Périer, Franz Hellens, Michel de Ghelderode... mais il y avait aussi quelques noms aujourd'hui devenus prestigieux : Henri Bauchau, François Emmanuel, Claude Javeau, Gaston Compère, Nicole Malinconi, Karel Logist... ou Liliane Wouters.

Elle adorait par-dessus tout avoir le bonheur de rencontrer un vrai auteur. Je me souviens l'avoir entendue défendre et promouvoir les textes de Denis-Louis Colaux, ceux d'Otto Ganz, la poésie de Serge Delaive et de Carl Norac, le roman de l'angolais Pepetela.

Elle était paradoxale à plus d'un titre, elle adorait les auteurs et ne les traitait pas toujours bien. On l'accusait à tort de toucher des subsides monumentaux alors que tout son patrimoine personnel a été investi à perte, année après année, dans des caisses de livres, dont beaucoup aujourd'hui prennent la poussière.

Nous nous sommes souvent pris la tête, dans notre bureau chauffé au charbon sur le site de Tour et Taxis, notre collaboration a été très houleuse sur la fin mais je sais que c'est elle qui m'a appris l'essentiel : le vrai travail du manuscrit, les fondamentaux du travail d'éditeur sur le long terme, la rage de croire que la qualité est le seul moyen d'exister sur le long terme.

Elle ajoutait à cela, du haut de ses 73 ans, une mémoire sans pareil pour l'histoire de l'édition en Belgique. Elle connaissait tout le monde, jusque dans leurs plus petits défauts. Elle ne se laissait pas avoir par la poudre aux yeux et les effets marketing qui menaçaient peu à peu d'engloutir le métier d'éditeur derrière des torrents de promotion et de publicité tapageuse.

C'était une éditrice.

Je suis fier d'avoir été son dernier employé.

 

02/03/2009

Comment faire l'interview d'un auteur sans se fatiguer

chimp_at_typewriter.jpgCe week-end, j'ai reçu en deux jours trois mails différents d'élèves qui devaient « interviewer un poète ». Le premier était une avalanche de questions, qui auraient pu aussi bien s'adresser à Alfred de Vigny ou à Maurice Carême qu'à moi, je n'ai donc pas répondu du tac-au-tac, je me suis dit que j'attaquerais ça plus tard, au calme. Mais le deuxième est du coup arrivé dans ma boîte, il était un peu plus personnel mais j'y ai reconnu, mot pour mot, quelques unes des questions qui figuraient dans le premier envoi. Ce deuxième émetteur s'excusait de devoir me presser de répondre très vite car « un premier poète, après avoir promis de répondre, venait de les laisser tomber ». Le troisième mail me demandait la permission de m'envoyer les questions, je n'ai pas attendu de les recevoir, j'ai pris mes réponses aux questions des deux premiers et je les lui ai transmises.

Du coup, je me suis fait quelques réflexions.

A l'attention des enseignants, d'abord :

  • Quel est l'intérêt de demander à plusieurs élèves d'envoyer séparément une liste de question à peu près identique à des auteurs ?

  • Quel enjeu pédagogique y a-t-il à copier-coller une liste de questions et la balancer par mail à un auteur qu'on n'a pas lu ?

Aucun, à mon avis. Les élèves feraient mieux de lire quelques textes poétiques pour savoir à qui ils s'adressent avant de poser les questions, cela me semble une leçon importante à leur apprendre. Avant de prendre contact avec quelqu'un (que ce soit pour poser des question à un auteur ou pour envoyer son CV à une entreprise, la règle est la même), on se renseigne, on lit, on s'informe (avec Internet, de nos jours, cela ne demande même pas de vrai effort de recherche, tout arrive tout seul sur l'écran en rendant visite à Google), puis on tente de montrer qu'on sait à qui on s'adresse.

A l'attention des élèves ensuite :

Si vous avez la malchance de tomber sur un enseignant maladroit et peu subtil, soyez plus malin que lui. Même si on ne vous a pas précisé de le faire en classe, prenez le temps de mieux connaître la personne à qui vous adressez vos questions. Un auteur n'est pas un moteur de recherche, on ne lui balance pas une liste de questions (dont plusieurs se recoupent et sont redondantes), à charge pour lui de faire le tri, de choisir ce à quoi il a envie ou non de répondre.

Une anecdote m'est revenue à l'esprit

Quand j'avais 17 ans, j'ai eu la chance d'accueillir Jacques-Gérard Linze dans ma classe. Avec un copain, j'ai dû partir à Bruxelles en train pour rencontrer l'auteur chez lui rien que pour préparer l'interview qu'on allait faire de lui en classe. Il va de soi qu'avant de rencontrer l'homme j'avais avalé ses livres les uns après les autres. Ça m'avait pris quelques soirées, bien sûr, et ses romans n'étaient pas les plus faciles d'accès qu'on puisse imaginer, mais quel plaisir ensuite de discuter en connaissance de cause ! Quelle impression d'entrer dans le monde des adultes, d'être d'égal à égal avec l'auteur, lui dans son rôle d'écrivain, moi dans celui du lecteur attentif et intéressé.

On m'objectera que cette anecdote se déroulait il y a vingt ans. C'est vrai. Et alors ? Rien n'a changé depuis lors dans l'enseignement, les objectifs sont à peu près identiques et les moyens à mobiliser pour y arriver également. C.'est simplement une question d'exigence vis-à-vis de soi-même, avant tout, par respect de l'autre qu'on va rencontrer.

Je ne suis pas certain d'être clair, alors je vais encore préciser ma pensée : j'adore rencontrer des élèves, la question n'est pas là. Ce n'est pas l'idée qui me choque, c'est la manière de procéder.

Je ne souhaite plus soutenir une forme de paresse qui ne fait de bien à personne, celle qui consiste à faire semblant qu'on a fait son travail alors qu'on s'est juste contenter de pousser sur deux ou trois boutons d'une machine.

Sur les trois mails reçus ce week-end, un seul avait tenté (maladroitement, mais ce n'est pas grave) de mettre les formes : de présenter le cadre du travail, l'enjeu et les raisons pour lesquelles il s'adressait à moi. Les deux autres considéraient sans doute qu'il était du devoir de l'auteur de répondre à ce genre de demande voire, pire encore, qu'il fait partie du devoir des élèves de forwarder à des auteurs une liste de question présentée par le ou la prof en classe de français. Et qu'ils avaient donc bien fait leur devoir. Quelle horreur.

Afin que ce genre d'élèves n'ait plus à se fatiguer à m'envoyer des mails, je propose donc de poster ici une liste de questions/réponses qu'on peut présenter au prof pour faire croire qu'on a fait le travail demandé.

Quant à moi, j'aurais la sensation d'avoir fait le mien.

Une fois, mais pas trois, faut pas exagérer ;-)

Après avoir écrit ceci, mais avant de le publier, je reçois un quatrième mail qui dépasse toutes les bornes :

« Je voudrais vous demander si c'était possible de m'envoyer un de vos poèmes (pour pouvoir faire une analyse complète) car sur internet je ne trouve pas de poèmes qui viennent de vous. A part un (Le mal du ùatin) mais celui-là est trop long. »

Autant vous dire que ma réponse n'a pas dû lui plaire.

Finalement, je renonce, pour le moment, à publier une liste de questions-réponses.

J'en ai assez d'être gentil et accueillant pour des élèves pareils. Je vais plutôt m'acheter un fusil et du poivre pour leur tirer aux fesses s'ils osent encore s'approcher de ma poésie... Non mais!

 

23:25 Publié dans Ecriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ecole, lycée, poésie, littérature, enseignement, interview | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer